OGM : à quel jeu se livre le Ministre français de l’Agriculture ?
Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, à la demande de plusieurs entreprises semencières, a inscrit le 20 juillet 2010 des variétés génétiquement modifiées au catalogue français des semences : 36 variétés de maïs Monsanto Mon 810 produisant un insecticide Bt et deux variétés de maïs Bayer Crops T25 tolérant à l’herbicide total Glufosinate d’ammonium, ce qui leur permettrait d’être exploités commercialement à la faveur de lacunes réglementaires européennes.
Commentaires de France Nature Environnement (FNE)
Rappelons que ces constructions génétiques MON 810 et T 25 sont autorisées par la Commission européenne (CE) depuis 1998, mais que pour être cultivées, les semences doivent obtenir une autorisation de mise sur le marché subordonnée à leur inscription au catalogue des semences français et/ou européen.
– Ce qui est le cas du MON 810 ; mais celui-ci fait l’objet d’une clause de sauvegarde française interdisant sa culture commerciale jusqu’à un éventuel renouvellement d’autorisation par la CE. L’une des principales raisons invoquées par la clause étant l’insuffisance de l’évaluation toxicologique, reconnue ultérieurement par le Haut conseil des biotechnologies (HCB).
– Ce n’était pas le cas, jusque là, pour le T 25 ; de plus, celui-ci bénéficie d’une prolongation faute d’une réévaluation de son dossier par la CE qui aurait dû avoir lieu après un délai de dix années. Par contre, l’herbicide total auquel il est résistant n’est pas autorisé, en France, pour la culture du maïs !
Pour Lylian Le Goff, co-pilote de la Mission biotechnologies de FNE : « On assiste là à un véritable tour de passe-passe estival de la part de Monsieur Le Maire. Par l’entremise d’inscriptions au catalogue, en catimini, et grâce à la passivité de la CE qui n’a toujours pas statué sur le renouvellement des autorisations qui se trouvent ainsi ipso facto prolongées (!), l’exploitation commerciale de ces semences devient possible : à l’exportation dans des pays européens n’ayant pas interdit le MON 810, à la culture commerciale sur le sol français pour le T 25 dès le printemps prochain, sans plan de surveillance ».
Ce qui serait la fin de la protection de l’intégrité de l’environnement et de la spécificité des terroirs français. A moins que la France n’active une autre clause de sauvegarde pour le T 25 !
Et Lylian Le Goff de préciser : « La France serait à l’évidence fondée à interdire le T 25 comme le Mon 810, pour les mêmes raisons fondamentales en relation avec le manque de crédibilité de la CE en matière d’évaluation et d’autorisation des OGM – ceci concernant d’ailleurs l’ensemble des dossiers -. »
Tout récemment, un communiqué ministériel, cosigné par Monsieur Le Maire, publié lorsque le HCB a rendu son avis sur la pomme de terre Amflora, s’est exprimé clairement à ce sujet : « Les autorités françaises rappellent par ailleurs qu’elles attendent l’application des conclusions unanimes du Conseil des ministres de l’Environnement de décembre 2008 sur le renforcement préalable de l’évaluation environnementale et socio-économique communautaire et demandent qu’un bilan en soit présenté rapidement aux Etats membres. »
FNE constate l’incohérence du gouvernement en matière de politique agricole vis-à-vis des OGM, pour servir les intérêts des firmes semencières plutôt que l’intérêt général.
La fédération demande instamment le retrait de ces nouvelles inscriptions au catalogue de semences transgéniques ainsi qu’une action renforcée au niveau européen pour qu’enfin l’évaluation des OGM soit transparente et indépendante grâce à des contre expertises pluridisciplinaires, ce qui serait le minimum.
FNE affirme que tous les avis favorables rendus jusque là en faveur des OGM par la CE devraient être invalidés, à la fois pour des raisons scientifiques et politiques : on ne se donne pas les moyens de certifier l’absence de toxicité des produits et l’on ne respecte pas l’expression démocratique au sein même des instances européennes.
Ce serait un comble que la France avalise ces pratiques et désavoue ses prises de positions en faveur du Bien commun !
Communiqué de presse – Mercredi 4 août de France Nature Environnement (FNE)
13 commentaires
C’est pas bon ca.
Nous somme tous des OGM, depuis 3,5 milliards d’années : sans OGM, seule une espèce de bactérie peuplerait les océans ; sans OGM, point de biodiversité ; sans OGM l’écologie, l’humanité, les mammifères, les vertébrés, le règne animal , le règne végétal, l’hémoglobine pas plus que la chlorophylle … n’existeraient pas.
Qu’ils soient spontanés ou dirigés par le génie humain, les OGM sont inéluctables. Et tant mieux si quelques OGM artificiels permettent d’économiser l’eau, de réduire l’utilisation des pesticides, de subvenir aux besoins alimentaires du plus grand nombre de ventre creux qui se taisent face à la minorité sur-nourrie qui prétend avoir davantage droit à la parole.
bonjour,
Je vous trouve un peu leger de comparer un ogm humainement intégré a une évolution du patrimoine génétique naturelle, Je suis d’accord avec vous sur le terme OGM , mais lorsque l’on nous dit que les ogm economisent eau,engrais et pesticides, ben je prends le pari avec vous sur une expérience simple, je vous propose de cultiver deux parcelles similaires avec l’ogm de votre choix pour une , et l’autre avec une variété traditionelle en méthode organique ou bio si vous préferez.
Sur cinq ans je vous propose de regarder le rendement,les consomations de pesticides et de carburant ainsi que les couts de mo,le tout sur cinq ans… Vous serez surement surpris du resultat…
Cordialement
Un ex- scéptique du bio
Jean
Je pense qu’il y a confusion entre OGM (qui est l’introduction artificielle d’un gêne) et la sélection naturelle ou l’amélioration génétique (qui n’utilise que des processus « naturels »). Il faut faire la part des choses et ne pas ni tout rejeter en bloc ni tout accepter.
Je ne suis pas contre les OGMs qui permettraient d’obtenir des plantes résistantes à la sécheresse et pouvant de ce fait être cultivées en zone aride. C’est sûrement un moyen de faire face à certaines disettes.
Par contre je suis contre les OGMs résistants à divers produits agro-pharmaceutiques (comme on dit). C’est inutile vu que l’agriculture biologique nous a montré le chemin à suivre.
Notons qu’il est impossible de réutiliser les graines OGMs comme semence l’année suivante contrairement aux pratiques ancestrales de nombreux paysans.
De plus, les agriculteurs américains favorables aux OGMs sont en train de faire marche arrière devant toutes les difficultés qui découlent de cette culture.
Alain
Il va falloir garder la faucille à la main.. de tte façon, on se doute bien que Monsauto a à sa botte les gouvernnements entiers de la Terre…
Ca va être dur de développer le bio entre les cultures OGM qui vont pulluler de + en +
Voila un résultat du lobbying (cette force obscure anti-démocratique) des semenciers. ce n’est que le début. Les « raisons scientifiques et politiques » (et j’ajouterais humaines) ces multinationales n’en ont rien à faire. Pour elles (et les politiques qui les courtisent) « la vie est une marchandise »…
Et le mieux c’est que ces firmes essayent de nous faire croire que les OGM c’est bien pour utiliser moins d’herbicides/pesticides….mon oeil!
Comment est ce que l’on peut etre pour ou contre les OGMs quand nos ministres ne nous explique rien la dessus? Quelles sont les opinions de nos scientifiques public qui ne sont pas a la solde des semenciers prives? Quel est le recul sur la culture des OGMs dans les autres pays, y a t’il des benefices face aux changements climatique, la pollution, l’augmentation de la population humaine, etc? Comment gerer/maitriser les problemes associes a ces cultures (e.g. dissemination de pollen transgeniques, croisement avec les especes sauvages)? QUE PENSENT NOS SCIENTIFIQUES FRANCAIS????? LAISSEZ LES S’EXPRIMER???
A plusieurs reprises, l’académie des sciences s’est prononcée sur l’inocuité des OGM et sur leur intérêt pour lutter contre la faim dans le monde. C’est d’ailleurs également l’avis de la quasi-totalité des ingénieurs agronomes. Alors, je préfère écouter les scientifiques et les agronomes plutot que José Bové !
Est ce seulement vous avez vu les derniers reportages sur les paysans indiens??
Est ce que vous avez pris connaissance des conditions de vie des paysans argentins??
Est ce que vous avez survolé les paysages de Borneo??
Y avez vous rencontré les dayaks??
Je vous propose d’aller leur tenir votre discours… Ils en seront surement heureux de vous entendre…
je ne suis pas contre les ogm, je suis contre leur brevetage, l’accaparation du patrimoine genetique végétal ou animal par des privés…
Je suis contre leur utilisation en adéquation avec l’utilisation de produits phytosanitaires associés….
Auriez vous le courage de me répondre???
Les dernières études portant sur les divers pays en développement qui ont « succombé aux charmes » des OGM montrent que les agriculteurs se sont appauvris, que les rendements ne sont pas ceux annoncés, que les mauvaises herbes s’adaptent et deviennent résistantes aux herbicides( et prolifèrent)et que leur culture entraîne l’usage de plus grandes quantités de pesticides, au détriment de l’environnement notamment la qualité des eaux.
En ce qui concerne la pomme de terre Amflora, tous ceux qui ont cultivé un jour des pommes de terre savent qu’à la récolte de nombreux tubercules restent dans le sol et repoussent les années suivantes: rien ne permet de promettre que les cultures suivantes ne soient pas en mélange d’OGM et de non OGM.
Bilan plutôt négatif donc pour ces plantes « miracles ».
Que nos scientifiques s’expriment…. Mais que les ogm n’aient pas de brevet déposable et que leur utilisation ne soient jamais associés a des produits phytosanitaires….
A ces conditions,oui les ogm peuvent tenter un truc…
Surpris par la fréquence des communiqués de presse de la FNE sur les OGM, je suis allé voir sur leur site. On y parle aussi de l’énergie et du Grenelle de l’Environnement. mais finalement très peu de biodiversité et de milieux naturels français. C’est bien dommage pour une fédération qui est censée avoir comme thématique la protection de la nature. Je n’ai toujours pas compris en quoi les PGM avaient à voir avec les milieux naturels. Les gènes d’intérêt pour la production agricole (qu’ils soient transgènes ou non) sont d’ordinaire fortement contre-sélectionnés dans la nature, et tendent à disparaître très vite.