Promenade botanique dans le parc de l’Ambassade de France à Phnom Penh
L’Ambassade de France à Phnom Penh occupe une superficie de 4,8 hectares. Elle est située à l’extrême nord du boulevard Monivong, juste au sud-ouest du grand rond-point qui se trouve devant le pont de Chroy Changvar, qui enjambe la rivière Tonle Sap. Ce terrain a été concédé en 1955 par le gouvernement du Royaume du Cambodge pour recevoir la représentation diplomatique française, suite à la déclaration de l’indépendance du pays en 1953, après 90 années de protectorat français.
L’essentiel du terrain occupé par l’Ambassade de France est un immense parc, qui constitue de fait l’espace vert le plus vaste de la capitale cambodgienne. Ce parc est parfaitement entretenu par une équipe de jardiniers zélés. J’ai eu l’occasion d’assister l’un des neuf artistes qui avaient été sélectionnés par l’Ambassade pour créer des œuvres originales pour l’exposition « Déambulations artistiques », deuxième édition d’une exposition d’art contemporain à ciel ouvert. Cette exposition s’est tenue dans le parc de la représentation française en mars 2020. J’ai grâce à cela eu le privilège de pouvoir flâner librement pendant quelques jours dans cet espace unique.
Les espèces végétales présentées dans ce parc sont nombreuses (on dénombre une cinquantaine d’espèces d’arbres). Elles ont soit été sélectionnées par les jardiniers de l’ambassade, soit été offertes par des personnalités. Son Excellence Say Samal, Ministre de l’Environnement depuis 2013, a notamment fait à l’Ambassade cadeau de 50 arbres à replanter.
Parmi les espèces les plus remarquables que l’on peut rencontrer dans le parc, signalons entre autres le figuier étrangleur (Ficus altissima), arbre parasite qui germe sur un arbre hôte qu’il finit par tuer, dont un spécimen aux dimensions impressionnantes peut être observé ; le koki (Hopea odorata), dont le bois est l’un des plus réputés en Asie du Sud-Est ; le palmier de Palmyre, ou palmier à sucre (Borassus flabellifer), arbre national du Cambodge aux multiples utilisations (sucre, fibres, fruits…) ; le tamarinier (Tamarindus indica), dont le fruit et les feuilles sont fréquemment utilisés en cuisine cambodgienne…
Figuier étrangleur dans le parc de l’Ambassade de France à Phnom Penh
Parmi les autres curiosités botaniques, citons encore l’arbre pieuvre (Schefflera actynophylla), dont un exemplaire a été offert en mai 2018 par Son Altesse Royale la Princesse Marie Norodom, le jamelonier (Syzygium cumini), dont le bois imputrescible est utilisé pour les voies de chemin de fer et les puits, l’arbre à brosse à dents (Streblus asper), dont la tige peut servir de brosse à dents, ou encore l’arbre diable (Hura crepitans), arbre vénéneux dont le tronc est couvert de nombreuses épines.
Jeune arbuste pieuvre offert en mai 2018 par S.A.R. la Princesse Marie Norodom
Tronc de l’arbre diable
Le parc constitue un lieu très agréable. Les promenades que l’on peut y faire sont relaxantes, et reposent du bruit et de la vie trépidante de la capitale cambodgienne. Malheureusement, l’endroit n’est ouvert au public qu’à l’occasion des rares expositions artistiques qui y sont organisées (à ce jour, une en 2019 et une en 2020) ou à l’occasion des journées du patrimoine.
Signalons encore que le parc abrite l’un des vantaux du fameux portail de l’Ambassade de France à l’abri duquel se réfugièrent les derniers étrangers présents à Phnom Penh lors de la prise de la ville par les Khmers Rouges en avril 1975, portail que l’on aperçoit dans le film de Roland Joffé La Déchirure (1984) et dont parle François Bizot dans son livre Le Portail, publié en 2000 (adapté au cinéma par Régis Wargnier sous le titre Le Temps des aveux (2014), ainsi que les vestiges de quelques pierres tombales de l’ancien cimetière français de Phnom Penh.
Plaque apposée devant le vantail de l’ancien portail de l’Ambassade
L’un des vantaux de l’ancien portail de l’Ambassade de France
Un livret publié par l’Ambassade de France à Phnom Penh, intitulé Déambulations botaniques, présente de façon succincte le parc, son histoire et les principales espèces que l’on peut y trouver. Sa version électronique peut être téléchargée sur la page du site web de l’Ambassade de France au Cambodge, ici (en bas de page).
(Toutes les photographies qui illustrent le présent article ont été prises par l’auteur dans le parc de l’Ambassade en février 2020.)
3 commentaires
Bonjour Pascal et merci pour ce moment de découverte
L’espèce Hura crepitans existe aussi au Sénégal où elle a été introduite. L’arbre y est utilisé comme ombrager et est connu sous les noms de sablier ou bombardier. L’appellation bombardier vient du fait que le fruit explose, en faisant un grand bruit, lorsqu’il libère ses graines.
L’Ambassade a publié ici un magnifique document. A défaut de pouvoir se rendre à Phnom Penh, et de pouvoir pénétrer dans ce jardin, il nous fait visiter ce jardin non seulement intéressant du point de vue botanique, mais aussi très joliment dessiné et très bien entretenu.
Ce n’est qu’un aperçu de la flore tropicale utile ou décorative, mais très réussi sur cette surface limitée.
Bravo aux diplomates, aux agronomes aux jardiniers.