Décès d’Aline Raynal-Roques
Il est des noms qui personnifient une discipline à une époque et en un lieu donné, c’est le cas d’Aline Raynal-Roques pour la botanique en France dans les années 1990-2020. Née à Paris en 1937, elle a appris à lire avec la Flore de Bonnier alors que ses parents étaient planqués à la campagne en Brie (son père était résistant). Elle passera ses journées à observer la flore et la faune de la mare proche de la maison et ne rejoindra les bancs de l’école qu’à 12 ans. Après le Lycée Victor-Duruy à Paris, elle fit un DES de Botanique à la faculté des sciences de l’université de Dakar. Son mémoire de DES sera soutenu en 1961 et aura pour titre « la Flore et végétation des environs de Kayar (Sénégal)« . Recrutée au muséum national d’histoire naturelle elle est « envoyée comme tropicaliste dans des coins difficiles d’accès », ce qui lui fait parcourir les tropiques, principalement en Afrique mais aussi la Guyane et est même allée collecter des plantes en Iran, en Italie ou au Baléares dans les années 60-70. Elle s’est spécialisée sur les plantes parasites des cultures (le genre Striga) et les espèces de zones humides. Sa thèse d’état, soutenue en 1981 à l’université de Montpellier 2, sera sur ces dernières : « Contribution à l’étude biomorphologique des Angiospermes aquatiques tropicales : essais d’analyse de l’évolution« . Elle a terminé sa carrière comme professeur au mnhn à la fin des années 1990. Pendant ce parcours scientifique elle a décrit une quarantaine de plantes nouvelles pour la science. Elle était également largement impliquée dans des formations (dont le DEA de Systématique Animale et Végétale au mnhn ou le certificat de jardinier botaniste du CFPPA de Chateaufarine), ou des associations, mais c’est son livre « La botanique redécouverte« , publié en 1994, qui a marqué de nombreux amateurs de la discipline et a pu susciter des vocations. Elle y a mis, en français, l’ensemble des éléments nécessaires à « une introduction à la vie végétale », depuis des question de classification, de nomenclature, d’histoire, d’évolution, de morphologie ou d’écologie. Ce ne fut pas là son seul ouvrage, elle a présenté les techniques de dessin et de photographie botanique (Dessiner et photographier les fleurs : le guide pratique du parfait botaniste, 2015) ou le témoignage de ses 60 ans de prospection (À la découverte de la nature sauvage, avec Albert Roguenant, 2020). Après cette vie bien remplie, elle s’est éteinte le 16 juillet 2022. Ses obsèques ont lieu le vendredi 22 juillet 2022 à Trélissac près de Périgueux (Dordogne).
12 commentaires
en ce momentje la rencontre en guyane (elle et Jérémi)dans de l’
eau pleine de Nymphéa.
Tristesse… ”La botanique rédecouverte” est un livre remarquable.
Amateur, modeste amateur de botanique, amoureux des plantes et des fleurs, j’ai trouvé dans le livre de Madame Raynal-Roques une initiation érudite, intelligente, claire et didactique au monde fabuleux de la botanique; ce grand « autre » qui nous accompagne…
Ce soir, je suis triste.
Un parcours remarquable, une très forte capacité d’analyse, et un grand sens de la pédagogie !
La botanique perd là un atout majeur, pas assez connu..
en souvenir
je relis la page 364 « Rosette de plantain majeur »
LA SPIRALE sous mes pieds ouvre mes yeux à la vie
Merci
Tristesse de perdre cette brillante et modeste « reine des près »
Une bien triste nouvelle.
Une pensée à toute sa famille.
Un grand merci pour tous ses enseignements, récits et écrits.
Le monde de la botanique perd une grande experte.Ce fu
aussi une éminente pédagogue.
Mes condoléances à ceux et celles qui l’ont côtoyée et à ses proches évidemment.
Elle a rejoint le paradis des botanistes…Son livre trône toujours en bonne place parmi les Flores et je le relis toujours avec plaisir.
Elle a beaucoup partagé ses acquis et expériences sur les plantes aquatiques tropicales. J’ai eu l’occasion de discuter avec elle, et vérifier avec elle des plantes aquatiques des rivières comme les Hydrostachyaceae et les Podostemonaceae. Elle va manquer à la famille des botanistes.
Paix à son âme et toutes nos condoléances à toute la famille et ses proches.
Merci infiniment Aline Raynal-Roques
Pr Hery Lisy Tiana Ranarijaona
Hydrobiologiste Botaniste
Faculté des Sciences, Université de Mahajanga
Madagascar
hranarijaona@gmail.com
S’intéresser à la botanique est une passionnante étude du vivant, dans sa variété et sa régularité. Très loin des simples collections de plantes . Merci à cette grande dame dont le livre enrichit chaque jour le regard d’une petite botaniste amateur.
Commentaire laissé sur Tela Botanica
Un petit mot pour affirmer la tristesse que le Jardin botanique d’Auvergne a toujours eu depuis son décès. Aline était et sera toujours la marraine de notre jardin botanique, elle a été un soutien de cœur pour appuyer sa création. Jean Marc FOURVEL, ancien élève et fondateur du Jardin botanique d’Auvergne, remercie Aline pour l’enseignement qu’elle diffusait avec générosité, pour l’écoute et les précieux conseils qu’elle nous a apporté, pour l’amitié qu’elle donnait avec justesse. En 2023 nous espérons pouvoir planter un tilleul connu pour être l’arbre protecteur qui souhaitait la bienvenue aux voyageurs, nous rendrons un hommage durable à notre manière à Aline en plantant cette espèce…
Jean Marc Fourvel le 05 11 2023