Retour sur la Renouée du Japon

À la suite de l'article "La Renouée du Japon" publié le 17 août 2023.

Le déluge de commentaires concernant mon article paru le mois dernier m’a beaucoup surpris. En fait cela s’est traduit par une sorte de forum de discussion et c’était formidable. Maintenant que faut–il retenir de tout cela ? Cette renouée est une plante qui a envahi nos régions récemment, quelques dizaines d’années tout au plus. Dans les années 70 elle était inconnue. Ce n’est pas la seule et il y en a bien d’autres. Prenons par exemple le cas du séneçon du Cap (Senecio inaequidens) importée d’Afrique du sud. On en trouve un peu partout aussi. C’est une plante de 60 à 80 cm de haut, clairsemée et formée de petites touffes qui n’empiètent pas sur la flore environnante. Avec la renouée, tout au contraire, nous avons de grosses tiges raides de 20 à 25 mm de diamètre qui s’élèvent à plus de deux mètres de haut. Ces tiges ne sont pas ramifiées mais sont très serrées et occupent des surfaces de plusieurs mètres carrés. Les grandes feuilles présentent tout au long de la tige créent une ombre importante au niveau du sol. La grande densité de ces tiges et l’obscurité engendrée empêchent toute autre présence.

C’est d’autant plus important que les pousses apparaissent dès avril. C’est pour moi un point négatif. Le second point concerne sa prolifération. Il y en a de plus en plus, les massifs s’agrandissent, de nouveaux foyers apparaissent régulièrement.

Je pense donc qu’il est nécessaire de lutter contre ce développement d’une plante qui remplace complètement la flore d’origine. En dehors de produits chimiques néfastes ou interdits je vois deux méthodes. La première est l’arrachage. Cela va bien pour de récentes implantations où il n’y a que quelques tiges. Je l’ai déjà fait, c’est facile, les racines viennent bien et rien ne repousse. Mais pour les grandes surfaces, cela n’est pas envisageable à moins d’utiliser une tractopelle ! l’enchevêtrement des racines rend quasiment impossible leur enlèvement complet. Dans ce cas je vois une autre méthode, la coupe systématique et fréquente à la base des plantes. Les racines sont en fait des rhizomes qui concentrent les éléments nutritifs permettant le démarrage des plantes au printemps. Ces éléments sont fabriqués par la photosynthèse à l’état adulte par les feuilles. Si vous coupez les tiges, il n’y a plus de feuilles, la photosynthèse s’arrête, les rhizomes ne se rechargent pas. En faisant des coupes régulières, dès que la plante atteint quelques dizaines de centimètres avec quelques feuilles, on finira par épuiser la plante qui disparaîtra. Mais il faut être persévérant car plusieurs années seront nécessaires.

Quant à la thèse de Gérard Ducerf concernant l’influence des métaux lourds, mes compétences ne me permettent pas d’apporter des commentaires. Je me bornerai seulement à dire que de nombreuses plantes poussent bien dans certains sols qui correspondent mieux à leur besoin, les orchidées sur sols calcaires ou les plantes de bord de rivière. Donc pourquoi des métaux lourds dans le sol ne faciliteraient-il pas la croissance de la renouée du Japon. Je laisse le soin aux spécialistes d’étudier la question car je vois qu’il y a beaucoup de controverses. Les remparts de Maubeuge en comptent de plus en plus. Il faut savoir que la ville a subi d’importants bombardements durant les deux guerres mondiales, il doit y avoir pas mal d’objets métalliques enfouis. Mais cette renouée se trouve aussi le long de la Sambre qui n’a pas subi les méfaits de la guerre.

Faut-il éradiquer complètement la Renouée du Japon ? A mon avis non, car il est beaucoup trop tard et cela demanderait un travail colossal. Par contre s’attaquer au récentes colonies ou aux endroits gênants devrait être la priorité.

33 commentaires

  1. La renouée du Japon « inconnue dans les années 70 » !
    En 1910, elle était déjà signalée par les botanistes comme « échappée de jardin », « subspontanée dans les décombres », « s’est propagée dans une pépinière abandonnée », « plante naturalisée dans tous les lieux incultes de Nancy, elle envahit le sous-sol de ses longues souches traçantes » en 1921…
    Son caractère envahissant est connu depuis plus d’un siècle !

    1. Beaucoup d’éléments très discutables dans ce post. Déjà, les nouveaux foyers ne sont pas dus à la plante mais a5 os chantier de génie civil (75%dapres la seule etude que je connais, anglaise). Ensuite l’assertion que le s. Du Cap ne concurrence aucune espèce locale : c’est évidemment faux vu l’ampleur de la présence de cette espèce. Certaines autoroutes sont colonisées sur des centaines de km, ça se voit très bien en ce moment.

    2. effectivement, j’ai 74 ans et étant gosse, on en faisait des sarbacanes ou des flutes et ce en Belgique

    3. Je suis d’accord avec ce commentaire, mes grands parents avaient planté cette renoué dans un coin de leur jardin dans le nord-meusien, et elle avait envahi ce coin dans les années 1950.

    4. J’ai peut-être été trop restrictif. Mais à cette époque-là on ne voyait pas cette plante qui restait confinée dans de rares endroits. Elle ne s’est développée que récemment, peut-être depuis 20 ou 30 ans. Actuellement elle est de plus en plus nombreuses et peut occuper des surfaces de plusieurs dizaines de mètres carrés. Le long de la Sambre, un endroit de la berge en est occupée à 100% sur plus de 100 m de long. L’augmentation des températures ces derniers 20 ans ont peut-être favorisé son extension.

  2. D’après « Les 4 flores de France » de Fournier : Polygonum cuspidatum : introduction en France 1825 ; Polygonum sachalinense : introduction en France 1869. Polygonum polystachium : dans la Flore du massif armoricain (1971) indiquée comme « s’est répandue depuis une trentaine d’années et devient de plus en plus commune au bord des routes etc. »

    1. Il ne s’agit pas de la même plante: Polygonum polystachium actualisée sous le nom de Koenigia polystachia (anc. Rubrivena polystachia dans Flora Gallica 2014) est différent de Reynoutria sachalinensis (anc. Polygonum sachalinense), différent lui même de Reynoutria japonica. Trois espèces différentes.

    2. En plus : Je connais un agriculteur de ma région qui a planté ce Reynoutria japonica, plante mellifère pour ses abeilles ! Un comble…!!!

  3. La plus ancienne planche d’herbier en France est à l’Université Claude Bernard Lyon1 : « Spécimen séché de Polygonum cuspidatum rapporté du Japon par le Dr. Philipp Franz von Siebold en 1828 ».
    il en existe trois autres au jardin botanique de Nancy (1855, 1857, 1859) « Polygpnum sieboldii » probablement déposées par Victor Lemoine, horticulteur lorrain, qui avait sans doute obtenu des plans de renouée du belge Van Houtte, héritier de la collection de plantes orientales de Sibolb.
    Voir les travaux de Mélanie Thiébaut et Florence Piola, UMR 5023 « Écologie des Hydrosystèmes Naturelset Anthropisés », CNRS, Université Lyon 1

  4. Bonjour !

    Vrai que c’est une plante jolie, envahissante c’est certain, comme sa proche cousine, la liane du Polygonum (nom donné par Mamie) que mon grand-père avait achetée, puis plantée pour masquer un vieux hangar en tôle…
    Cette plante avait plus que largement rempli son office ! Et je retrouve sa vugueur dans la Renouée qui s’épanouit sur les bords de la Lauch (et ailleurs), en compagnie d’une autre, encore plus ravissante immigrée : l’impatience de l’Hymalaya.

  5. Bonjour !

    Vrai que c’est une plante jolie, envahissante c’est certain, comme sa proche cousine, la liane du Polygonum (nom donné par Mamie) que mon grand-père avait achetée, puis plantée pour masquer un vieux hangar en tôle…
    Cette plante avait plus que largement rempli son office !

    Et je retrouve sa vigueur dans la Renouée qui s’épanouit sur les bords de la Lauch (et ailleurs), en compagnie d’une autre, encore plus ravissante immigrée : l’impatience de l’Hymalaya. L’avais par un heureux hasard trouvée et même encouragée ! dans l’Yonne, la retrouve dans le Haut-Rhin 😉

  6. Bravo !
    Au minimum, il faudrait faire interdire la commercialisation de la plante, partout en Europe.
    Les différentes diffusions des siècles précédents avaient été à peu près endiguées en France. Mais de nouvelles sont venues. Par recoupement, je crains que des marchés publics aient porté sur la renouée pour « verdir vite » une Cité avant le G7 en 1996 ! Et maintenant, c’est la m…

  7. Bonjour, depuis 2 ans j’essaie de faire partir la renoué, les arrachés les renforcent, les brûler guerre mieux, les couper ils se multiplient, la seule chose que j’ai essayé et qui a fonctionné c’est que j’avais encore un petit reste de rundop, horreur parce que je suis pour préserver la nature, mais c’est la seule chose qui a marché, à l’endroit où j’ai mis le petit peu que j’avais encore, ça a fonctionné. Les herbices de maintenant ne marchent pas sur cette plante ou peu, voilà mon expérience

    1. Grande sagesse chère madame… face à une flopée de commentaires inutiles… et ceci d’autant plus que le roundup est complètement inoffensif que ce soit sur le plan toxicologique, écotoxicologique et environnemental.

  8. Pour votre information, la commune d’Anvers en Belgique va tenter d’électrocuter les renouées en envoyant dans les tiges des décharges électriques de l’ordre de 4.000 volts. Je reste perplexe quant à l’affirmation que ce procédé n’aura aucun impact sur l’environnement…

  9. Comme Serge Wydooghe, je me souviens que dans les années 1950 cette plante était bien présente dans un village du sud du département des Ardennes (à proximité d’Attigny) car mon grand-père taillait les tiges de la Renouée du Japon pour m’en faire des « mirlitons » ce que, enfant à l’âge de 6/7 ans, j’appréciais beaucoup. (j’en ai 76 aujourd’hui! ). La plante servait de haie à un jardinet.

  10. Bonjour,
    Cette plante fait son boulot et d’une façon tout-à-fait originale. Comme le dit Mickaël, elle se déplace de chantier en espace vert, de zone à aménager en dépôt sauvage sans avoir besoin de faire des graines (en général, elle n’en fait pas) : elle se déplace en pelleteuse ou en bull-dozer. Elle a un bel avenir devant elle.

  11. Dans la région du Grésivaudan,en Isère, le département et quelques associations on fait un test qui s’avère assez efficace. Couper court et planter des essences tel que le saule et une autre a priori assez efficace pour empêcher la renouée de pousser. Noyer les restes de renouée empêche de les semer de nouveau ailleurs. La renouée pourrit rapidement au fond de l’eau.

  12. En ce début septembre, la fleuraison de nos renouées du Japon a fait le bonheur des insectes butineurs et le notre par son suave parfum de frangipane.
    Dans notre jardin,la renouée est présente depuis plus d’un siècle à trois endroits mais elle n’a jamais été envahissante :le paysagiste qui l’a installée a du choisir une varieté non traçante comme il en existe pour les bambous:en effet,elle se développe en grosse touffe ronde formant un parasol naturel très agréable. Nous n’avons donc rien à lui reprocher.

  13. j’avais émis un doute sur le lien avec les métaux lourds expliqué par G.Ducerf, mais en y réfléchissant dans il y a un point complètement aberrant dans ce que j’ai entendu dans sa vidéo: il dit qu’au bout de quelques temps il n’y a plus de métaux lourds ni dans le sol ni dans la plante. Cela voudrais dire que le processus biologique casse les atomes lourds, donc qu’il crée une réaction nucléaire et non pas chimique. Je n’ai jamais rien vu de tel nulle part pour ce qui est des processus biologiques. Et si j’ai tort danger radiations atomiques !!!

  14. Avec une amie nous avons publié des recettes dans la Garance Voyageuse (M.-A. SELOSSE, J. SHYKOFF, 2022. Luttons biologiquement contre la renouée du Japon. La Garance Voyageuse 135: 39-43) pour transformer l’homme en agent de lutte biologique ! En un mot les jeunes pousses sont utilisables comme les pétioles de rhubarbe !

    1. Bonjour Monsieur Selosse,

      Ravie de vous lire dans les commentaires sur ce sujet,

      Savez-vous ce qu’il en est de sa capacité à absorber les métaux lourds ?

      Si elle les absorbe, n’est-ce pas néfaste pour nous de l’ingérer ?

      Je me pose la question pour nous d’une part, et pour les abeilles d’autre part, car j’ai lu que les métaux lourds ingérés par les abeilles ne se retrouvaient pas dans le miel mais dans leur corps et da’s la cire (expérience sur une mine dc en grande quantité), et je me demandais si les quantités consommées durant une miellée sur de la renouée du Japon pouvaient être suffisantes pour les intoxiquer (tjs selon l’hypothèse que la plante absorbe les métaux lourds)

      Y a-t-il des études à ce sujet ?

      Merci d’avance,

      Cordialement,

      Vassilissa

  15. Bonjour, et merci pour ces articles.
    Je trouve que le gros point à discuter ici est en lien avec votre phrase « … une plante qui remplace complètement la flore d’origine ». Cela a été évoqué dans différents commentaires, les espaces concernés par la présence de la renouée du Japon sont des espaces travaillés et impactés par l’homme, où il me semble que la flore présente est plutôt commune.
    La question est donc à mon sens : y a-t-il des espèces ou des milieux bien identifiés qui soient menacés par la présence de la renouée du Japon ?
    Quelle que soit la réponse cela n’empêche pas de limiter le développement de cette plante là où elle commence à s’implanter, mais la réponse à cette question (peut-être au cas par cas à défaut d’avoir une réponse unique et générale) devrait je pense conditionner la réalisation d’actions plus importants visant à éradiquer la plante.
    Si la renouée parvient à se développer, c’est aussi qu’il y a une place pour elle au sein de l’écosystème, notamment dans ces milieux fortement impactés par l’homme (notamment). Des milieux plus naturels me semblent moins sujets au développement des espèces exotiques envahissantes de manière générale, de la renouée du Japon en tout cas.

  16. J’ai lu avec intérêt les différents commentaires sur l’envahissement de la Renouée du Japon. Une remarque: elle me parait rare dans les endroits cultivés de façon traditionnelle (labour, hersage, etc…) alors qu’elle se développe en bordure des champs, bords de route, prairies non retournées, endroits plus ou moins délaissés …
    Cette remarque, n’est peut-être pas valable partout !!

  17. Coucou à tous,

    Je viens de voir une video de Gerard Ducerf.
    Je suis évidemment septique, comment les métaux lourd pourraient ne pas se retrouver dans la plante ?
    Que les animaux et les hommes la mangent car comestible, mais quand est-il si elle est contaminée ?
    Il me semble important voir vitale de savoir si oui ou non cette plante éliminent les métaux lourds et si oui ou non la plante pousse que sur des sols pollués.
    En plus d’être une plante médicinale, comestible, mellifère, si elle est dépolluante et quelle n’est pas gorgée de métaux lourds c’est une plante miraculeuse !! Régénératrice du sol !

    Bref existe t’il des analyses transparentes et fiables sur cette plante ? Il faut faire des études scientifiques sur cette plantes !

    Merci et bonne soirée

  18. Ici, le long de l’Adour (65), elle prolifère. Or j’avais appris peu de temps auparavant que les bords de l’Adour ont été remblayés avec de nombreux déchets. J’ai trouvé la vidéo de Gérard Ducerf très intéressante au sujet de cette plante. Dommage que le grand public, les collectivités ne connaissent pas les avantages de cette plante pour en tirer parti ( pâturage, pollinisation…). J’ai également lu qu’elle possède des propriétés médicinales : https://www.naturopat.fr/renouee-du-japon-proprietes-bienfaits/

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