George Bentham au domaine de Restinclières

Savez-vous que le domaine de Restinclières, au nord de Prades-le-Lez (Hérault), a hébergé l'un des plus fameux botanistes du XIXe siècle, George Bentham (1800-1884) ?

Le domaine de Restinclières, au nord de Prades-le-Lez (Hérault) est bien connu des botanistes montpelliérains. Il héberge l’association Les Écologistes de l’Euzière, où Tela Botanica vient de tenir son assemblée générale 2023. Le château du domaine est le siège de la Maison départementale de l’environnement, service du département de l’Hérault. Ce vaste domaine de 220 hectares offre des milieux très variés, où l’on trouve le fleuve Lez pratiquement à sa source et un champ expérimental d’agroforesterie.

Mais bien peu de botanistes savent qu’un des plus fameux botanistes du XIXe siècle, George Bentham (1800-1884), y a passé quelques années. Son père Samuel Bentham, ingénieur et architecte naval anglais, avait acheté le domaine en 1820, y a fait importer des machines agricoles inconnues en France, et a développé un système d’irrigation sophistiqué qui a fini par susciter l’hostilité des agriculteurs voisins, qui voyaient la nappe phréatique baisser dans leurs champs. Les Bentham ont revendu le domaine en 1826.

Samuel Bentham a été Inspecteur Général des arsenaux en Angleterre, mais il finit par se brouiller avec l’Amirauté. D’où sa décision de s’installer en France, d’abord à Montauban, puis à Prades-le-Lez. Après 1826, il rentre en Angleterre, et passe le reste de ses jours à écrire des traités d’architecture navale.

Quant à George, il apprend très jeune le français, l’allemand, le russe et le suédois. À l’école à Montauban, il apprend l’hébreu. Ce n’est qu’à Angoulême qu’il découvre la Flore française de Lamarck, dont Augustin Pyrame de Candolle avait rédigé la troisième édition (1805-1815). Cette expérience l’incite à se consacrer pleinement à la botanique.

Lors de son séjour à Prades-le-Lez, il herborise longuement dans les Pyrénées avec George Arnott Walker, et écrit Catalogue des plantes indigènes des Pyrénées et du Bas Languedoc (1826). De retour en Angleterre, il devient secrétaire de la Horticultural Society de Londres de 1829 à 1840, puis président de la Linnean Society de 1861 à 1874.

Dès 1836, il publie Labiatarum genera et species, ce qui l’amène à visiter tous les herbiers européens, puis The botany of the voyage of H.M.S. Sulphur (1844). En 1854, trouvant l’entretien d’un herbier (100 000 parts) et d’une bibliothèque trop dispendieux, il les offre à l’État britannique à la condition qu’il soutienne la recherche au Royal Botanic Gardens de Kew. Après 1855, c’est là qu’il travaille. Il publie Handbook of the British Flora (1858), réédité après sa mort par Joseph Dalton Hooker et devenu le renommé  « Bentham & Hooker », utilisé par des générations d’étudiants. Il publie ensuite Flora Hongkongiensis (1861) et Flora australiensis (1863-1878). Mais son grand œuvre est le Genera Plantarum, qu’il commence en 1862 et qui sera achevé en 1883 par Joseph Dalton Hooker. Il a aussi largement contribué au Prodromus Systematis Naturalis Regni Vegetabilis d’Augustin Pyramus de Candolle.

Plusieurs noms de genres lui ont été dédiés : Benthamia A. Rich. (1828, Orchidaceae), Benthamiella Speg. (1883, Solanaceae), Benthamina Tiegh. (1895, Loranthaceae), et les épithètes benthamii ou benthamianus se retrouvent dans des centaines de noms d’espèces.

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