Sylvie Houte


Je pilote 3 programmes:
  • 1-Des Nichoirs dans la Plaine (2008): suivi de 2200 nichoirs posĂ©s dans les jardins
  • 2-Mon Village Espace de BiodiversitĂ© (2012): suivi de ruches communales et d'abris Ă  insectes
  • 3-Beehope (2015): suivi gĂ©nĂ©tique des abeilles locales par les apiculteurs amateurs tous ces suivis sont rĂ©alisĂ©s par les habitants des communes. je participe Ă  ce programme:
  • 4- Nouveaux Commanditaires (2013): construction d'un programme de recherche par des citoyens

Depuis une dizaine d’année, il émerge en France un nouveau paradigme qui élargie le champ de la conservation de la biodiversité aux citoyens. C’est en particulier le cas des sciences participatives. Ces programmes sont néanmoins portés par des scientifiques dont l’objectif est de récolter des données à grande échelle spatiale et temporelle grâce aux citoyens. Il s’agit donc plutôt d’observatoires citoyens de la biodiversité plutôt que de dispositifs scientifiques participatifs. Face au constat d’échec des programmes de conservation de la biodiversité, je fais le postulat qu’il est urgent de réaliser une rupture majeure dans leur démarche de mise en œuvre. Il s’agit en général de projets élaborés par des politiques publiques qui s’appuient sur des scientifiques et collaborent avec des associations de protection de la nature (top down). Dans cette démarche, les citoyens sont tout juste considérés comme des cibles de campagne de sensibilisation. On les sensibilise, on leur dit qu’il faut protéger telle ou telle espèce, on leur dit ce qu’il faut faire. Mais à aucun moment, on les invite à acquérir les connaissances nécessaires à l’acquisition d’une pensée critique, à participer aux projets d’aménagement de leur territoire.
Je fais le postulat que l’engagement des citoyens grâce à des dispositifs de culture scientifique apportera une répondre à la crise de biodiversité en permettant aux citoyens d’exprimer leurs choix face aux enjeux actuels. Le cadre théorique des communs (Ostrom, 1990) nous enseigne que des citoyens, disposant d’une relative autonomie dans la conception de leurs propres règles pour gouverner et gérer la ressource en propriété commune (la biodiversité), peuvent faire des choix plus appropriés en terme de gain collectif que ceux qui sont élaborés par des experts. En effet, la biodiversité en tant qu’objet de gestion soulève la question de la gestion des biens communs pour lesquels les objectifs des différents usagers du territoire ne sont pas forcément partagés. Ainsi, notre objectif est de faire émerger la biodiversité d’un territoire comme UN BIEN COMMUN. On se propose par ailleurs de mobiliser le concept d’attachement au lieu (lien affectif positif et identitaire entre une personne et son territoire) qui a pour nature de durer et de stimuler le désir de protection. Ainsi, en s’appuyant sur la grille de lecture d’Ostrom et au travers du cadre d’analyse proposé par le concept d’attachement au lieu, il apparait que la démarche à adopter pour une implication citoyenne doit être basée sur : les connaissances sur la ressource et les liens sociaux.
C’est le sens du dispositif Mon Village Espace de Biodiversité que je déploie en Poitou-Charentes depuis 2012 sur 27 communes (Zone Atelier Plaine et Val de Sèvre). La biodiversité est abordée par les services écosystémiques (pollinisation, contrôle biologique, recyclage de la matière organique et service socio-culturel) rendus par les espèces du jardin. La démarche utilisée est expérientielle : participation au suivi du rucher communal, relevés de données biologiques, engagement dans l’action). Par ailleurs, sur l’une de ces communes, j’accompagne en parallèle un groupe de citoyens à construire un programme de recherche à partir d’une question qui les intéresse. Après avoir construit leur problématique (quels sont les déterminants des pratiques au jardin), ils entament en mars une phase d’enquête auprès des habitants de la commune. Un étudiant analysera avec eux les résultats. Cette démarche est portée par l’Atelier des Jours à Venir et soutenu par la Fondation de France.
« Ce qui est passionnant dans cette démarche, c'est d'emmener des citoyens lambda dans une démarche scientifique, des gens qui n'auraient jamais imaginé pouvoir travailler sur de telles questions… » comme dit Eric Bouhet, un des habitants engagés dans cette démarche. J'ai mené toutes ces réflexions en 2010 à partir de la bibliographie et mis en place le dispositif VILLAGE en 2012. Je suis donc très isolée scientifiquement et très motivée pour interagir avec des professionnels du domaine. Fin de 2015, j'ai contacté Nicolas Becu de l'Univ La Rochelle pour lui proposer de co-encadrer un master sur l'évaluation du dispositif VILLAGE; l'étude vient de démarrer. Je souhaite déposer prochainement un programme européen et recherche des partenaires dans le domaine des processus qui conduisent à l'engagement...je travaille sur une zone atelier cad un site sur lequel je peux accueillir des équipes de recherche qui seraient intéressées de bénéficier du réseau de citoyens (2 000 foyers dont 130 personnes impliquées sur les 22 ruchers communaux).