Le gui, un parasite qui peut tuer son hôte

Lorsque l’on se promène sur les routes de campagne, les peupliers font partie du paysage. Ce sont tantôt des peupliers d’Italie au port en fuseau, tantôt des peupliers de Hollande au port étalé. Ces derniers sont parfois parasités par des touffes de gui en boules bien visibles quand les arbres n’ont pas de feuilles. On peut avoir l’impression que ce parasitisme a peu de conséquences sur les arbres. Ce qui n’est pas toujours le cas, comme les photos suivantes vont le montrer.
Gui sur peuplier
Photo 1. Une rangée de peupliers en Dordogne (juin 2023).

Les deux peupliers de droite, envahis par le gui, ont un feuillage plus clairsemé que leurs voisins. Le gui les affaiblit.

Comment le gui affaiblit-il son hôte ?

Avec son suçoir la racine du gui aspire l’eau et les sels minéraux de la sève brute du poirier. Grâce à sa chlorophylle le gui peut ensuite, par la photosynthèse, produire sa matière organique. Il ne dépend donc pas entièrement de son hôte (peuplier, poirier, pommier…) pour vivre. Le gui est un hémiparasite.

Gui sur poirier
Photo 2. Branche de poirier sectionnée à l’endroit où pénètre une racine de gui.

Le gui peut-il épuiser et tuer son hôte ?

Gui sur peuplier Pologne
Photo 3. Le même peuplier de Hollande, à 5 ans d’écart (mai 2018 et juillet 2023).

C’est clair, le gui épuise son hôte. Le peuplier a moins de feuilles et de branches en 2023. Les branches mortes ou disparues en 2023 avaient du gui en 2018.

En 2023, le peuplier porte moins de gui que 5 ans auparavant.

Gui sur poirier
Photo 4. Gui sur une branche de poirier dont le bois de cœur est nécrosé.

En aspirant la sève de son hôte (ici le poirier) le gui tue le bois et court à sa perte !

Entre-temps il a produit des fruits dont les graines emportées par les oiseaux ont propagé l’espèce !

13 commentaires

  1. Bonjour, le Peuplier d’Italie est un Peuplier noir. Et le Peuplier noir n’est jamais parasité par le Gui. Uniquement les cultivars hybrides de Peuplier, comme le Peuplier de Hollande.
    Voila pour les précisions.
    Marc VILLAR
    Responsable du programme national de conservation des ressources génétiques du Peuplier noir

    1. Bonjour,
      Merci pour ces précisions. En effet, je n’ai jamais vu de gui sur les peupliers noirs.

    1. Bonjour, J’ai vu des reportages où les arboriculteurs enlevaient manuellement les touffes de gui des fruitiers.

  2. Bonjour,
    En Seine et Marne, il y avait l’obligation de détruire le gui des arbres, certainement que dans d’autres départements il y avait cette même obligation. Les lois tombent en désuétudes mais restes en vigueurs. Pour le D é p a r t e m e n t du D o u b s
    COMMUNE DE PRESENTEVILLERS
    Signalons à ce propos que contrairement à ce que beaucoup de gens croient, l’obligation qui est faite par la loi de détruire le parasite végétal que constitue le gui, n’est pas tombée en désuétude. L’arrêté du 31 juillet 2000 (paru au JO n°201 du 31 août 2000) établit la liste des organismes nuisibles aux végétaux soumis à des mesures de lutte obligatoire (NOR : AGRG0001599A) et le gui y figure, au même titre que le chardon des champs. Mais il importe absolument que cette obligation ne soit pas une cause supplémentaire de destruction de vergers aujourd’hui menacés

    1. Oui, dans le département des Yvelines, on pouvait avoir une amende si on ne débarrassait pas ses pommiers du gui.
      Personnellement, un paysagiste a enlevé le gui sur mon aubépine de 50 ans. On ne voyait pratiquement plus que le gui et plus les feuilles d’aubépine; il a coupé beaucoup d’ extrémités envahies;Résultat, 3 ans après: malgré ces coupes, l’aubépine est très belle, très feuillue.Il faut veiller à enlever un peu de gui qui revient chaque hiver. Ce succès est peut-être du à la qualité de la terre du coin.
      Il ne faut surtout pas abattre les vieux pommiers mais il faut enlever le gui qui les tue;Il y a suffisamment d’arbres sur lesquels il n’est pas possible de le faire pour nourrir les oiseaux.

  3. A vérifier parce que je n’ai plus le numéro sous la main . Dans un numéro spécial des 4 saisons du jardin bio sur les arbres, un producteur de pommes situé en Ariège décrit comment il s’est débarrassé du gui sur ses pommiers en utilisant du fil de cuivre (pris sur du fil électrique) qu’il insère dans la tige du gui . Encore une fois à vérifier, le numéro est assez récent mais je l’ai prêté .

    1. il faut peut-être nuancer un peu cet article au regard des commentaires : le risque est de rester sur l’image d’un organisme uniquement ‘nuisible’.
      Or le lien entre gui et affaiblissement des arbres est complexe et les études scientifiques ne sont pas toutes affirmatives, notamment sur les sapins qui souffrent (gui, affaiblissement d’un arbre suite à un stress, mortalité : qui de la poule ou de l’oeuf ?).
      Le gui est un formidable aliment pour les oiseaux qui mange les chenilles et autres insectes, insectes qui s’attaquent aux arbres, etc. Bref, iI rend aussi des services écosystémiques. Mieux vaut éviter de parler de lutte obligatoire.
      Et pour réconcilier l’homme et le gui… il a aussi rendu des services agricoles ! https://www.zoom-nature.fr/le-gui-une-plante-fourragere/

  4. Je ne pensais pas en publiant cet article, essentiellement basé sur les images, avoir autant de remarques, toutes enrichissantes. Chacun se fait l’avocat d’une cause. Merci à vous tous.
    La lecture de l’article sur le gui plante fourragère est instructif.

    1. A propos des photos d’arbres envahit par le gui il faut se garder des jugements hâtifs. Dans la rangée de peupliers par exemple il peut y avoir une différence de défense immunitaire due au terrain ou au pool génétique de l’individu qui fait que les pieds « faibles » sont envahis. Dans ce cas on peut dire que le gui tue les pieds malades mais pas les pieds sains.
      D’autre part le gui restant vert en hiver il peut restituer quelques éléments nutritifs à la plante hôte dans la mauvaise saison. Sans compter que l’on ne sait rien des échanges chimiques en tant que langage véhiculant des d’informations entre l’arbre et son parasite.
      Ne pas oublier que le gui était vénéré chez les celtes, et la double feuille de gui a, d’après les spécialistes de l’art celtique, inspiré les artistes chargés d’honorer les princes. Ils devaient avoir de bonnes raisons pour cela mais ces raisons m’échappent.
      Y.Le Coeur

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