La biodiversté de Nouvelle-Calédonie menacée
L’extinction des espèces vivantes résulte le plus souvent d’une série d’agressions dont les effets se conjuguent. Sur la Grande-Terre de Nouvelle-Calédonie, d’une diversité exceptionnelle, saura-t-on enrayer le processus déjà amorcé ?
Telle est la question posée par Michel Pascal (INRA) et Bertrand Richer de Forges (IRD) dans le numéro 384 de Pour la Science d’octobre 2009.
En 1988, pour rationaliser la politique de protection de la nature, l’écologue britannique Norman Myers introduisit le concept de « point chaud » de la diversité biologique. Son propos était d’identifier les régions du monde justifiant une attention particulière selon trois critères : leur richesse en espèces, une modeste superficie et l’importance des menaces qui planent sur leur biodiversité. Le nombre des régions concernées est limité : 18, d’après N. Myers, dont l’île principale de la Nouvelle-Calédonie, la Grande-Terre.
On peut s’étonner qu’une île de 16 300 kilomètres carrés, deux fois la superficie de la Corse, figure sur cette liste. Ce serait ignorer qu’il s’agit d’une île singulière à bien des égards. Cette singularité, elle la doit d’abord à son histoire géologique. Contrairement à la plupart des îles océaniques, telles Hawaii ou la Réunion, la Grande-Terre n’est pas d’origine volcanique. Fragment de la marge orientale du Gondwana – le supercontinent austral formé il y a 200 millions d’années -, elle s’est séparée de l’Australie à la fin du Crétacé, il y a 65 millions d’années, et n’a depuis jamais été en contact avec aucune terre émergée.
Sa flore est l’une des plus riches du monde par unité de surface. L’inventaire publié en 2001 par l’IRD de Nouméa, fait état de 3 261 espèces autochtones appartenant à 194 familles et 806 genres. Par ailleurs, les seuls végétaux supérieurs comptent 2 200 espèces, dont 80% sont endémiques et 35% ne se rencontrent que sur terrains miniers.
Les auteurs expliquent comment cet endémisme s’est construit sur l’adaptation des plantes à des sols contenant de grandes quantités de métaux toxiques (dits ultramafiques) et qui en fait l’originalité.
Face à la destruction inexorable de ces milieux par les exploitations minières, ils suggèrent de créer un concept complémentaire de celui d’aires naturelles protégée : celui d’aire « sacrifiée » à usage défini. Ces aires seraient entourées de zones tampons où l’exploitant serait tenu de réduire ses impacts dans des limites établies, de même il devrait réhabiliter les aires « sacrifiées » en fin d’exploitation.
Daniel Mathieu
1 commentaire
Ce qui est le plus étonnant dans ce drame, c’est le peu d’écho qu’il a en « métropole » et l’absence de réactions et de prises de position des ténors des mouvements écologistes, des associations naturalistes et des référents scientifiques.
D’ailleurs la situation du peuple canaque sur sa propre terre est autant ignorée.