Dix ans pour freiner la désertification

Madrid – Plus de 2000 experts de 191 pays se réunissent à partir du 10 septembre à Madrid sous l’égide de l’ONU pour élaborer un plan d’action sur dix ans contre les progrès de la désertification.

Ce phénomène menace deux milliards de personnes dans le monde.

Experts, responsables politiques et représentants de 800 ONG prendront part jusqu’au 14 septembre à cette VIIIe conférence internationale des 191 pays signataires de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCDD), adoptée à Paris en juin 1994.

Deux ans après la dernière réunion tenue à Nairobi, ils se sont fixé pour objectif d’identifier les priorités futures et d’adopter un «plan stratégique» d’action sur 10 ans.

Des réunions «de haut niveau» se tiendront les 12 et 13 septembre, avec la participation de ministres et de parlementaires de plusieurs pays. Une «déclaration de Madrid» sans portée juridique sera rendue publique l’issue de la conférence.

Erosion du sol

Elle portera l’accent sur «l’importance du rôle des communautés locales» et «la nécessité de créer des synergies entre les accords internationaux déjà existants sur le changement climatique, la biodiversité et la désertification» .

«Nous connaissons les raisons de l’érosion du sol et nous savons comment prévenir ce phénomène. Maintenant, il nous faut passer du savoir à l’action», a déclaré la semaine dernière la ministre espagnole de l’Environnement, Cristina Narbona. La désertification affecte actuellement directement 200 millions de personnes dans le monde, selon une étude des Nations Unies publiée en juin.

Mais au total, ce sont jusqu’à deux milliards de personnes – un tiers de la population mondiale – qui vivent dans des zones arides menacées, en Chine, en Inde, au Pakistan, en Asie Centrale, au Moyen-Orient, dans une grande partie de l’Afrique et en Amérique du Sud (Argentine, Chili, Brésil).

Espagne

L’Espagne est l’un des pays européens les plus vulnérables d’Europe. Plus d’un tiers de son territoire court «un risque significatif» de désertification, selon le ministère de l’Environnement, en particulier le sud-est rural et l’archipel des Canaries, située face aux côtes du Maroc.

«La plupart des gens n’ont pas conscience de l’impact d’un phénomène qui semble prendre de l’ampleur très rapidement», a déclaré l’auteur principal du rapport de l’ONU, Zafaar Adeel.

L’Afrique subsaharienne et l’Asie centrale sont les régions les plus vulnérables. Mais tous les continents sont touchés, souligne ce rapport, qui chiffre à 65 milliards de dollars (47,6 milliards d’euros) les pertes économiques annuelles liées à la dégradation des sols.

Migrations de masse

La désertification entraîne une diminution de la superficie des terrains cultivables et des forêts, et provoque par ricochet un appauvrissement des populations affectées. «C’est l’une des principales causes des migrations de masse», notamment d’Afrique subsaharienne vers le Maghreb et l’Europe, explique Zafaar Adeel.

Si aucune mesure n’est prise pour enrayer ce phénomène, quelque 50 millions de personnes pourraient être déplacées ces 10 prochaines années, estime l’ONU. Au plan environnemental, les tempêtes de poussière du désert de Gobi, situé entre la Chine et la Mongolie du sud, ont affecté la qualité de l’air au Japon, en Corée du sud, et jusqu’à la côte ouest des Etat-Unis, souligne Zafaar Adeel.

Les experts prônent un contrôle accru des dérives de l’agriculture (cultures intensives, pâturages surexploités, irrigation sans contrôle) et des mesures plus fortes pour protéger la végétation existante. «Cela coûte beaucoup moins cher de prévenir le problème que d’y remédier une fois qu’il s’est installé», prévient Zafaar Adeel.

SDA/ATS

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