La Materia Medica de Dioscoride sur Pl@ntUse

Le texte grec de la Materia Medica de Dioscoride (1er siècle de notre ère) est maintenant disponible sur Pl@ntUse ! Certes, il n'est lisible que par les hellénistes, mais des titres ont été ajoutés avec une transcription en caractères latins, ainsi que des traductions partielles par Suzanne Amigues et des identifications.

Le texte grec de la Materia Medica de Dioscoride (1er siècle de notre ère) est maintenant disponible sur Pl@ntUse ! Certes, il n’est lisible que par les hellénistes, mais des titres ont été ajoutés avec une transcription en caractères latins, ainsi que des traductions partielles par Suzanne Amigues et des identifications.

Curieusement, il n’y a pas eu de traduction française depuis Matthiole (1572). On peut se procurer aujourd’hui deux traductions en allemand, deux en anglais et une en espagnol. Leur comparaison montre qu’elles sont le fait d’hellénistes qui n’ont pas fait l’effort de renouveler les identifications. Quant aux botanistes, ils semblent ne plus s’intéresser à Dioscoride depuis Sprengel et Fraas au XIXe siècle.

Et pourtant, l’œuvre de Dioscoride est indispensable à quiconque s’intéresse à l’histoire de la botanique. Elle a été la base presque unique des connaissances botaniques pendant tout le Moyen-Age, et les botanistes de la Renaissance n’ont eu de cesse de traduire et commenter Dioscoride (Théophraste n’a été redécouvert qu’à la Renaissance).

Il en résulte que la plupart des noms de Dioscoride se retrouvent dans les noms du latin botanique. Tout dictionnaire étymologique se devrait donc de remonter à Dioscoride. C’est ce que Pl@ntUse fera au fur et à mesure.

Les noms latins des plantes sont souvent perçus comme compliqués, avec plein de h et de y. Quand on lit Dioscoride, on est surpris par la fraîcheur du texte, et par le fait que ses noms grecs ont été des noms populaires. Alcea est tout simplement « la secourable », althaea « la guérisseuse ». On découvre que akoron est Iris pseudacorus, et qu’il a été confondu avec Acorus calamus parce que les deux sont des plantes aquatiques qui donnent un rhizome odorant. Encore plus amusant, le gratteron Galium aparine, s’il porte sans surprise le nom d’aparinê, a comme synonyme « la philanthrope », parce qu’il s’attache à l’homme !

Bref, de quoi réjouir tous ceux qui s’intéressent aux noms des plantes, ou qui cherchent des anecdotes cultes. Comme Pl@ntUse est un site collaboratif, n’hésitez pas à proposer des traductions si vous êtes helléniste, ou à en demander au cas par cas.

PS. Ces pages viennent s’ajouter à l’index des plantes de Théophraste. On peut penser aussi aux œuvres de Galien, d’Hippocrate ou des auteurs arabes. Mais c’est une autre affaire.

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Photo d’illustration : Dioscoride, Wikimedia Commons

2 commentaires

  1. Bonjour,

    Je profite de ma question pour remercier grandement toute l’équipe de Télabotanica pour son magnifique travail.
    Je m’emmêle un peu les pinceaux : je croyais que Acorus calamus avait été introduite en Europe bien plus tard (j’ai lu 13 et 16e siècle). J’en avais déduit que la confusion était dans l’autre sens (on aurait appelé l’acore Acorus à cause de sa ressemblance avec l’iris des marais et non l’inverse). Cela veut-il dire que Dioscoride connaissait des plantes lointaines comme Acorus ?

    1. Acorus calamus L. s’appelait calamus aromaticus en latin et κάλαμος ἀρωματικός – kalamos arômatikos en grec, jamais acorum / akoron. Le « vrai » acorus des botanistes est donc le « faux » des Anciens, et inversement. Donc vous avez raison.
      On a en grec κάλαμος εὐώδης – kalamos euôdês, « roseau aromatique » (Théophraste, IX 7, 1-2) et κάλαμος ἀρωματικὸς – kalamos arômatikos (Dioscoride, 1.18) pour Acorus calamus. Mais cela ne veut pas dire que les Anciens connaissaient la plante. Ils en recevaient simplement les rhizomes séchés. Dioscoride dit d’ailleurs que la plante pousse en Inde.

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