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Ronce à feuilles de noisetier

Rubus pruinosus Arrh.

Famille des Rosaceae


La ronce commune est un sous-arbrisseau vivace plus ou moins épineux dont la hauteur varie de 1 à 7 m. Sa souche ligneuse produit chaque année des rejets, appelés turions, sarments (le terme scientifique de primocanne est également utilisé), à section anguleuse4. Ces tiges aériennes bisannuelles (plus rarement vivaces5) et feuillées, de 3 à 4 m de longueur (pouvant atteindre dix mètres) sont d'abord dressées puis à la fin de la première année se recourbent4. Lorsque leur extrémité apicale rejoint le sol (géotropisme positif)6, elles s'enracinent par marcottage, puis développent la seconde année, à partir de bourgeons axillaires des tiges florifères (appelées aussi floricannes) qui colonisent rapidement le terrain pour former des fourrés impénétrables appelés ronciers. Ces jeunes pousses fleurissent au cours de la deuxième année, se lignifient et meurent après la fructification7. La plante peut également se reproduire par bouturage et drageonnage (en moyenne 3 drageons/m2)8. Les tiges ont un diamètre de 2 à 3 cm à leur base et sont angulaires à faces planes jusque vers leur mi-longueur9. Vertes, elles ont des teintes rouge violacé au niveau des faces exposées au soleil en raison de la présence d'anthocyanes qui ont un rôle photoprotecteur : en absorbant les UV, ces pigments réduisent la photo-oxydation (en), agissant en bouclier pour l'ADN et les composants cellulaires (comme le bronzage qui correspond à une augmentation de la mélanine épidermique)10.

Les feuilles typiques, alternes, pétiolées et stipulées, sont composées palmées, à 3-5 (7) folioles ovales (caractère trifolié, pentafolié ou même heptafolié selon la position des feuilles et l'année de la pousse11) denticulées et acuminées, les latérales étant plus ou moins pétiolulées. Elles sont épineuses sur le pétiole et les nervures principales. Les stipules linéaires font moins de 1 mm de large, contrairement à la ronce bleue12.

Les tiges épineuse portent également des aiguillons acérés recourbés (acicules plus ou moins droits chez les autres ronces du genre Rubus, ils hérissent les angles et souvent les faces des tiges) vulnérants à base dilatée4. Ces aiguillons, issus de poils épidermiques très développés qui se lignifient, assurent une défense mécanique passive contre les herbivores. Les ronces dans des zones plus paturées ont des aiguillons plus longs et acérés, ce qui montre le contrôle épigénétique de la plasticité phénotypique des plantes13.

La ronce est une plante médicinale « très appréciée dans l'Antiquité pour son action astringente, antidiarrhéique et antihémorragique »43 : Pline l'Ancien la vante pour ses vertus anti-inflammatoires de l'intestin et de la bouche, décrit un sirop à base de mûre de ronce (le panchrestos, littéralement « bon à tous maux »). Ses vertus sont également reconnues au Moyen Âge comme les mentionne l'école de médecine de Salerne, Hildegarde de Bingen au xiie siècle qui la préconise contre les hémorragies du fondement44,45. Dans l'esprit de la pensée magique médiévale reposant sur la théorie des signatures (plaies sur la peau analogues à la piqûre des aiguillons), la ronce est réputée retirer les affections de peau en rampant sous ses arceaux et être le meilleur antidote des morsures de serpents46. Dans l'occident médiéval, elle a également une action ambivalente : les mûres sont accusées « de nuire à la santé, d'engendrer des maux de tête et de la fièvre », et cette mauvaise réputation se rencontre encore aujourd'hui dans son surnom de « ronce de renard », cet animal qui « cueille » les fruits et les souille facilement de ses déjections47. Les botanistes du xvie siècle (Fuchs, Dodoens) reconnaissent également ses vertus médicinales43. Elle est dite à bon droit, au même titre que les roses et les épervières, « la croix des botanistes », les anciens voyant en elle une panacée pour guérir presque toutes les maladies48.

Grâce à leur richesse en tanins astringents, les feuilles séchées et les jeunes pousses fermentées sont utilisées en gargarismes détersifs, en tisanes. Elles apportent également de la vitamine C