La Linaire du Béarn

Un travail réalisé par Antonin NICOL, qui partage avec le réseau Tela son expérience autour de la Linaire du Béarn.

Un travail réalisé par Antonin NICOL, qui partage avec le réseau Tela son expérience autour de la Linaire du Béarn.

Notes sur la Linaire du Béarn – (Linaria alpina ssp benearnensis (Rouy) Kerguelen-1998)

Introduction
Au mois de mai dernier, j’interpellais l’équipe de Tela Botanica au sujet de la linaire du Béarn afin d’en obtenir la diagnose discriminante et surtout une représentation photographique. J’obtins rapidement la réponse sur la première partie de ma question. En ce qui concerne la seconde, à savoir l’existence de photographies, je n’eus point satisfaction pour la bonne et simple raison qu’à ce jour, la plante n’avait jamais été photographiée.
La linaire du Béarn, signalée dans le Haut-Ossau, région dont je suis habitant, a occupé une partie de mes préoccupations botaniques en cet été 2013 et j’ai donc entrepris de trouver le taxon décrit à l’origine par Rouy en 1909 et de le photographier.
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Rappel taxonomique et historique

Dans sa Flore de France (Année 1909), tome 11, page 78, Rouy fait état de la race béarnaise, se référant à des spécimens prélevés le 5 août 1899 dans le val du Bitet près des Eaux-Chaudes (Département des Basses-Pyrénées à l’époque), à proximité de la cascade de Sesques (NDLA. Sans doute vers 1200m).
En premier lieu, en 1899, dans la publication « Notes sur quelques plantes des Basses-Pyrénées » issue du Bulletin de l’Association française de botanique 4 :142-153, page 150, G. Rouy dénomma le taxon : « Linaria alpina L. var. gracilis Rouy ». En 1909, il modifia l’appellation taxonomique : « Linaria alpina Miller var. benearnensis Rouy ».

L’herbier de l’Université Lyon 1 a numérisé un échantillon de Rouy qui, très certainement, a fait partie du matériel original.
En 1998, Kerguelen, suivant les remarques de J. Nouviant relatives à Linaria alpina des Pyrénées occidentales, opta pour accorder le statut de sous-espèce à la race « benearnensis » établie originellement par G. Rouy.
La nouvelle combinaison et statut apparaît dans E.R.I.C.A. de mars 1998, n°10, page 14.

Linaria benearnensis
Linaria benearnensis

Descriptif

Kerguelen s’appuie sur les caractères discriminants décrit à l’origine par G. Rouy en 1899 :
« Tiges très grêles, subfiliformes, feuilles courtes, les inférieures linéaires-oblongues, les supérieures sublinéaires, fleurs et capitules au moins une fois plus petits, corolles liliacées, rocailles des hauts sommets au-dessus des Eaux-Bonnes et des Eaux-Chaudes ».

Dans ce secteur de la haute vallée d’Ossau, l’espèce-type foisonne. En ce qui concerne la sous-espèce béarnaise, on ne peut pas en dire autant, du moins si on s’attache avec sévérité à la description faite par Kerguelen et Rouy. Car, très souvent et ce jusqu’à 2100 mètres d’altitude, au-dessus de Gourette, j’ai été surpris en voyant l’espèce-type coexister avec des espèces bien plus petits et bien plus graciles, ces derniers pouvant s’apparenter à l’espèce « benearnensis ». Mais, eu égard à l’ensemble des pièces florales et à la diagnose scientifique précise, je me suis refusé ce jour-là à être affirmatif.
Par contre, sur les pieds matures que j’ai prélevés et observés minutieusement à Gourette, entre 1350 m et 1450m, en plein cœur d’août (le 18 exactement), je suis parfaitement clair. Ils épousent parfaitement la description faite par Rouy. Je joins à cette note, photos et planche d’herbier à l’appui.

Linaria benearnensis
Linaria benearnensis

Les botanistes espagnols ne veulent point atomiser le taxon alpina. Eu égard au polymorphisme reconnu de la plante, les espagnols admettent avec une certaine timidité, voire réserve, l’existence d’une seule sous-espèce, autre qu’alpina : « Linaria alpina ssp filicaulis ».
Sur ce groupe « Linaria alpina », je me suis entretenu tout récemment avec Luis Villar du CSIC de Jaca. Pour lui, le polymorphisme est tel qu’il n’y a pas lieu d’étendre la taxonomie à des sous-espèces ou variétés. Pourtant, je l’ai informé de mes observations récentes faites dans les montagnes calcaires de Panticosa, au niveau de la station de ski bien connue. Là, début août, entre 1700 et 2000 mètres, j’ai photographié des spécimens très réduits, grêles et fragiles, aux fleurs multicolores (certaines violacées, liliacées, orangées et bien sûr albinos !), qui pourraient s’apparenter à Linaria alpina ssp benearnensis ».
Pour les Pyrénées françaises, les botanistes français reconnaissent l’existence des sous-espèces alpina, filicaulis et petraea .
Les spécimens accompagnant cette note affichent une inflorescence quelque peu pauciflore et des verticilles espacés. Ces caractères discriminants sont nettement visibles sur les échantillons de l’herbier de G.Rouy.
A mon avis, il y a lieu de conserver l’existence du taxon établi par Kerguélen.

Antonin NICOL
1, rue du foirail
64440-Laruns

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Photos d’Antonin NICOL

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