Un taxon méconnu des Pyrénées occidentales : Le Cirse de Vivant

Un travail réalisé par Antonin NICOL, qui partage avec le réseau Tela son expérience autour du Cirse de Vivant.(« Cirsium x vivantii » L.Villar et al., 2007).

Un travail réalisé par Antonin NICOL, qui partage avec le réseau Tela son expérience autour du Cirse de Vivant.(« Cirsium x vivantii » L.Villar et al., 2007).
Introduction
Le 20 juin 1998, l’éminent botaniste béarnais Jean Vivant (1923-2010), prospectant les mégaphorbiaies des environs de Gourette (64), remarquait un cirse un peu particulier. Très vite, il comprit qu’il était en présence d’un hybride qui s’était formé au contact d’autres cirses poussant tout près. Mais Jean Vivant ne poursuivit guère ses investigations et se contenta simplement de signaler ce cirse hybridé dans ses ditions botaniques d’alors (cf. « Le Monde des Plantes », n°462, année 1998).
Puis, en juin 2002 et juin 2003, des botanistes-scientifiques français et espagnols (L.Villar, A.Lanaspa, M.Saule et D.Fallour), prospectant une station de Cirse roux (« Cirsium carniolicum ssp rufescens », (Ramond ex DC) P. Fournier dans le Val d’Azun (65), découvraient le même hybride au milieu de ses « parents » biologiques. Des lors, la considération autour de cet hybride interpella sérieusement les chercheurs. En juin 2005, Luis Villar et son collègue A.Lanaspa du CSIC de Jaca en Espagne prirent les choses en mains et revisitèrent les 2 stations concernées. A partir de pieds prélevés et d’études ADN, en janvier 2007, Luis Villar décida d’asseoir le statut d’hybride en un véritable taxon botanique au rang de sous-espèce sous le nom de « Cirsium x vivantii », le Cirse de Vivant, et qui fut accepté de par sa publication en mars 2007.

Diagnose discriminante simplifiée
La plante a pour « parents » :
Cirsium palustre (L.) Scop. , cirse des marais, taxon répandu un peu partout en France.
Cirsium carniolicum ssp. rufescens (Ramond ex DC) P. Fournier, cirse roux, taxon endémique des Pyrénées françaises (Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées)

Par rapport au Cirse des marais, la confusion s’avère impossible. Par contre, par rapport au Cirse roux, la détermination est parfois ténue. Le Cirse de Vivant se caractérise par la tige velue dans la partie supérieure avec des poils blancs-translucides, partiellement ailée et piquante ; feuilles velues présentant le même indument de poils blancs-translucides ; feuilles basales ovées-lancéolées, pétiolées et piquantes (L. 16-32 cm x 12-14cm) ; capitules 1-2 voire 3 par rameaux, patents, subsessiles ou courtement pédonculés ; corolle jaune avec les extrémités légèrement roses (Nb. Ce caractère, facilement repérable, est fondamental pour avoir une détermination sûre du taxon. En effet, chez le Cirse roux, la corolle est strictement jaune alors que chez le Cirse des marais, elle est franchement rose).
H.= 0,80-1m.
Floraison : mi-juin/mi- juillet.
Habitat : mégaphorbiaies, zones humides et ombragées au pied des falaises calcaires, sols constamment mouillés en bordure de ruisseau.
Localités : à ce jour, il n’existe que 2 localités mondiales !
Pyrénées-Atlantiques : Gourette, zone dite de Ley, à 1210m. 30TYN1760.
Hautes-Pyrénées : Val d’Azun, près d’Arrens, Pène d’Ourey, noiseraie humide, à 1190m. 30TYN2658.

Cirse des marais & cirse roux
Cirse des marais & cirse roux

pas de alt pour cette image, soz
Conclusion
Je tiens à préciser que le nombre de pieds relatifs aux 2 seules localités n’excède pas 20 ! Avec le Cirse de Vivant, on est en présence d’une plante RARISSIME.
Dans la Liste Rouge des Espèces végétales menacées d’extinction, elle fait figure d’oubliée. Pourtant, s’il y en a une qui doit y figurer sans avoir à discuter longtemps, c’est bien celle-là !

Antonin NICOL
(Laruns, novembre 2013)

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Photos d’illustration de l’auteur.

6 commentaires

    1. Les abords du parking, hormis la route, sont difficles d’accès et n’invitent pas à se promener par-là. En outre, une affreuse station d’épuration bloque l’accès! Il faut vraiment connaître pour aller vers le Cirse de Vivant. Moi
      même, compte tenu de la rareté de la plante, j’y vais toujours seul.
      Antonin NICOL

    2. Vous avez oublié de mentionner les coordonnées GPS exactes dans vos commentaires pour que les « collectionneurs en herbier » agrandissent leur collection de plantes rares séchées…!

  1. 1. L’espèce est un hybride donc un taxon par nature instable (sauf s’il est en partie fertile) ; cela explique que l’espèce ne soit pas dans les listes rouges qui ne traitent que des espèces « vraies » et des hybrides fixés

    2. On peut réaliser un herbier sans être collectionneur. Et si quelqu’un veut vraiment trouver la plante, il la trouvera, qu’il aie un pointage précis ou pas.

    3. Je considère (avec pas mal d’autres) que la méconnaissance des espèces nuit plus que l’éventuelle prédation par quelques personnes ; la plupart des taxons disparaissent sous les aménagements réalisés (ou à cause des modifications du milieu), et non par collecte.

    Cordialement

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