La Forêt de Carl Schildbach, un jardin xylique
L’une des originalités de la xylothèque de Carl Schildbach est de s’enraciner dans une multiplicité de typologies de collections d’histoire naturelle.
Avec sa matière végétale issue de collectes de feuilles, fleurs, tiges, bois et écorces effectuées sur des plantes vivantes et séchées, qu’il associe à des informations consignées sur des étiquettes en papier, l’analogie avec les herbiers est évidente.
Le papier, épais, bleuté, qui habille les boîtes est d’ailleurs en tous points comparable à celui utilisé pour le montage des spécimens d’herbier de la même époque. Inventé par le médecin et botaniste Luca Ghini au début du xvie siècle en Italie, l’herbier était désigné à l’origine par le terme hortus siccus, signifiant « jardin sec » en latin. La limite de ces « jardins », cependant, est que des caractères comme l’organisation spatiale des feuilles, les couleurs des tissus, comme certaines textures des organes sont perdues lors du pressage puis du séchage. De tous temps furent associés aux herbiers des dessins et autres illustrations botaniques qui permettent de restituer ce qui disparaît lors de la mise en herbier (pour les versions en couleur) mais aussi de représenter, sur un même support, des organes observés à des échelles différentes. Ces illustrations traduisent également les différents stades, ou divers états, de la plante en fonction de la saison, ce que les herbiers, qui correspondent à la collecte d’une plante à un moment donné de son cycle de vie, ne peuvent pas représenter.
Le travail de Schildbach, sa minutie, sa maîtrise d’une multitude de techniques, permet de dépasser ces limites.
Le modelage de la cire, appelé « céroplastie », est une technique née en Italie et associée à la botanique et à la médecine depuis le xviie siècle. Cette technique permet de combler certaines des limites citées ci-dessus, au sujet des herbiers, en traduisant dimensionnalité, couleurs, brillances, etc.
Quant au tissu, dont Schildbach fait également usage, il ne s’agit pas d’un matériau commun dans l’histoire des modèles botaniques. Seuls quelques exemples peuvent être cités ; le cabinet artificiel de Madame de Genlis, constitué vers 1780, en contenait de nombreux ou encore le travail postérieur de Marie Fortier, au XIXe siècle, et peu connu aujourd’hui.
La grande originalité de la xylothèque de Schildbach est combiner ces différentes techniques et ces différentes matières, en associant naturalité et artificialité.
La lecture de l’intérieur des boîtes dans le sens horaire ainsi que la multiplicité des étiquettes confèrent une dimension pédagogique encore plus évidente à chaque élément de la série.
Extraits du texte publié dans l’ouvrage par Marc Jeanson, botaniste au Muséum national d’histoire naturelle.
Éditeur de livres d’art, nous publions un ouvrage dédié à la collection de livres-arbres de Carl Schildbach. Chaque livre-arbre a été réalisé par Carl Shildbach dans l’essence de l’arbre étudié, chaque face de ses boîtes présente le bois dans une coupe différente et, à l’intérieur de chacune d’entre elles, une scénette en trois dimensions propose la reconstitution du cycle de vie annuel de la plante.
Carl Schildbach recueille, à chaque saison, des graines, des branches, des feuilles, des écorces de chacune des plantes de la forêt dans tous leurs états. Patiemment, il assemble les éléments naturels avec du tissu ou du papier pour recréer des fleurs ou des fruits qu’il modèle dans la cire.
Soutenez le projet en pré-commandant un livre ou en contribuant au financement participatif.