Les échappées fleurissent en avril !
En 2022, Tela Botanica a lancé trois nouvelles missions flore en association avec les CBN d’Occitanie et l’ANSES. Ce projet s’inscrit dans une stratégie de détection précoce des plantes exotiques potentiellement envahissantes échappées des milieux cultivés.
Ces trois missions vous invitent à partir à la recherche des plantes exotiques envahissantes ou potentiellement envahissantes introduites dans les espaces verts publics et les jardins privées pour leurs qualités ornementales.
Une espèce exotique envahissante est définie comme « une espèce animale ou végétale exotique, c’est-à-dire non indigène sur ce territoire, dont l’introduction par l’homme [après le XVe siècle], volontaire ou fortuite, y menace les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences écologiques, économiques et sanitaires négatives ». (d’après la Stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes, 2017).
Ainsi, le choix des plantes que nous mettons dans nos jardins peut avoir une influence sur les écosystèmes au-delà de notre palissade…
Prospectez aux abords des plantations en zones urbaines et périurbaines (jardins, massifs, ronds-points et espaces verts), voire au-delà, seul, avec des telabotanistes ou avec le soutien de structures botaniques. À partir d’avril, vous pourrez observer les petites fleurs parfumées du buisson ardent (Pyracantha coccinea) !
Le buisson ardent est un arbuste épineux très touffu. Ses feuilles sont persistantes, vertes foncées et luisantes sur la face supérieur, de forme elliptique. Les petites fleurs blanches sont regroupées en corymbe.
Cet arbuste se reproduit à partir de bouture de tige et grâce aux nombreuses graines qu’il produit et qui sont disséminées par des animaux (fruits toxiques pour l’homme).
Il entre en compétition avec des espèces locales et sa prolifération le long des routes augmente le coût d’entretien de la voirie.
Prospectez cette fois-ci en forêt. Les 5 espèces de cette mission sont reconnaissables à partir d’avril et certaines sont en fleurs. C’est le cas du paulownia impérial (Paulownia tomentosa), du chêne rouge d’Amérique (Quercus rubra) et du laurier-cerise (Prunus laurocerasus – infos à retrouver dans l‘article précédent ici).
Suivez l’odeur de violette jusqu’à trouver une arbre sans feuilles, ou avec des feuilles qui commencent à peine à grandir mais qui porte de belles panicules violettes. Vous serez alors probablement devant un paulownia impérial. Cet arbre est capable de pousser dans des fissures ou entre des dalles et peut combler rapidement les trouées en forêt grâce à sa croissance rapide. Les rameaux, surtout les jeunes, sont fortement pubescents.
Chez le chêne rouge, les fleurs mâles sont observables en chatons pendants tandis que les fleurs femelles sont plus difficilement observables à cause de leur petite taille. Cet arbre se ressème facilement de manière autonome. Les pousses sont en général vigoureuses et peuvent empêcher la végétation endémique de se développer.
La mission se déroule en bord de plage, sur les littoraux et dans les dunes. Pour ceux qui ont la chance de vivre près du littoral, le retour du soleil et des températures douces donne envie d’aller se promener sur le sable. Profitez-en pour regarder la végétation qui se trouve autour de vous et pour repérer les griffes de sorcière (Carpobrotus sp.), les éonies de Haworth (Aeonium haworthii) et les éonies (Aeonium arboreum) qui sont en fleurs en avril !
Les griffes de sorcière sont des plantes grasses rampantes qui forment des tapis végétaux monospécifiques. Les feuilles sont charnues triangulaires et recourbées au bout, faisant penser à une griffe. Leurs fleurs sont solitaires, en bout de tige et la couleur varie d’une espèce à l’autre. Quelque soit la couleur de la fleur, les conservatoires botaniques sont intéressés par les informations de localisation. N’hésitez donc pas à transmettre vos données accompagnées de plusieurs photos, les experts vous aideront ensuite à identifier quelle espèce du genre Carpobrotus vous avez observé !
Les griffes de sorcières entrent en compétition avec les plantes locales en terme d’espace mais aussi en modifiant la composition des sols. Elles ont aussi un impact sur les animaux puisqu’elles perturbent le réseau de pollinisateurs et favorisent les herbivores généralistes au détriment des autres espèces.
Vous ne pourrez pas rater les inflorescences jaunes vives et denses de l’éonie ! Cet arbrisseau peut mesurer jusqu’à 1m de haut. Les individus qui s’échappent en Occitanie sont probablement issus de cultivars hybrides, plusieurs variétés étant commercialisées en France. Une plante peut se développer à partir d’un bout de tige seulement, notamment lors du déversement de déchets en contenant. Elle est capable de recouvrir une surface, laissant très peu d’espace pour des espèces endémiques.
L’éonie de Haworth est un petit arbrisseau dont les feuilles sont souvent bordées de rouge et ciliées. Les fleurs sont vertes qui tend parfois vers le rose. Comme l’éonie vue précédemment, elle se reproduit majoritairement par voie végétative et un morceau oublié ou présent dans des déchets peut se développer et former une plante. Elle produit aussi de nombreuses graines qui se répandent grâce au vent.
Cette espèce forme des peuplements denses pouvant empêcher les plantes endémiques de se développer.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur les pages Mission Flore avant de partir sur le terrain !
Pour que vos observations soient identifiables par d’autres, vous êtes fortement encouragés à y joindre des photos, si possible de chaque organe de la plante. En effet, même le meilleur d’entre nous peut faire des erreurs et la taxonomie étant continuellement en évolution, il est intéressant de pouvoir vérifier leur identification. De plus, ces photos doivent suivre quelques règles pour être efficaces. Elles sont détaillées dans le tutoriel photo disponible ICI.
Suivre ces explications augmentera vos chances d’obtenir de l’aide à l’identification sur IdentiPlante et facilitera le travail des vérificateurs de données de Tela Botanica. Pour en savoir plus …