Quiz « Écorces des arbres »
Solutions et explications
1. Pinus sylvestris L. – Pin sylvestre
Le pin maritime est originaire d’Europe moyenne et septentrionale, de Sibérie et d’Asie Mineure. Son écorce lisse arbore une couleur orangée à grise jaunâtre dans la partie supérieure du houppier. Par la suite, clairement bicolore, il y a la formation d’un rhytidome écailleux brun dans la partie inférieure qui s’exfolie en fine lanière.
C’est une essence majeure pour l’économie forestière et du bois en Europe, particulièrement en Europe du Nord et de l’Est. On l’utilise surtout comme bois d’œuvre dans la construction et dans la fabrication de pâte à papier. L’essence térébenthine est également extraite de l’arbre.
Les bourgeons, et parfois la résine, sont utilisés pour leurs propriétés diurétiques, expectorantes et antiseptiques bronchiques. Ils sont utilisés sous forme d’essence, d’huile essentielle, voire de décoction, notamment pour produire des sirops ou des pastilles contre la toux. L’huile essentielle de pin sylvestre est tonique et hypertensive, et reconnue depuis Hippocrate et l’Antiquité grecque pour soigner les malades de l’appareil respiratoire.
2. Platanus x hispanica Mill. ex Münchh. – Platane
Cette espèce est issue d’un croisement vers 1650 dans le sud Europe entre le platane d’Amérique (Platanus occidentalis) et le platane d’Orient (Platanus orientalis). Vous l’avez très certainement croisé en alignement sur les bords de routes ou encore sur la place de village. En effet, le platane commun est un arbre citadin, car il a la particularité d’être peu sensible au gel, au compactage des sols et à la pollution. Son écorce est grise à brun clair dans les jeunes années et s’exfolie avec l’âge par plaques irrégulières, laissant apparaître des tâches jaune clair.
Véritable pilier des civilisations méditerranéennes, l’olivier demeure l’un des arbres fruitiers les plus anciennement cultivés par l’Homme. La cueillette d’olives s’effectuant déjà en Palestine il y a près de 20 000 ans. En revanche, la maîtrise des techniques culturales propre à cet arbre daterait, selon les paléobotanistes, à près de 2000 ans avant notre ère et proviendrait de Jordanie et d’Israël. De par leur consommation en huile d’olive, les Phocéens puis ensuite les Romains ont largement contribué à la diffusion de cet arbre sur le bassin méditerranéen. L’huile était utilisée dans l’alimentation, pour les lampes à huile et les soins de la peau. L’olivier symbolise l’immortalité mais aussi de paix et de connaissance.
D’abord gris verdâtre à argenté clair, parsemée de fins sillons entrecroisés; avec l’âge il y a une formation d’un épais rhytidome gris profondément fissuré. L’écorce arbore un aspect généralement noueux.
La vigne fait partie des plus anciennes plantes cultivées et le fruitier le plus planté. La forme sauvage d’origine Vitis vinifera ssp. sylvestris est l’une des rares lianes de la flore médio-européenne. Elle a survécu aux glaciations dans certaines zones d’Europe et d’Asie occidentale, elle a été transportée par bateau vers le Nouveau Monde dès 1494. La viticulture était déjà pratiquée au temps de pharaons, elle remonte au moins à 3500 av. J.-C.. Son écorce brune ou gris foncé s’exfolie en lanières longitudinales.
5. Betula pendula Roth. – Bouleau commun / verruqueux
En tant qu’espèce pionnière, le bouleau verruqueux a conquis un immense territoire, comprenant une bonne partie de l’Europe, de l’Asie Mineure et de l’Ouest de la Sibérie. Il est facilement reconnaissable à son écorce épaisse et crevassée à la base des troncs adultes. Il doit son nom à ses verrues blanchâtres qui recouvrent ses rameaux et à son port pleureur. Cet arbre, aux multiples propriétés, est profondément ancré dans le folklore nordique. L’arbre pouvait être utilisé pour faire des toitures, des torches, d’habits en tout genre, de papier, et même de nourriture en période de disette. Son bois est apprécié des boulangers et des potiers puisqu’il est un très bon combustible. Sa sève, aussi désignée sous le nom « d’eau de bouleau », constitue un remède entre autres contre les rhumatismes, les affections urinaires et cutanées.
6. Prunus avium L. – Cerisier des oiseaux
Le cerisier des oiseaux (aussi appelé merisier), est un arbre originaire d’Europe, du nord de la Turquie, du Caucase et du nord de l’Irak. Il a été naturalisé en Afrique du Nord, en Asie et dans l’Est des États-Unis. Le merisier est utilisé comme porte-greffe pour arbres fruitiers. Il est aussi utilisé comme protecteur des espèces cultivées. Comme son nom l’indique, le « cerisier des oiseaux » les attire particulièrement. De plus, sa production est légèrement plus précoce que celle des espèces cultivées, aussi est-il utile de planter un merisier dans le secteur d’un cerisier cultivé pour que les oiseaux s’en repaissent aisément, laissant ainsi la production de l’espèce greffée tranquille. Son bois est également prisé par l’ébénisterie, il possède également de bonnes propriétés mécaniques (résistance à la compression, traction ou flexion).
Solutions et explications
1. Cupressus sempervirens L. – Cyprès commun
Originaire de l’Est du bassin méditerranéen, de la Grèce jusqu’en Asie Mineure, il est présent en France, en Espagne et en Italie depuis l’Antiquité. Cette essence, emblématique des paysages méditerranéens, est une pionnière très adaptable et résistante à la sècheresse. Même chez les sujets matures, son écorce reste lisse et filandreuse, d’un brun gris à foncé, qui laisse apparaître avec le temps des sculptures longitudinales.
Le bois, très dense et presque imputrescible, est apprécié des ébénistes. Dans l’épisode biblique du déluge, l’Arche de Noé était en bois résineux, ou bois « gofer » ou « gopher ». Les Phéniciens, les Assyriens, les Romains et les Grecs l’utilisaient pour la construction de navires, de portes de temples et de cercueils. Il était déjà à l’époque considéré comme l’arbre de deuil, ce qui explique peut-être qu’il est si fréquemment planté dans les cimetières. L’huile essentielle, extraite à partir des rameaux, est utilisée pour ses propriétés sur la circulation veineuse et lymphatique, notamment ses propriétés vasoconstrictrices.
2. Tilia cordata Mill. – Tilleul à petites feuilles
Cette espèce de feuillus est originaire d’Europe et bien qu’elle y soit assez répandue, elle ne forme pas de peuplements purs. Son écorce lisse et grise pour les jeunes spécimens puis avec l’âge, il y a la formation d’un rhytidome brun-gris à gris foncé laissant apparaître des sillons le long du tronc et des crêtes très saillantes. Le tilleul à petites feuilles abrite de nombreuses espèces d’insectes : le gendarme, ou cordonnier (Pyrrhocoris apterus), sans doute le plus connu, la coccinelle à virgule (Exochomus quadripustulatus) qui se nourrit de parasites de l’arbre et l’Oxycarenus lavaterae, une petite punaise de la famille des Lygaeidae. Toutes ces espèces hibernent dans les fissures de l’écorce ou la litière.
3. Populus tremula L. – Peuplier tremble
Cette essence pionnière est originaire d’Europe, de Sibérie et d’Asie Mineure et d’Afrique du Nord. Son écorce brune jaunâtre, assez reconnaissable, est ponctuée de lenticelles en forme de losange. Le bois tendre et léger est utilisé pour la pâte à papier, la menuiserie, panneaux de meubles, emballage, le déroulage (fabrication d’allumettes), certains toits d’église en Russie, car en vieillissant, le bois prend la couleur de l’argent et le calage d’arbres de cimenterie.
L’écorce a des propriétés fébrifuges (propriétés médicinales). L’écorce interne ou xylème est utilisée dans une tisane pour traiter la fièvre, la toux et la douleur. Elle contient de la salicyline, qui se trouve également dans les saules et est l’ingrédient de base de l’aspirine. C’est une plante mellifère intéressante principalement pour son apport en propolis très tôt dans la saison apicole.
Présent dans toute l’Europe, l’If fut pourtant menacé d’extinction, surtout au Moyen-Âge du fait que son bois étant très réputé pour sa souplesse, sa durabilité mais aussi son beau brin de couleur rougeâtre et de sa croissance extrêmement lente. Les armées l’ont donc surexploité pour fabriquer des arcs, alors armes stratégiques de prédilection à l’époque.
Cet arbre souffrait toutefois d’une dangereuse réputation puisqu’il referme dans toutes ses parties (à l’exception de la petite arille rouge autour de la graine) de la taxine qui est un poison mortel. En France, il ne reste que quelques spécimens millénaires (notamment en Normandie) et de rares reliques de forêts comme celle de Sainte Baume en Provence. De récentes études ont montré que l’if possédait des propriétés anticancéreuses, if faut bien que sa réputation change !
5. Salix alba L. – Saule blanc
Le saule blanc est une espèce ligneuse indicatrice de milieu humide (forêt alluviale, forêt humide, dune) et sert à la stabilisation des cours d’eau et lors de projet de renaturation. Salix alba est le plus grand des saules indigènes. Généralement lisse dans les jeunes années, son écorce devient plus rugueuse avec l’âge (formation de rhytidome écailleux gris-brun fibreux) et est parcouru de crêtes larges et de fissures transversales moins profondes.
Le saule blanc est utilisé pour produire de l’osier. Il a pour cela longtemps été taillé en « têtard » afin de stimuler la production de jeunes rameaux souples. De nos jours, cette taille est plutôt motivée par des raisons de contrôle de la pousse des arbres. C’est également un arbre utilisé pour l’ornement des grandes villes, comme à Paris où la villa de la Saulaie prit son nom en raison des saules blancs qui y furent plantés. Il fournit un bois de sculpture, pouvant se tailler nettement dans tous les sens. Le bois de saule brûle rapidement donnant « un coup de feu » apprécié des boulangers.
Il s’agit aussi d’une plante mellifère : les chatons mâles sont porteurs de pollen apprécié des abeilles (et les apiculteurs), la floraison intervenant à une époque précoce, dépourvue de fleurs recherchées par ces insectes. Le saule possède aussi des propriétés pharmaceutiques connues depuis l’Antiquité : la salicyline (principe actif de l’aspirine) est extraite de son écorce.
6. Fagus sylvatica L. – Hêtre commun
Le hêtre pousse naturellement dans une grande partie de l’Europe, du sud de la Suède à la Sicile, il est naturalisé en Asie et aux États-Unis. D’une couleur gris de plomb à gris argenté, son écorce est lisse, dépourvue de fissure et d’écailles, le suber tombe en une fine poussière gris pâle.
Son écorce astringente est utilisée comme fébrifuge. En herboristerie, on utilise sous forme de décoction l’écorce séchée, cueillie en février sur les rameaux de deux à trois ans d’âge, pour cette propriété. L’agronome A. Fleury de la Roche en indique également l’usage sous forme de poudre, dans le traitement de la goutte, du rhumatisme, des hydropisies et des affections cutanées rebelles. Les jeunes feuilles peuvent être consommées crues en salade (saveur proche de celle du chou) ou cuites au beurre. Le bois du hêtre est aussi très utilisé dans la fabrication de nombreux objets et ustensiles. Son grain fin et court en fait un bois facile à travailler notamment en petite menuiserie et il peut être facilement courbé par cintrage.
La confusion avec le charme étant assez courante, voici un petit moyen mnémotechnique apprécié des botanistes humoristes « Le charme d’Adam, c’est d’hêtre à poils ! ».
En effet, les feuilles de charme ont des petites dents sur les bords tandis que les feuilles de hêtre sont ornées de petits poils soyeux !
Solutions et explications
1. Arbutus andrachne L. – Arbousier de Chypre
L’arbousier de Grèce pousse principalement dans la région Sud-est de la Méditerranée (Grèce, Turquie) et sur les côtes de la Mer Noire. Son écorce douce au touché, revêt des couleurs rouges au printemps. A l’été, l’écorce se détache par fragments rectangulaires qui sèchent, s’enroulent et tombent pour dévoilé des patchs verts d’écorce jeune (desquamation estivale). Cette coloration verte reste éphémère. Cet arbre possède des propriétés médicinales: l’arbutine qu’il contient soigne les maladies de peau (eczéma) ainsi que les problèmes articulaires (goutte, arthrite, rhumatisme).
2. Ceiba pentandra (L.) Gaertn. – Kapokier / Fromager
« Ceiba » est le nom local que les Taïnos, ancienne ethnie amérindienne des Grandes Antilles, ont donnée à cet arbre mythique. Il est devenu le symbole de Porto Rico et du Guatemala. De nombreux Ceiba (nom latin également donné récemment à tous les Chrorisia) ont une écorce verte tapissée d’épines. Le plus majestueux d’entre eux reste le kapokier. Pour les mayas, il représente l’arbre sacré, ultime connexion entre les royaumes souterrains, terrestres et célestes. Natif des Caraïbes, d’Amérique centrale et du Sud, il fut planté dans toutes les régions tropicales du globe. C’est un arbre guérisseur qui peut soigner bon nombre de maux. Son fruit sec en forme de banane regorge d’une fibre végétale légère, imperméable, isolante et imprutrescible appelée kapok. Elle fut utilisé pour rembourrer les matelas, fabriquer des gilets de sauvetage ou comme isolant thermique. La saponine contenue dans ses graines peut servir de savon naturel.
3. Fouquieria splendens Engelm. – Ocotillo
Au premier coup d’oeil, l’ocotillo ressemble davantage à un arbuste épineux quasi inerte tout au long de l’année. Pourtant, si l’on s’attarde un peu plus, on peut s’apercevoir que son écorce laisse entrevoir des tissus photosynthétiques vert-jaunâtre qui prennent le relais des feuilles tombées lors de la saison sèche. Les plus beaux spécimens peuvent aller jusqu’à 10 mètres de haut et déployer près d’une cinquantaine de départs de branches. Ses tiges épineuses servent souvent de poteaux de clôture et peuvent aisément s’enraciner, formant alors une barrière végétale vivante. Au printemps, de nombreuses fleurs rouges mellifères colorent les paysages désertiques du Sud-ouest des États-Unis au Nord du Mexique. L’ocotillo est une plante médicinale utilisée par les Indiens, ce qui lui vaut son nom latin, dédié à Pierre Eloi Fouquier, médecin des rois de France Charles X et Louis Philippe 1er.
4. Eucalyptus deglupta Blume. – Eucalyptus arc-en-ciel
Ce splendide gommier de Mindanao, natif de l’île du même nom, au Sud-est de l’archipel des Philippines, est le seul eucalyptus originaire de l’hémisphère Nord. Il prospère aussi naturellement dans les forêts tropicales en Indonésie et en Nouvelle-Guinée. Tout au long de sa période de croissance principalement pendant la saison des pluies, la vielle écorce se détache en de nombreux endroits sous forme de fins lambeaux. Ils révéleront successivement des coloris vert tendre, vert foncé, bleu-vert, pourpre et orange-rouge, rappelant ainsi les couleurs de l’arc-en-ciel, d’où son nom. Il est souvent planté pour faire de la pâte à papier et sert de matériau de construction. L’écorce est utilisé en médecine traditionnelle aux Philippines pour réduire la fatigue.
5. Acer davidii Franch. – Érable du Père David
Originaire des forêts d’altitude du centre et de l’ouest de la Chine, cet arbre est le plus répandu des érables dits « à peau de serpent ». Il fut découvert en 1879 par le père Armand David, passionné de botanique, qui envoya de Chine des échantillons au Jardin de Plantes de Paris. En hiver, son écorce verte est striée de blanc. Son feuillage s’orne d’une palette de couleur variant tout au long de l’année: allant du rouge bronze au printemps au vert profond en été puis du jaune d’or à l’automne. Son implantation sur de vastes étendues et ses prédisposition à l’hybridation permettent d’expliquer une diversité impressionnante de forme au sein même de l’espèce. Certains cultivars comme Acer davidii « Rosalie » change même la couleur de leur écorce suivant les saisons: verte en été, elle devient rouge striée de blanc en hiver.
6. Araucaria cunninghamii Aiton ex D.Don
Dans les années 1820, Alan Cunningham, botaniste et explorateur anglais, découvrit ce conifère dans les forêts tropicales de la côte et de l’Australie. Relativement robuste, il a pu être acclimaté avec succès sur la Côtes d’Azur. Son écorce se déchire horizontalement à des intervalles réguliers, tout comme celle de certains Prunus ornementaux. Son nom anglais « hoop pine » signifie littéralement « pin cerceau » et fait justement référence à cette écorce si insolite pour un résineux. Son bois d’une grande qualité fut très largement exploité par l’industrie australienne du contreplaqué. Malheureusement, sa pousse très lente (2 cm par an à l’âge adulte) et le fait que l’arbre puisse mettre plus de 200 ans pour produire des cônes explique que la plupart des peuplements naturels ont été décimés. La résine, une fois chauffée, était utilisée par les aborigènes comme cimen.
EcorçAir propose aux citadins et citadines de participer à la cartographie de la pollution en collectant des écorces de platanes en ville. Il suffit d’envoyer ces échantillons aux laboratoires scientifiques impliqués où leur signature en particules fines sera mesurée ce qui permettra de quantifier les particules déposées en un an à l’emplacement de l’arbre.
Pourquoi les platanes ?
Ces arbres sont omniprésents le long des rues et axes urbains, souvent en alignement, ce qui permet une très bonne résolution de la mesure de la pollution atmosphérique. Ils permettent un échantillonnage à hauteur de la respiration humaine. Ce sont des capteurs passifs bien plus économiques que les filtres. Les écorces des platanes se renouvellent tous les ans, la collecte d’écorce permet alors d’avoir une valeur moyennée sur une année. Ce renouvèlement annuel permet également une collecte facile sans préjudices pour les arbres et facilite l’échantillonnage. Il débute fin février – début mars.
Sur la plateforme collaborative IdentiPlante, déposez vos photos d’observation d’écorces ! Vous avez remarqué une mauvaise identification ? Signalez-la sur IdentiPlante, proposez de nouvelles identifications et discuter de leur pertinence.
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