Quand le chien devient l’allié de l’arbre
Depuis 2001, le capricorne asiatique (Anoplophora glabripennis) est apparu en Europe. C’est l’un des ravageurs des feuillus les plus dangereux au monde. Sa large gamme d’hôte et l’absence de prédateur ou parasite naturel en font un ravageur préoccupant. On découvre constamment de nouveaux foyers de cet organisme de quarantaine en Europe. Cette espèce invasive de coléoptère est introduite avec des bois d’emballage, essentiellement des palettes dont le traitement thermique a été mal ou pas du tout effectué.
Il est essentiel de déceler à temps tout foyer d’infestation. La surveillance du longicorne asiatique, Anoplophora glabripennis dépend actuellement d’une inspection visuelle.
Des chiens ont été formés et employés pour la détection d’A. glabripennis depuis 2009 en tant que méthode complémentaire. Une formation intensive et une expérience pratique de plusieurs mois est absolument nécessaire pour permettre une bonne compréhension entre le chien et son maître dans des situations très variables et souvent difficiles.
Grâce à son flair, le chien permet une détection précoce et fiable. Il est en effet capable de reconnaître l’odeur du parasite là où une détection visuelle des symptômes n’est pas possible. La détection de l’odeur par le chien est indépendante du stade de développement de l’organisme nuisible. Ainsi, le chien permet une détection à tous les stades de l’insecte : œufs, larves et adultes. Les essais effectués avec un chien de détection ont démontré une sensibilité globale de 85 à 93% ¹ selon les tests réalisés alors qu’avec une inspection visuelle, le taux de succès est de seulement 30-33% des arbres infestés (données du Canada et de l’Allemagne) tandis qu’à partir d’une plate-forme élévatrice ou avec des grimpeurs spécialement formés, les taux de réussite sont de 57% et 64%, respectivement².
Les chiens de détection sont utilisés en Autriche, en Allemagne, en Italie, en Croatie, au Royaume-Uni, au Pays-Bas et en Suisse. Ils ont également été utilisés sur plusieurs foyers en France.
Dans tous les cas, les arbres infestés doivent être abattus et détruits. Le but principal de ces mesures est d’éliminer le foyer et d’éviter la propagation de l’insecte.
En plus d’être un outil efficace pour trouver des arbres infestés, la présence de chiens est également précieuse dans la communication auprès du public contre ce ravageur de premier ordre. Les maîtres-chiens et leurs compagnons à quatre pattes seront-ils les nouveaux collaborateurs des arboristes ?
¹ Scent detection dogs for the Asian longhorn beetle, Anoplophora glabripennis – U. Hoyer-Tomiczek, G. Sauseng and G. Hoch – Department of Forest Protection, BFW – Austrian Research Centre for Forests, Seckendorff-Gudent-Weg 8, 1131, Vienna, (Austria); Sonnenweg 1, 8403, Lebring, (Austria)
²Julius Kühn Institut, 2014
Rédigé par Isabelle Legris, cet article s’inspire d’une étude scientifique menée en Autriche sur la détection de Anoplophora glabripennis que vous pouvez consulter ici (l’article est en anglais).
L’article fait suite à l’appel à contribution sur le thème de l’arbre. Si ce thème vous inspire également, n’hésitez pas à nous faire part de vos articles à l’adresse mail suivante : apa@tela-botanica.org.
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10 commentaires
Bon, allez, encore une espèce invasive qu’on se propose d’exterminer puisqu’elle n’a pas de prédateurs ! Et si la solution c’était plutôt de lui imposer de la concurrence et de renforcer les défenses des arbres ? Mais non. L’exploitation forcenée dévaste les forêts, l’agriculture industrielle fait disparaître les insectes, et quand l’un de ces derniers pointe le bout de ses antennes, on le charge de toutes les fautes !
On a fait pareil avec l’algue Caulerpa taxifolia : « Alerte ! les herbiers de posidonies vont dispatraître ! » sauf que les herbiers étaient déjà bien mis à mal par l’immobilier délirant, la pollution de la mer et la multiplication des bateaux de plaisance … et finalement la Caulerpe a finalement trouvé son équilibre. On a fait pareil avec le frelon asiatique : « haro sur l’exterminateur d’abeilles ! » sauf que les abeilles étaient déjà bien mises mal par les pesticides et autres nuisances modernes … et d’ailleurs le frelon apprend maintenant à composer avec les mésanges, les guêpiers, et même les abeilles.
Mais on n’apprend rien. Même dans une association qui se dit naturaliste, on reproduit les discours des exploitants bas de plafond. Je suis déçue.
alors ça c’est de la réponse , cinglante mais tout à fait juste ! d’accord avec vous pour les frelons , la caulerpa etc … le pire des ravageurs c’est quand même l’homme , de plus en plus arrogant et de plus en plus bête !
Je suis vétérinaire et je me bats tous les jours contre ce délire de pesticides et autres modificateurs endocriniens qu’on pulvérise tous les jours sur nos chiens et chats et que nos enfants caressent toute le journée… haro sur les puces et les tiques …mais un chien sans puces et sans tiques ça n’existe que dans le cerveau torturé d’un ingénieur chimiste qui bosse chez Bayer ou Monsanto . Un chien vit très bien en équilibre avec quelques parasites! et depuis des millénaires !!! . fouttons leurs la paix , ils se débrouillent très bien sans nous !
Je répond à Céline. Je peux « d’un côté » vous comprendre, mais on parle d’un insecte qui a été introduit involontairement, qui n’est pas une espèce indigène et qui peut détruire des plantes et animaux endémiques protégés, voir détruire un écosystème.
Si on prend l’exemple du crapaud buffle, qui a été introduit dans les Caraïbes pour maitriser les nuisibles en agriculture. Il est malheureusement devenu une espèce très nuisible vu sa toxicité, (déjà au stade de têtard) sa voracité (mangeur d’animaux vivants ou morts) et sa rapide prolifération. Une erreur qui coûte cher aujourd’hui.
Il existe bien sur des auxiliaires comme les coccinelles qui s’attaquent aux pucerons, les larves des Syrphes qui les mangent également, les Staphylins, certains oiseaux, les petits mammifères comme les hérissons, chauves-souris etc. etc. et ils sont également d’une grande aide en agriculture.
Si il existait un concurrent au capricorne asiatique, il y a bien longtemps qu’on n’en parlerait plus, et nos feuillus n’auraient plus rien à craindre, car malheureusement, il n’y a pas de « truc » (ou même produit) pour renforcer un arbre, à part éradiquer l’animal dangereux qui le tue !
En Suisse, le capricorne asiatique a pratiquement été éradiquer (à ce jour, aucun signe de nouvelle activité du coléoptère) grâce à une longue lutte acharnée, grâce aux chiens renifleurs et aux arboristes-grimpeurs, mais il restera toujours sous surveillance.
Bonjour,
Merci à vous pour ce message.
Je suis de cet avis également, le monde change très vite et nous y participons surtout par notre esprit destructeur et dominateur. Nous voyageons et créons des liaisons entres les pays qui invitent les insectes à voyager aussi… nous voyons bien que ce que nous essayons de maîtriser nous échappe, le résultat de nos tentatives de régulation est souvent pire que le « mal » que nous dénonçons…
Si nous observions plutôt notre propre coeur et en extirpions tout désir de tuer… alors nous pourrions peut-être faire l’expérience de la Nature en coopération et comprendre ses enseignements à la manière du chamane ?…
Difficile de trop généraliser le problème des espèces introduites envahissantes, mais si l’on observe une invasion sévère menaçant des espèces ou un écosystème, on se doit d’assumer la responsabilité qui nous incombe (c’est nous qui avons introduit l’espèce) et se poser des questions sur notre rôle ici-bas et sur nos relations avec la nature.
Parfois une solution unique, avec une décision précoce, suffit à sauver les espèces et les milieux. Parfois il faut combiner plusieurs actions. Parfois il suffit de laisser la nature retrouver son équilibre par elle-même ou de l’aider juste un peu. Le délai rapide de réaction semble faire partie des éléments qui facilitent et qui augmentent l’efficacité des actions, quelles qu’elles soient.
Je suis quand même d’accord avec Cécile Lambert sur le fait que c’est toute notre organisation sociétale qui est en cause et qui favorise les introductions accidentelles et volontaires, et que cette cause est rarement remise en question. Mais devant l’urgence de certaines situations (je ne généralise pas), et dans l’incapacité de refaire le monde en quelques instants, on choisit d’agir. On choisit notre rôle de gardien de la nature et de la biodiversité (dont on fait partie). Après tout on endosse suffisamment la responsabilité de la disparition de trop nombreuses espèces. Quand il y a le feu et un risque élevé de propagation il faut l’éteindre…
amoureux des arbres et apiculteur, surpris de tant de commentaires; évidemment il faut une stratégie au cas par cas: ce capricorne ne va pas « ravager les écosystèmes », si des chiens créancés/capricorne peuvent éviter des accidents dûs à la chute des bois morts et que les suisses sont parvenus à l’éradiquer, cela vaut le coup d’essayer. les abeilles ne vont pas disparaitre à cause du frlon asiatique introduit accidentellement, les apiculteurs ont introduit « volontairement » le petit coléoptre de la ruche: Aethinia thumida/ importation d’abeilles de Floride en Calabre. la liste des plantes mellifères introduites volontairement, Berce du caucase, impatience,..ne déduane pas les apiculteurs, même si le principal parasite des ruches, Varroa jacobsini est venu à dos d’abeilles d’asie aprés passage d’Apis cerana à A mellifera.
Bravo pour ce commentaire initial.
Pour répondre à celui de Lara Perrin. Le problème exposé dans le commentaire initial est que la résilience des systèmes est très dégradée à cause du fonctionnement de notre société. C’est le point important.
Et donc intuitivement on peut émettre l’hypothèse que ce capricorne arrive à proliférer car le système est dégradé.
Après, lorsqu’un problème arrive dans un système dégradé, « quelle est la meilleure solution » est en fait une autre question, tout aussi intéressante, mais qui ne doit pas occulter la cause première.
D’autant plus qu’on peut penser, comme moi, que la meilleure solution et la seule, c’est la remise en cause de notre système, alors en attendant cette solution radicale ou une prise de conscience forcée (la catastrophe arrive très vite à l ‘échelle temporelle de la terre, mais ça paraît encore trop lent pour le temps humain ce qui fait que la prise de conscience est molle) il peut y avoir des solutions au coup par coup comme avec ces chiens.
Point positif, ça permet de faire une découverte sur de nouvelles capacités des chiens, mais ça ne résous pas le problème global.
Sinon on arrive à ces commentaires (commentaires sur une information passée relative aux études sur la disparition des insectes sur Tela-botanica et une émission à France-Culture au mois de février 2019) de scientifiques « positivistes béats » qui disent qu’ils vont trouver une solution (je schématise, mais les commentaires qu’ils font reviennent à ça, c’est à dire qu’à aucun moment le problème sociétal n’est abordé, ils ne font qu’exposer une confiance dans leur capacité à résoudre le problème).
En fait un nouveau problème produit un nouveau gisement de financement pour la recherche, d’où l’attitude positive béate…qui justifie l’énervement et la réaction qu’il faut avoir de moins en moins mesurée !!!!
La science, ou tout du moins son application et la recherche appliquée n’est vraiment pas neutre du tout. Ce qui fait les commentaires de certains scientifiques hautains qui se comportent comme les représentants d’une religion au moyen âge.
C’est désormais eux qui représentent l’obscurantisme (…ne pas oublier que j’ai mis le mot « certains »…)!!!
À Cécile Lambert, j’espère que ce commentaire ne vous décevra pas. Courage. En fait j’avais arrêté de commenter depuis un certain temps, mais lisant votre commentaire, je m’y remets pour une fois!!!
J’interviens essentiellement sur le problème du Vespa Velutina N. Introduit accidentellement, certes, mais ayant fait l’objet d’une expérimentation in vivo de la part du MNHN en général, et de Mme Claire Villement en particulier. Plusieurs années de suite, cette scientifique s’est opposée à l’éradication du VVN sur le premier perimètre infesté, puis au niveau ville, puis au niveau canton, arguant à chaque fois, les années passant, que l’hiver suivant éliminerait l’espèce. Une fois le département infesté, elle a fait courir des calomnies sur les apiculteurs, accusés d’accabler la pauvre bête, alors que leurs problèmes dataient du varroa. Argument curieusement de la même eau que celui avancé par les fabricants de désherbants et neonics. Aujourd’hui l’on contrôle varroa, pour ma part aux huiles essentielles. La diminution de la variété botanique, floristique, par contre, est le gros problème pour apis mellifera, et toutes les autres abeilles, surtout celles inféodées à 2 ou 3 plantes.
Pour en revenir au VVN, je peux vous garantir qu’aucun oiseau n’en croque ! Si c’était le cas, vous verriez des nuées de mésanges ou d’hirondelles autour des nids ! Le meilleur piège pour le VVN est la bouteille plastique avec une incision en croix, à plat, sous la ruche, et du jus de pomme. Piège sélectif. Pas d’abeilles, ni papillons ni syrphes…
Bonjour,
Ravie de voir qu’en France les chiens de détection pour la conservation de la nature ont déjà oeuvré dans le domaine arboricole. Il faut de plus en plus d’initiatives comme celles-ci, cela deviendra de toute façon incontournable. Etant moi-même entraîneur et maître de chiens de détection pour la conservation de la nature, je sais que cette spécialité n’en n’est qu’à ses prémices en France et que nous ne sommes qu’une poignée à se faire aider des chiens…et je sais aussi les performances inégalables dont font preuves les chiens en la matière!!! Une nouvelle documentation que j’archive avec plaisir. Et surtout un grand bravo à nos fidèles amis canins si merveilleux et toujours prêts à relever plus de défis!! :)))