L’évolution par fusion
Dans le numéro 400 du mois de février, la revue Pour la Science propose page 50 un article de Marc-André SELOSSE sur des mécanismes de l’évolution peu connus et qui font évoluer notre connaissance des mécanismes darwiniens d’apparition des espèces par fusion de gènes.
En effet, l’arbre d’évolution porte des branches qui se ramifient au fil du temps, mais pas seulement : par un mécanisme dit d’évolution par fusion, certaines branches fusionnent parfois avant de diverger à nouveau.
Trois de ces mécanismes sont présentés :
– l’endosymbiose où l’un des partenaires vit dans les cellules de l’autre. Si elle peut se transmettre à la génération suivante, c’est une fusion évolutive. Il en a été ainsi pour les mitochondries qui fournissent l’énergie aux cellules et pour les chloroplastes provenant de micro-organismes procaryotes ancestraux.
– l’hybridation : résultat de la fécondation entre gamètes issus de lignées différentes. L’hybride formé peut être viable ou non. S’il est fertile, il peut constituer une espèce nouvelle. C’est le cas pour le séneçon négligé (Senecio squalidus), hybride simple de deux espèces différentes (Senecio aethensis et Senecio chrysanthemifolius) possédant le même nombre de chromosomes (2n=20) ou de Senecio cambrensis, hybride triploïde (2n=60) entre Senecio squalidus (2n=20) et Senecio vulgaris (2n=40) dans lequel l’hybridation est allopolyploïde.
– le transfert de gènes : passage d’un gène d’un organisme à un autre, d’espèces différentes. Mécanisme fréquent chez les bactéries, il existe aussi chez les organismes les plus complexes, notamment les végétaux, mais aussi les animaux (les rétrovirus aujourd’hui intégrés dans le génome humain représentent près de 10 pour cent des gènes de l’homme)
Plus qu’un arbre, le cours de l’évolution serait un réseau, dont les branches se séparent, puis refusionnent. Ces mécanismes ne remettent pas en cause l’arbre (ou plutôt le buisson) de la vie, mais complexifient notablement sa représentation.
Marc-André SELOSSE est professeur de biologie à l’Université de Montpellier II et chercheur au Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE) du CNRS.
Daniel Mathieu