L’ONU salue le succès historique de la Conférence de Nagoya sur la biodiversité
2 novembre 2010 – « C’était une conférence historique. Historique pour la participation, avec près de 15.000 personnes. Historique pour la variété de cette participation, avec la présence de ministres et membres de gouvernement, de représentants de collectivités locales, d’organisations non gouvernementales, du secteur privé ou de la jeunesse. Historique pour le résultat : avec deux accords majeurs », a déclaré mardi le Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique (CDB), Ahmed Djoghlaf.
Il revenait de Nagoya, au Japon, où s’est déroulée du 18 au 29 octobre la 10ème Conférence des parties à la Convention de l’ONU sur la diversité biologique, au terme de laquelle les 193 Etats parties ont adopté deux traités internationaux d’importance majeure pour la protection de la biodiversité.
Le premier est un nouveau plan stratégique pour lutter contre la perte de biodiversité d’ici à 2020. Il prévoit notamment d’augmenter la superficie des terres protégées et des parcs nationaux à 17% de la surface terrestre de la Terre, contre près de 12,5% aujourd’hui, et d’étendre les zones marines protégées à 10% de la surface maritime de la planète, contre moins de 1% actuellement.
Avec ce plan stratégique, les Etats s’engagent également à sauver d’ici à 2020 toutes les espèces connues qui sont à l’heure actuelle menacées d’un risque d’extinction. Ils entérinent le principe d’une « approche de précaution » dans l’exploitation des zones riches en biodiversité dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et le développement des biocarburants de synthèse.
Le second traité adopté à Nagoya et qualifié par Ahmed Djoghlaf « d’historique » est un protocole additionnel à la Convention sur la diversité biologique, destiné à régir l’accès aux ressources génétiques et le partage des bénéfices de leur exploitation.
« Après 18 ans de discussions, quatre ans de rédaction du texte, ce protocole voit finalement le jour, c’est un énorme succès, la première fois dans l’histoire qu’un traité sur les ressources génétiques est signé », a souligné Ahmed Djoghlaf, lors d’une conférence de presse mardi au siège de l’ONU.
Devant les journalistes, le Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique (CDB) a estimé que « les bases d’un nouvel ordre économique » avaient été jetées.
L’accord de Nagoya fixe les règles de base sur la manière dont les nations peuvent collaborer, pour tirer des ressources génétiques de la recherche scientifique sur les animaux, les plantes et les champignons. Il crée un régime international organisant l’accès et le partage des avantages tirés des ressources génétiques (ABS) de la nature.
L’objectif de ce protocole additionnel est d’offrir aux compagnies pharmaceutiques, cosmétiques ou spécialisées dans l’agriculture, un accès régulier aux ressources génétiques, quelque soit le lieu où elles se trouvent -au cœur de l’Amazonie ou au Congo- tout en garantissant le partage des avantages de leur utilisation avec les populations autochtones ou les pays en voie de développement dans lesquelles se trouvent ces ressources génétiques.
« Avec le partage des bénéfices issus de la nature, on donne une raison aux populations autochtones de protéger ces plantes qui nous procurent du bien-être et on donne à ces hommes les moyens de le faire », a souligné Ahmed Djoghlaf.
« Ces populations ne seront plus obligées de survivre en coupant les arbres pour se chauffer ou en tuant les singes pour se nourrir », a-t-il ajouté. « C’est un outil essentiel pour stopper la perte de biodiversité ».
En savoir plus :
– Retrouver ce communiqué de l’ONU
– voir le communiqué de presse de la Convention sur la diversité biologique
4 commentaires
Il faut ecouter aussi sur France Culture l’émition « Terre à Terre » du 16 octobre
Historique, on ne peut qualifier cette conférence d’historique, du moins pas avant le bilan final en 2020, certes les idées sur papier sont très intéressantes, mais faut-il souligner le nombre de conférence et de traité écologique qui tombent à l’eau, sur ce, et pour ne pas finir sur une note de pessimisme, je dirrai pourquoi pas 🙂
cordialement une amie de la terre
Bonjour,
Il a fallu attendre 18 ans avant q’un texte soit enfin rédigé. Il faudra attendre encore 10 ans pour connaître les résultats des menaces qui pèsent sur notre environnement. Je suis révolté par ce manque de dynamisme. Qu’elles sont les vrais enjeux?
J’ai une partie de la réponse pour être bref.
D’abord des enjeux financiers colossaux. Quelques pays ont décidés d’injecter des millions d’euros. Pour le moment il n’y a pas de pilote dans l’avion! Le manque d’espèces et de ressources sur notre terre créent déjà des déséquilibres avec des conséquences sur certaines populations dans le monde( nourritures,eau,santé…)
Il convient d’ajouter à ce tableau la perte du patrimoine génétique avec d’autres effets connus. Bref, nous tous concernés par ce problème et je n’ai pas attendu Nagoya pour agir sur le terrain à mon modeste niveau.
J’espère que cet article vous fera également réagir.
Le premier est un nouveau plan stratégique (pour lutter contre la perte de biodiversité d’ici à 2020)!. Il prévoit notamment d’augmenter la superficie des terres protégées et des parcs nationaux à 17% de la surface terrestre de la Terre, contre près de 12,5% aujourd’hui, et d’étendre les zones marines protégées à 10% de la surface maritime de la planète, contre moins de 1% actuellement.
Je reprends cette partie du communiqué qui parle de lutte contre la perte de biodiversité et qui à aucun moment ne parle des espèces invasives qui sont l’un des facteurs de perte de biodiversité aussi bien en milieu terrestre qu’en milieu aquatique. L’augmentation de terres protégées et de parcs nationaux inclut-elle la lutte contre l’infestation par les espèces invasives desdits terres protégées et parc nationaux?
J’ai l’exemple d’un jardin botanique en début d’infestation par Ailanthus altissima et vue la superficie de ce jardin comparée à celle d’un parc national sera-t-il possible de contrôler l’arrivée des semences d’espèces invasives sur des surfaces aussi grandes surtout si elles sont totalement ignorées dans les programmes de « protection de la biodiversité »?
A quoi servent alors les fameuses listes rouges sur les espèces invasives?
L’ignorance de ce deuxième facteur d’érosion de la biodiversité risque de faire échouer tous les plans de lutte contre la perte de biodiversité en particulier dans les pays où elles sont totalement ignorées faisant d’eux des sources de production de semences des espèces invasives et des foyers de propagation vers les pays voisins.
Salutations