Le loup, architecte du parc Yellowstone
Dans un article paru dans « Forest Ecology and Management »: Trophic cascades from wolves to alders in Yellowstone, les auteurs font la démonstration du rôle du loup dans l’évolution de la végétation arborée du parc et de ses multiples implications sur la faune.
Dans le plus vieux parc national au monde, le parc national de Yellowstone aux États-Unis, des chercheurs ont été témoins d’une des plus grandes découvertes de ces dernières décennies. En effet, ils ont pu mesurer l’impact de la réintroduction du loup au sein du parc sur la végétation des bords de cours d’eau. L’expérience est hors du commun étant donné qu’elle est menée en conditions réelles, sur un territoire qui représente presque 9 000 km2 où l’homme n’intervient pas dans la gestion des populations animales.
Les chercheurs ont évalué la croissance des aulnes le long de six cours d’eau différents. Ce développement des aulnes est cohérent avec une cascade trophique nouvelle et qui est maintenant confirmée puisque tous les aulnes le long des cours d’eau se développent depuis la réintroduction du loup. Bien que la diminution des densités d’ongulés sauvages depuis le retour du loup a certainement contribué à la réduction de la pression d’abroutissement, une modification si brutale dans la croissance des aulnes indique également un changement comportemental des ongulés suite à la prédation par les loups.
Ce changement, qui représente au final un réel bouleversement, a certainement aussi été une composante importante dans la cascade trophique qui s’en est suivie. Les résultats de cette étude démontrent que la conservation des prédateurs joue un rôle majeur dans la restauration des écosystèmes et plus particulièrement des zones rivulaires.
Un court extrait vidéo (4’33, en anglais) permet de constater en images toutes les modifications induites par le retour du loup dans le parc de Yellowstone. On peut y voir que le loup a non seulement permis à la flore de retrouver sa place au sein du parc, mais également que sa présence a redynamisé les populations de nombreuses autres espèces animales (ours, rongeurs, renards, castors, rapaces, amphibiens, reptiles…). [S.P.]
Source : Forêt Wallone
Daniel Mathieu