Farfâr, un arbre énigmatique du Kitâb an-nabât d’Abû Hanîfah ad-Dînawâri (IXe siècle) : revue des espèces ligneuses d’Abyssinie à usage technique pour une proposition d’élucidation
Le farfâr est l’un des végétaux mentionnés dans les traités arabes de botanique dont l’identification pose problème parce que la description qu’en donne le polygraphe arabe du IXe siècle Abû Hanîfa ad-Dînawârî – le premier à en parler dans son livre Kitâb an-nabat (Le livre des plantes) , les auteurs venus après lui n’ayant fait que le reprendre – n’a pas été jugée suffisante par les chercheurs qui ont tenté jusque-là de l’identifier. Le mot a, de plus, disparu de nos jours du lexique naturaliste arabe et son étymologie n’est pas clairement établie.
Dans cet article, nous tentons à notre tour de mettre un nom sur cet arbre énigmatique qui nous est donné comme natif de l’Abyssinie, en mettant en œuvre une méthode laborieuse s’appuyant sur une étude préalable des espèces ligneuses employées dans cette région du monde à des fins techniques par les populations locales.
Nous commençons par analyser en détail les données figurant dans les sources anciennes et relatives à ce végétal. Puis nous comparons ces renseignements parcellaires à ce que nous avons appris sur les ligneux de la Corne de l’Afrique dans l’espoir que les données ethnobotaniques que nous avons recueillies sur les usages que font les sociétés traditionnelles locales des bois produits par leurs arbres indigènes nous aident à entrevoir une piste conduisant à l’identification du farfâr. Enfin nous complétons notre travail de prospection par une recherche dans les langues et dialectes de ce sous-continent en quête d’une explication étymologique au vernaculaire arabe de cet arbre.
Plus qu’un simple exercice à caractère ethnobotanique, cette recherche fut pour nous un voyage passionnant dans l’histoire des technologies anciennes du bois qui nous a fait partir à la découverte de la nature du matériel ligneux utilisé autrefois pour la fabrication des ustensiles culinaires, des instruments aratoires ou des outils d’artisans,des techniques de taille et de tournage de divers objets du quotidien, ou encore du façonnage des symboles de l’autorité, des accessoires du culte et des créations à finalité strictement esthétique.
Les lecteurs curieux de savoir de quoi étaient faits les arcs et le bol du prophète Mohammed, les sceptres des rois et des grands prêtres d’Abyssinie, les bâtons de marche des chefs et des dignitaires de la Corne de l’Afrique ou les équipements domestiques des bédouins de la Péninsule arabique, trouveront dans cette étude inédite de 35 pages quelques réponses aux questions qu’ils se seraient peut-être posées. En même temps, la découverte de ces usages anciens, dont beaucoup se sont maintenus de nos jours dans les sociétés traditionnelles, montre que le bois n’est pas une matière banale, interchangeable, mais une matière à identité bien marquée, propre à l’espèce végétale qui l’a produite, possédant donc des qualités physiques spécifiques dont la connaissance a conduit les artisans locaux à développer un précieux savoir-faire.
Jamal Bellakhdar – Farfâr, un arbre énigmatique du Kitâb an-nabât d’Abû Hanîfah ad-Dînawâri (IXe siècle) : revue des espèces ligneuses d’Abyssinie à usage technique pour une proposition d’élucidation, Revista Al-Andalus Magreb (AAM) 31, 2024, Universidad de Cadix, pp. 105-139.

Bellakhdar Jamal, pharmacien, docteur en sciences de la vie, chercheur en ethnobotanique
Farfār, un arbre énigmatique du Kitāb an-nabāt d’Abū Ḥanīfah ad-Dīnawarī (IXe siècle) : revue des espèces ligneuses d’Abyssinie à usage technique pour une proposition d’élucidation.
BELLAKHDAR, J. (2024).
Al-Andalus Magreb, 31, 105–139.
Prix indicatif : Gratuit