La jacinthe d’Orient (Hyacinthus orientalis L.) entre tradition et marchandisation : flânerie parfumée dans les allées de l’histoire sur la piste d’une fine fleur
Cette contribution à l’étude ethnobotanique de la jacinthe d’Orient (Hyacinthus orientalis L.) a été déclenchée par une énigme que nous avons cherché à résoudre : il s’agissait pour nous de connaître la nature exacte d’un produit alimentaire mentionné sur le web sous le nom de « confit de jacinthe de Constantinople » de manière redondante mais sans pour autant que nous soit donnée la moindre indication sur sa composition et sur la source de l’information, alors même qu’il nous est décrit comme ayant été autrefois très prisé. Trouver une réponse à cette question nous a conduit à explorer les divers usages qui ont pu être faits de cette espèce, d’abord dans la tradition des pays d’où la plante est originaire, ensuite en Europe où elle fut introduite dans la deuxième moitié du XVIe siècle, devenant rapidement, en raison de sa beauté et de son parfum, symbole d’élégance et de raffinement, une représentation valorisante qui fut beaucoup exploitée pour écouler divers produits dérivés censés posséder l’arôme, la saveur ou les propriétés médicinales prêtés à la plante. Pour nous, partir à la découverte de tous ces usages, qu’ils relèvent de la tradition orientale ou de l’innovation occidentale, ne fut en réalité qu’un prétexte pour mieux connaître la jacinthe d’Orient qui les inspira, en la suivant à la trace dans sa rapide diffusion en Europe à partir de son territoire d’origine. Ce fut pour nous, à tous les égards, un voyage passionnant.
Jamal Bellakhdar, pharmacien, docteur en sciences de la vie, chercheur en ethnobotanique et anthropologie des techniques anciennes.
Titre de l'ouvrage : La jacinthe d’Orient (Hyacinthus orientalis L.) entre tradition et marchandisation : flânerie parfumée dans les allées de l’histoire sur la pise d’une fine fleur
Auteur(s) : Jamal Bellakhdar
Carnets botaniques, article n° 81, 19 janvier 2022
Nombre de pages : 22
ISSN 2727-6287
Prix indicatif : gratuit
pdf du document téléchargeable sur
1 commentaire
Merci pour cette étude très fouillée sur un sujet somme toute mineur !
J’en ai profité pour compléter mes données sur l’étymologie du nom Muscari. En consultant John Gerard (1597, 105) (connu pour être largement un plagiaire), j’ai vu qu’il donnait le dessin d’un « Muscari Clusii ». J’en ai conclus qu’il n’était pas le premier à parler de Muscari. Et effectivement, avant Clusius 1601 (178), il y a Clusius 1583 (Rariorum Stirpium Pannoniam, 204), qui a une notice sur Muscari. Ce serait donc bien Clusius le premier.
Par ailleurs, si μοσχάρι – moskhari vient bien du grec byzantin, le mot existe déjà en grec ancien μοσχάριον – moskharion, au sens de « de musc », Le muscari est donc tout simplement « le musqué ». Par contre, je sais pas d’où viennent les terminaisons de Muschoromi, Muscurimi citées par Clusius et recopiées par Gerard.
Cordialement,