Retour sur le symposium Interactions Plantes-Pollinisateurs au Collège de France
Le 18 janvier 2024, Emmanuelle Porcher, directrice de l’UMR CESCO du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, fut invitée sur la chaire annuelle « Biodiversité et écosystèmes » au Collège de France.
Les cours et séminaires de cette chaire avaient pour objectifs de décrire le fonctionnement des interactions plantes/pollinisateurs et leur coévolution depuis leur apparition il y a plusieurs centaines de millions d’années. Sachant que cette coévolution a produit une diversification formidable, notamment des formes, couleurs et odeurs des fleurs, ainsi que des réseaux d’interactions plantes/pollinisateurs complexes, qui ont permis leur stabilité au cours du temps, le cours a également pour finalité d’explorer les conséquences des changements globaux sur la composition des communautés de plantes et des pollinisateurs, avec des conséquences possibles pour leurs interactions.
Problème, ces changements sont mal connus, du fait d’un manque de données récoltées de façon homogène pour les plantes, plus encore pour les pollinisateurs, et plus encore pour l’interaction de pollinisation.
Ainsi, la chaire s’est conclue par un symposium le 23 et 24 mai 2024 intitulé « Nouvelles approches pour le suivi des plantes, des pollinisateurs et de leurs interactions dans un monde en transformation » organisé par Emmanuelle Porcher, Gabrielle Martin et Vanessa Lainé.
Le premier jour a pris la forme d’un colloque réunissant des représentants européens des principaux programmes nationaux de suivis standardisés des plantes, des pollinisateurs ou de leurs interactions. Ce fut l’occasion de partager les résultats déjà obtenus, d’identifier les défis à relever pour l’analyse des données disponibles, et de discuter les perspectives pour améliorer, développer et étendre ces suivis à l’échelle européenne, par exemple en intégrant les méthodes d’identification automatique par analyse de sons ou d’images.
Le deuxième jour était donc une occasion parfaite pour travailler collectivement à 1) faire émerger les différentes thématiques qui pourraient être développées avec le collectif pour améliorer les connaissances sur les effets des changements globaux sur les plantes et pollinisateurs pour 2) centraliser l’effort sur une sélection de sujets dont les objectifs, cadres théoriques et besoins seront plus finement décrits pour permettre de lancer des sujets de recherche ambitieux. Ainsi, quatre sujets ont émergé : 1) Comment lier des données d’origines variées (plusieurs observatoires, plusieurs méthodes, plusieurs territoires, …) pour une analyse globale sur les plantes et pollinisateurs ? 2) Préciser les méthodes analytiques spatiotemporelles des interactions plantes-pollinisateurs 3) Sur la base des données existantes, décrire à large échelle les réponses des plantes aux changements globaux selon leur stratégie de pollinisation (par le vent ou par les insectes) et 4) comment mobiliser les données et les résultats produits par les différents observatoires pour informer les politiques et formaliser des recommandations.
Ces projets tout juste émergents feront l’objet d’un travail international collectif ambitieux dont la force réside à la fois dans la grande couverture géographique (France, Suisse, Belgique, Espagne, Royaume-Uni et USA), dans la grande quantité de données plantes/pollinisateurs disponibles et dans la diversité et les originalités des observatoires prenant part à ce beau projet.
Affaire à suivre donc (cours introductif à retrouver ici).
Par ailleurs, vous aurez compris que cet événement n’aurait pas eu lieu s’il n’existait pas de programme de suivi de la flore à large échelle. En France, le programme Vigie-Flore est un programme de sciences participatives mis en place conjointement par le Muséum national d’Histoire naturelle et Tela Botanica en 2009 s’adressant aux botanistes volontaires pour contribuer au suivi des changements d’abondance des espèces végétales en France.
Participer au suivi de la flore de France Vigie-Flore, c’est :
- Contribuer à l’évaluation des variations d’abondance des espèces dans les communautés et à la recherche des causes de ces variations (changements globaux liés aux activités humaines, à la fragmentation des habitats ou aux changements climatiques, modification des pratiques…)
- Contribuer à l’élaboration d’indicateurs de biodiversité et à la proposition de recommandations pour la conservation de la flore
- Appartenir à un réseau d’observateurs de la flore sauvage en France.
Pour participer aux campagnes d’échantillonnage du programme Vigie-Flore, c’est très simple ! Pour choisir une maille, c’est ici et pour remplir le formulaire d’inscription, c’est là. Il y a des mailles près de chez vous et partout en France ! Vous trouverez le protocole du programme Vigie-Flore ici.
En espérant vous retrouver à la journée nationale Vigie-Flore le 16 novembre 2024 au Jardin des Plantes de Paris.
L’équipe Vigie-Flore