Girembellier khmer
La girembelle, connue aussi sous le nom de surelle ou de groseille étoilée, de « star goosberry » en anglais, de « grosella » en espagnol ou encore de « châtaigne vinaigrée d’Inde de l’ouest » (西印度醋栗 [xīyìndù cùlì]) en chinois, est le fruit du girembellier (Phyllanthus acidus).
Probablement originaire de Madagascar, cette espèce du genre Phyllantaceae est un arbuste ou un arbre mesurant de 2 à 9 mètres de haut. Il a été diffusé en Inde et en Asie orientale depuis des temps très reculés, puisque l’on a des traces de sa présence aux Philippines datant de la préhistoire. Outre sa région d’origine, le girembellier est aujourd’hui largement diffusé dans toutes les régions tropicales du monde.
Au Cambodge, où elle est appelée « kân-tuot » (កន្ទួត) la girembelle fait partie des fruits acidulés que l’on trouve facilement sur les marchés ou dans les paniers des paysannes qui viennent à la ville vendre leur production. Le girembellier pousse partout au Cambodge. D’après l’ouvrage Plantes médicinales du Cambodge publié par le ministère cambodgien de la Santé, il en existerait deux variétés : une acide (កន្ទួតជូរ [kân-tuot chu]) et une douce (កន្ទួតផ្អែម [kân-tuot ph’aèm]). Pour ma part, je n’ai rencontré que la variété acide. (Il ne faut pas confondre le girembellier avec une autre espèce de Phyllanthus, P. emblica, (syn. Emblica officinalis), le myrobolan emblique, appelée en khmer « girembellier sauvage » (កន្ទួតព្រៃ [kân-tuot prey]), dont les fruits sont également consommés au Cambodge.)
La girembelle peut être consommée telle quelle, sans autre apprêts. Mais nombreux sont les Khmers qui la préfèrent accompagnée d’une préparation appelée « sel et piment » (អំបិលម្ទេស [âm-bil mtès]), qui consiste tout simplement en un mélange, en proportions variables, du sel fin et du piment frais pilé.
La feuille (ស្លឹកកន្ទួត [sleuk kân-tuot]) est également appréciée en cuisine cambodgienne. Elle est l’un des ingrédients qui peuvent être utilisés pour cuisiner les soupes acides (សម្លម្ជូរ [sâm-lâ mchu]), qui sont l’une des bases de la cuisine cambodgienne. Elles servent aussi à emballer les « naèm » (ណែម), qui ne sont pas les « nem » connus en France, mais de petites boulettes de porc ou de poisson fermenté et assaisonné, garnies le plus souvent d’un petit morceau de piment frais. Là aussi, c’est la saveur acide apportée par la feuille qui est recherchée. Si vous voulez essayer de réaliser des « naèm » au poisson de ce type, je vous invite à suivre la recette en khmer du blog Cover Song (ici), qui donne la photographie ci-dessous :
La médecine cambodgienne traditionnelle fait aussi usage des feuilles, des branches et du tronc du girembellier. L’ouvrage précité du ministère cambodgien de la Santé affirme que le tronc et la feuille du girembellier sont des émétiques ; les feuilles pilées servent à soigner le lumbago et la sciatique ; les feuilles servent aussi à préparer une boisson théiforme « bonne pour la santé ». Dans son Dictionnaire des plantes utilisées au Cambodge (pp.496-497), Madame Pauline Dy Phon précise que « le suc laiteux s’écoulant par incision des tiges est utilisé comme vomitif ». Enfin, dans la Flore photographique du Cambodge (p.407), Mathieu Leti et al. ajoutent encore que la feuille est utilisée comme hémostatique buccal et que le fruit âgé est mâché lentement en cas de maux de gorge et de troubles de la voix.
PS. : Les orfèvres cambodgiens appellent « graine de girembelle » (គ្រាប់កន្ទួត [kroap kân-tuot]) une petite pièce de bijouterie ronde, en métal précieux, qui prend la forme du fruit (la photographie ci-dessous vient de la page Facebook du bijoutier cambodgien Alangka) :
2 commentaires
En Guadeloupe je n’en ai mangé qu’en confiture
Intéressant comme article, merci