La caméline alysson, une espèce présumée éteinte en France et retrouvée en juin 2020 avec le protocole Vigie-flore
La caméline alysson, présumée éteinte, a été retrouvée et inventoriée cette année dans le cadre du programme Vigie-flore au sein d'une placette de la maille de Raizeux (Yvelines 78).
La
caméline alysson,
Camelina sativa, est une « espèce commensale des cultures de lin, certainement cultivée en mélange avec le lin oléagineux au Néolithique, puis qui a probablement persisté dans les mélanges de graines anciens. La certification des semences obligatoire a signé son arrêt de mort » (Jauzein & Nawrot 2011, Flore d’île-de-France). Celle-ci, présumée éteinte sur le territoire français (une note de Tela Botanica en a récemment fait l’objet,
disponible ici), a été retrouvée et inventoriée dans le cadre du programme Vigie-flore au sein d’une placette de la maille de Raizeux (Yvelines 78), dans un champ de blé dur le 10 juin 2020.
Camelina sativa (Grégoire Loïs)
Voir aussi les images d’eFlore ici.
Paysage agricole de la maille Vigie-flore de Raizeux (Gabrielle Martin)
Le suivi de la flore sauvage de France Vigie-flore a pour objet d’évaluer les changements de composition des communautés et changements d’abondances des espèces communes au cours du temps et de comprendre les impacts des activités humaines sur la flore sauvage de France. Pour cela, un peu plus de 350 botanistes amateurs et professionnels participent au suivi Vigie-flore dans toute la France en envoyant des données d’observation de la flore sauvage au sein des mailles prédéfinies qu’ils auront choisies. La pré-définition des mailles garantit l’échantillonnage systématique de la flore sauvage. Bien que Vigie-flore soit avant tout conçu pour étudier la flore commune, cet évènement montre qu’il est aussi possible de retrouver des espèces disparues avec l’échantillonnage des mailles proposé, notamment parce que les observateurs vont dans des milieux un peu délaissés par les botanistes.
Schéma représentant la maille (unité d'échantillonnage du protocole Vigie-flore), les placettes et les quadrats associés.
Si vous souhaitez vous impliquer dans le suivi de la flore sauvage de France Vigie-flore pour participer à l’évaluation des impacts des activités humaines sur la flore sauvage et contribuer par ce biais à influencer les politiques de conservation de la biodiversité, vous pourrez vous inscrire sur le
site de Vigie-Flore (encadré « participez »).
L’équipe Vigie-flore
7 commentaires
Bonjour,
Pour corriger votre information sur le retour de l’observation de cette espèce en France
Retrouvée en 2016 en Indre-et-Loire – Découvreur Florient DESMOULINS
https://science.mnhn.fr/institution/mnhn/collection/p/item/p01156054
Est-ce la même Caméline que celle qui est cultivée, en association avec les lentilles, pour son huile?
Merci!
C’est bien elle qui a été cultivée. Je ne sais pas si elle l’est encore.
Sachant qu’elle est largement cultivée, qu’est‐ce qui nous indique que cet individu était issu de la flore sauvage plutôt qu’une simple échappée des cultures ?
Ensuite, va‐t‐elle résister aux travaux des champs pour se maintenir d’une année à l’autre ?
Non, celle qui est cultivée est sativa. Alyssum est une messicole, qui était historiquement dans les champs de lin, mais n’avait pas été revue depuis très longtemps
Excellente nouvelle pour la biodiversité francilienne et pour les sciences participatives qui prouvent encore une fois leur intérêt en science de la conservation.
Bravo à Vigie-flore et à tous ses observateurs et toutes ses observatrices!
N’est ce pas un espèce accidentelle, présente exclusivement dans des milieux artificialisés et qui ne se maintient pas dans ses stations ?
Certains conservatoires botaniques les notent mais ne les prennent pas vraiment en compte dans leurs inventaires (elles ne figurent pas dans leurs bases de données), même si elles réapparaissent dans le même département à plusieurs dizaines d’années d’écart au hasard de réintroductions.
Exemples pour être plus concret :
Scrophularia peregrina en Vendée, deux observations en 50 ans
Chenopodium schraderianum dans le Loiret, deux observations en un siècle
Dans les deux cas, espèces présentes uniquement dans des milieux artificialisés, loin de leur aire d’origine, ayant pour caractéristiques une forte fréquentation piétonne (chemin d’accès aux plages, chemin d’accès à un pont)