Une nouvelle famille endémique de l’Afrique tropicale : Afrothismiaceae

Une avancée significative dans la compréhension de la famille Afrothismiaceae a été récemment réalisée par une équipe de chercheurs du Royaume-Uni et du Canada. Aussi rare que fascinante, découvrez cette famille de plantes, endémique de l'Afrique tropicale.
Gravure de Afrothismia pachyantha Schltr., reconnu éteinte depuis 2019, mais l'évaluation de l'UICN reste à être mise à jour, wikicommons, CC-BY 4.0
Gravure de Afrothismia pachyantha Schltr., reconnu éteinte depuis 2019, mais l'évaluation de l'UICN reste à être mise à jour, wikicommons, CC-BY 4.0

Des caractéristiques morphologiques uniques

<i>Afrothismia baerae</i>Cheek. : A tige florale, en fleurs ; B grappe de tubercules racinaires, chacun avec une racine terminale ; C fleur avec bractée (vue arrière) ; D fleur, vue de face ; E section longitudinale de la fleur (non médiane) ; F bractée sous-tendant la fleur ; G détail de l'étamine et du connectif ; H vue latérale de la partie libre de l'étamine montrant la structure du filament-connectif élargi au-dessus des cellules des anthères.
Afrothismia baerae Cheek. : A tige florale, en fleurs ; B grappe de tubercules racinaires, chacun avec une racine terminale ; C fleur avec bractée (vue arrière) ; D fleur, vue de face ; E section longitudinale de la fleur (non médiane) ; F bractée sous-tendant la fleur ; G détail de l'étamine et du connectif ; H vue latérale de la partie libre de l'étamine montrant la structure du filament-connectif élargi au-dessus des cellules des anthères. Margaret Tebbs CC-BY 4.0

Les Afrothismiaceae regroupent des espèces végétales qui se distinguent par leur dépendance aux champignons du sol pour leur nutrition, un mode de vie connu sous le nom de mycohétérotrophie. Leur émergence sporadique au-dessus de la litière de feuilles, avec seulement la fleur ou le fruit visible, constitue un phénomène intrigant dans le monde botanique.

Les caractéristiques morphologiques uniques d’Afrothismia (genre), telles que ses fleurs zygomorphes et ses tubercules racinaires, ont été cruciales pour sa distinction. La présence d’un placenta unique sur pédoncule dans l’ovaire, des fruits circumscissiles (tout récipient à graines qui se divise le long d’une circonférence, la partie supérieure se détachant comme un couvercle) et des étamines insérées dans la partie inférieure du tube floral sont quelques-unes des caractéristiques qui différencient Afrothismia des autres genres apparentés. La diversité d’Afrothismia a également été mise en lumière, avec le nombre d’espèces décrites passant récemment de 4 à 16. Cette augmentation vient de la découverte de nouvelles espèces et a enrichi notre compréhension de la diversité de ce genre unique.

La région biogéographique des Afrothismiaceae englobe principalement l’Afrique tropicale continentale, s’étendant du Nigeria à l’est jusqu’au Kenya, et au sud jusqu’au Malawi. Concentrées principalement dans l’Interval de la Croix-Sanaga au Cameroun, plusieurs plantes sont endémiques à cette zone. Cependant, la pression croissante exercée par les activités humaines menace cet écosystème fragile. Des efforts concertés sont nécessaires pour documenter, préserver et protéger ces espèces uniques et leur habitat naturel.

Une menace d'extinction et besoins de conservation urgent

De nombreuse espèces connues de cette famille sont menacées d’extinction. Ici, il est donc primordial de les conserver dans leurs habitats naturels (par exemple, en les incluant dans des Zones Importantes pour les Plantes (Important Plant Areas, IPAS)) et de développer des plans d’action pour la conservation des espèces afin d’améliorer les chances de survie, ce qui est crucial car la conservation ex situ est actuellement impossible. Tant que les espèces ne sont pas documentées, décrites et connues de la science, il est difficile de les évaluer pour leur statut de conservation sur la Liste Rouge de l’UICN, et donc la possibilité de les conserver est réduite.

En effet, malgré leur importance écologique et leur fascinant mode de vie, les Afrothismiaceae sont confrontées à des menaces sérieuses pour leur survie. La déforestation rapide et la fragmentation des habitats forestiers dans ces zones compromettent l’intégrité de leur environnement naturel. Toutes les espèces, sauf une (Afrothismia insignis ; Vulnérable) des 13 espèces évaluées sur la Liste Rouge des Espèces Menacées de l’UICN, sont soit en danger (EN), soit en danger critique d’extinction (CR) ; une espèce (A. pachyantha) est considérée comme éteinte. Plusieurs d’entre elles n’ont pas été vues vivantes depuis des décennies.

Au cours des dernières années, de nombreux aspects de la biologie de ce genre ont été découverts, mais des éléments importants restent encore partiellement connus, tels que la biologie de la pollinisation, la microsporogenèse, la cytologie et la dispersion des graines. Les taxons entièrement mycohétérotrophes parasitent efficacement les champignons du sol qui obtiennent leurs nutriments à partir des plantes autotrophes voisines, mais dans le cas d’Afrothismia, les espèces végétales autotrophes pertinentes restent inconnues.

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