Glanes étymologiques : Psyllium, cynops, pucier

Lors d’une sortie botanique, on m’a demandé pourquoi plusieurs plantains s’appelaient pucier ou herbe aux puces. Il s’agit de Plantago afra et de Plantago arenaria, des plantains à feuilles caulinaires.

Dioscoride (4.69) en explique clairement la raison : « ψύλλιον – psullion, ou kunokephalon (« tête de chien »). Sa feuille est semblable à celle du korônopous (« pied de corneille », Plantago coronopus), poilue, avec des tiges longues d’un empan. Toute la plante est herbacée. Son feuillage commence à partir du milieu de la tige. Au sommet, il y a deux ou trois petites têtes compactes, dans lesquelles sont des graines noires et dures ressemblant à des puces (ψύλλος – psullos). Elles pousse dans les terrains cultivés. »

Théophraste (VII, 11, 2) n’utilise pas ψύλλιον – psullion, mais κύνωψ – kunôps / ἀχύνωψ – akunôps, « œil-de-chien ».

Donc, ψύλλιον – psullion signifie « petite puce », par allusion à ses graines petites et luisantes. Le nom a été latinisé en herba pulicaris, pulicaria (André) et francisé en pucier, herbe aux puces. Il désigne les deux espèces Plantago afra et Plantago arenaria. Psyllium est utilisé par la plupart des botanistes du Moyen-Age et de la Renaissance.

Malheureusement, Linné a publié deux fois le nom Plantago psyllium et Plantago cynops en 1753 et 1762, avec des descriptions différentes. Cela a entraîné une grande confusion. les botanistes auraient pu la résoudre par la typification, mais ils ont préféré faire de ces noms des nomina utique rejicienda. C’est pourquoi la première s’appelle maintenant Plantago arenaria, et la seconde Plantago afra, entraînant l’abandon d’épithètes qui dataient de deux mille ans.

Restent les noms populaires pucier et herbe aux puces. Quant à psyllium, il est souvent utilisé en pharmacopée pour désigner le psyllium blond ou ispaghul, nom d’origine indienne de l’espèce la plus utilisée, pour ses propriétés laxatives et émollientes.