Les collections ex situ et leur potentiel pour la restauration d’espèces éteintes
Une étude* réunissant plusieurs scientifiques européens vient de sortir sur le sujet en posant les questions suivantes: ces espèces éteintes peuvent-elles être restaurées et, dans l’affirmative, quel rôle les collections de plantes ex situ (jardins botaniques, banques de graines, herbiers) peuvent-elles jouer dans le rétablissement de la diversité génétique des plantes?
La littérature a été passée en revue pour évaluer la faisabilité de la récupération de la diversité génétique végétale perdue en utilisant du matériel ex situ et la probabilité de survie des transplantations ultérieures. Treize tentatives de récupération d’espèces éteintes à l’état sauvage ont été recensées, la plupart utilisant du matériel conservé dans des jardins botaniques et des banques de graines. Un seul cas de population localement disparue ressuscitée à partir de matériel d’herbier a été recensé. Huit (60%) de ces cas ont réussi ou partiellement réussi le repeuplement de l’espèce ou de la population cible; les cinq autres ont échoué ou il est encore trop tôt pour déterminer le résultat.
Les facteurs limitant l’utilisation de matériel ex situ pour la restauration de la diversité génétique des plantes à l’état sauvage sont notamment la rareté du matériel source, la faible viabilité et la longévité réduite du matériel, la faible diversité génétique, l’absence d’évolution (en particulier pour le matériel stocké dans les banques de gènes et les herbiers) et les facteurs socio-économiques. Toutefois, les pratiques modernes de récolte de matériel offrent des opportunités pour optimiser la conservation des plantes dans le futur, grâce à l’amélioration des protocoles de collecte et des conditions de culture et de stockage.
Les résultats suggèrent que tous les types de collections ex situ peuvent contribuer efficacement à la conservation des espèces végétales à condition que leur utilisation soit éclairée par une compréhension approfondie des problèmes précités. Les scientifiques concluent que la résurrection d’espèces végétales actuellement classées comme éteintes dans la nature est loin d’être garantie à 100 % et que la possibilité d’une réintroduction réussie ne doit pas être envisagée pour justifier une conservation in situ insuffisante.
* Abeli T., Dalrymple S., Godefroid S., Mondoni A., Müller J.V., Rossi G., Orsenigo S. 2020. Ex situ collections and their potential for the restoration of extinct plants. Conservation Biology 34: 303-313. https://doi.org/10.1111/cobi.13391