Les Plantes du chaos. Et si les pestes végétales étaient des alliées ?

LIVRE/ Qui n'a jamais été épaté par la capacité qu'ont les plantes dites envahissantes à coloniser les milieux les plus hostiles et les plus dégradés par les activités humaines ? Sont-elles vraiment la cause d'une perte de biodiversité, ou bien contribuent-elles vaille que vaille à maintenir des écosystèmes ? Si vous vous posez ces questions, ce livre est pour vous.

Nous les avons importées d’Asie, d’Amérique ou d’Afrique dans la frénésie qui était la nôtre d’exploiter la planète et de commercer. Très vite, elles ont prospéré avec une vitalité stupéfiante dans nos milieux ravagés par l’urbanisation et artificialisés par tous les « aménagements » agricoles et industriels.

Maintenant, on les qualifie d’invasives, voire de dangereuses, et il faut les arracher, parfois les détruire. Ces herbes du diable, ces fleurs du mal – autant de surnoms dont on les a affublées au fil des années alors qu’en même temps on créait les conditions idéales de leur propagation et de leur mutation –deviennent les boucs émissaires pour expliquer le désordre environnemental et nos angoisses qui en découlent : pollution atmosphérique, raréfaction d’eau douce, et tant d’autres dangers que nous connaissons actuellement. Jussie, ailante, ambroisie, arbre aux papillons, renouée du Japon, armoise, pour ne nommer que celles-là, sont-elles vraiment des pestes végétales ?

Thierry Thévenin nous invite à comprendre les raisons de leur arrivée et de leur extension, à découvrir les bienfaits qu’elles nous apportent et à nous émerveiller de l’interaction positive qu’elles établissent avec nos écosystèmes à bout de souffle. Et si ces pestes étrangères pouvaient nous aider à panser les plaies de nos actes les plus désastreux ? L’auteur nous apprend à changer le regard que nous portons sur elles, à voir leur beauté et, pourquoi pas, à en faire nos alliées, dans une nouvelle relation au chaos dont elles témoignent.

L'auteur

Thierry Thévenin est producteur de plantes médicinales, herboriste et formateur. Il est cofondateur de Vieilles racines & jeunes pousses.

Jacky Jousson est illustrateur et peintre naturaliste. Il est membre, depuis sa création en 2011, de la Société française d’illustration botanique (SFIB).

Informations pratiques

Titre de l'ouvrage : Les Plantes du chaos. Et si les pestes végétales étaient des alliées ?
Auteur(s) : Thierry Thévenin
Éditions, date de publication : Lucien Souny, 2021
Nombre de pages : 126 p.
ISBN : 978-2-84886-875-2
Prix indicatif : 17 €

Comment se procurer l'ouvrage ?

6 commentaires

  1. Je remarque qu’à chaque fois qu’on essaie de généraliser au sujet des espèces introduites à comportement « hyper colonisateur » on tombe dans des interprétations erronées. Seule l’approche au cas par cas me parait objective. Vouloir à tout prix les diaboliser, ou au contraire ne voir que des « alliées » semble suivre la logique dualiste et conflictuelle qui colle à la conscience humaine.

  2. Tout d’abord, comme disait Mao Tse Toung, quand un bâton est tordu dans un sens, il faut le tordre dans l’autre pour le redresser. Actuellement, la doxa est de lutter à tout prix (ou prétendre lutter) contre les envahissantes. Ce livre propose simplement un autre regard.

    Y a-t-il d’ailleurs une approche « objective » ? Toutes nos approches sont fondées sur les idées que nous nous faisons sur la nature. Avant, nous gérions nos jardins, maintenant, nous voulons gérer toute la nature. Il est vrai que c’est tentant, vu toutes les pressions humaines.

    Et puis il y a cette idée qui me gêne, qu’il y aurait une « bonne » biodiversité bien de chez nous (les « archéophytes ») et une mauvaise (les « néophytes »). Cela m’évoque certains débats concernant l’espèce humaine.

    Cela dit, là où je vous rejoins, c’est sur « l’approche au cas par cas », ou plutôt milieu par milieu. Il est certain que les milieux insulaires tropicaux, par exemple, sont bien plus vulnérables. Mais le livre ne porte pas sur ces milieux. J’imagine mal Thierry faire l’éloge de Miconia calvescens ou de Schinus terebinthifolius.

    1. Bonjour
      J’ai simplement essayé à travers ses douze portraits de métropole voulu montrer à quel point ces espèces font miroir à nos activités dévastatrices.
      J’ai l’impression qu’avec la lutte contre les invasives on a bien souvent tendance à « tirer sur l’ambulance » !

      Je veux défendre la liberté des plantes, de circuler comme elles l’ont toujours fait sur la planète, sans autres frontières ni limites que leur propre biologie.

      enfin, je n’ai pas été exhaustif dans ce livre, car il y a bien deux autres plantes « invasives » qui depuis quelques années ou décennies prennent la place, à une échelle ô combien supérieure, des écosystèmes traditionnels (landes et prairies permanentes) de ma région du Limousin : ce sont le Douglas et le maïs.

  3. Bonjour,

    Quel plaisir de lire ces échanges intéressants et la réponse de Thierry Thévenin. La remarque o combien pertinente sur le douglas et le maïs m’a bien fait rire (jaune…).
    C’est un problème tellement complexe qu’il est difficile d’y voir clair, il y a de toute façon une part d’interprétation personnelle. Nous n’avons pas idée des conséquences que les invasives vont avoir. En formation de BTS Gestion et Protection de la Nature, on m’a enseigné cette approche très binaire dénoncée ici : les invasives c’est mal, il faut faire des chantiers pour les éradiquer. Il a fallu que je rencontre mon professeur de botanique de l’ELPM pour avoir un autre son de cloche sur le fait qu’une fois installée, ces plantes (ou animaux) ne sont pas éradiquables donc il faut composer avec.

    Un des grands arguments contre les invasives est la perte de biodiversité. Ceci étant, il est intéressant de voir que l’on a une approche quantitative de celle-ci mais pourtant… un écosystème équilibré en climax comporte très peu d’espèces. En montagne, on a des espèces de prairies parce qu’il y a du pâturage et beaucoup se lamentent de la fermeture des milieux qui est pourtant un processus naturel. Avoir beaucoup d’espèces n’est pas forcément le mieux dans la nature, le quantitatif, c’est un point de vue humain (capitaliste ?!) ce qui prime, c’est l’équilibre.
    Il y a une vraie perturbation des milieux par les invasives parfois dramatique sur le plan économique et social en sus. Ce qui me chagrine le plus est le cas des espèces qui arrivent sur les îles riches en espèces endémiques (à la Réunion, entre autre, avec les conséquences désastreuses sur la production de miel, il a été introduit un insecte prédateur d’une plante invasive… qui s’est aussi avéré invasif et s’attaque à des plantes locales).
    On ne peut pas nier non plus que les équilibres des écosystèmes sont fragiles et que les invasives peuvent les faire s’effondrer entièrement.
    Maintenant, il y a effectivement une lueur à y voir. La nature a horreur du vide et sur du long terme, les invasives font forcément avoir des prédateurs ou une régulation. Sur des écosystèmes dévastées, ce sont les pionnières qui permettent d’apporter des changements qui vont rééquilibrer les choses et les invasives sont par excellence des pionnières. Les croisements, les apports génétiques, la différence est toujours source d’adaptation dans la nature, qui sait si ce ne sont donc pas ces espèces, résistantes, pionnières, extrêmement adaptables, qui vont sauver les écosystèmes à terme ? Certains biologistes sont très enthousiastes devant ce melting-pot mondial qui n’a pas eu lieu depuis la séparation de la Pangée (ça date un peu…).
    Donc oui, je pense qu’il n’y a pas d’approche objective de la Nature, ni aucun modèle assez puissant pour envisager les conséquences. Il est en tout cas très intéressant d’avoir un son de cloche différent devant la diabolisation des invasives. Je lirai donc le livre avec attention !
    Et s’il y a qqc de bien plus grave, c’est effectivement l’agriculture intensive et ses monocultures qui bousillent les sols et prennent un espace exponentiel, plus que les espèces invasives. On ferait mieux de se concentrer sur ses problèmes là. Les champs de maïs du Gers, la Beauce ou les pins alignés en rang d’oignons font plus de peine à voir et de mal que toutes les jussies et autres renouées…

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