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DIVISION II. Règles et Recommandations


CHAPITRE III. NOMENCLATURE DES TAXONS D'APRÈS LEUR RANG


SECTION 4. Noms d'espèces


Article 23

23.1. Un nom d'espèce est une combinaison binomiale, formée du nom générique suivi d'une seule épithète spécifique qui peut être un adjectif, un nom au génitif ou un attribut (un mot en apposition), ou plusieurs mots, mais pas une phrase composée d'un ou de plusieurs noms descriptifs et d'adjectifs associés à l'ablatif (voir l'Art. 23.6(a)), ni d'autres désignations de formation irrégulière (voir l'Art. 23.6(c)). Si une épithète comporte deux ou plusieurs mots, ceux-ci sont combinés en un seul ou reliés par un trait d'union. Une épithète non assemblée ainsi dans la publication originale n'est pas à rejeter, mais ses éléments doivent être réunis ou reliés par un trait d'union comme prescrit à l'Art. 60.9.

23.2. L'épithète dans le nom d'une espèce peut avoir une origine quelconque et peut même être formée arbitrairement (voir cependant l' Art. 60.1).

Ex. 1. Cornus sanguinea, Dianthus monspessulanus, Papaver rhoeas, Uromyces fabae, Fumaria gussonei, Geranium robertianum, Embelia sarasiniorum, Atropa bella-donna, Impatiens noli-tangere, Adiantum capillus-veneris, Spondias mombin (épithète invariable).

23.3. Les symboles faisant partie des épithètes spécifiques proposées par Linné ne rendent pas les noms dont ils font partie invalides, mais doivent être transcrits.

Ex. 2. Scandix pecten ♀ L. est transcrit sous la forme: Scandix pecten-veneris; Veronica anagallis▼ L. est transcrit sous la forme: Veronica anagallis-aquatica.

23.4. L'épithète spécifique, qu'il y ait ou non addition d'un symbole transcrit, ne doit pas répéter exactement le nom générique (une telle répétition conduirait à un tautonyme).

Ex. 3. "Linaria linaria" et " Nasturtium nasturtium-aquaticum" n'observent pas cette règle et ne sont pas validement publiés.

Ex. 4. Linum radiola L. (1753) lorsqu’il est transféré à Radiola Hill ne peut pas être nommé "Radiola radiola", comme cela a été fait par Karsten (1882), puisque cette combinaison est invalide (voir l’Art. 32.1(b)). Le plus ancien nom venant ensuite, L. multiflorum Lam. (1779), est illégitime, étant un nom superflu pour L. radiola. Sous Radiola, l'espèce a été nommée de façon légitime R. linoides Roth (1788).

23.5. L'épithète spécifique, lorsqu'elle est de forme adjective et non utilisée substantivement s'accorde grammaticalement avec le nom générique (voir l'Art. 32.6) ; quand c’est un nom en apposition ou un nom génitif, il retient son propre genre et sa terminaison nonobstant du genre du nom générique. Les épithètes ne se conformant pas à cette règle doivent être corrigées (voir l’Art. 32.5). En particulier, l'usage de l'élément de mot -cola comme un adjectif est une erreur à corriger.

Ex. 5. Epithètes adjectives : Helleborus niger L., Brassica nigra (L.) W. D. J. Koch, Verbascum nigrum L.; Vinca major L., Tropaeolum majus L.; Peridermium balsameum Peck, dérivé de l'épithète d'Abies balsamea (L.) Mill., et traité comme un adjectif.

Ex. 6 les noms avec un nom pour une épithète: Lythrum salicaria L., Convolvulus cantabrica L., Gentiana pneumonanthe L., tous avec des épithètes représentant des noms génériques pré-Linnéen. Gloeosporium balsameae Davis, dérivé de l'épithète de Abies balsamea (L.) Mill., traitée comme un nom.

Ex. 7. Erreurs à corriger: L'épithète de Polygonum segetum Kunth (1817) est un nom pluriel génitif (des champs de maïs); la combinaison Persicaria "segeta", proposé par Small, est une erreur à corriger pour Persicaria segetum (Kunth) Small (1903). - In Masdevallia echidna Rchb. f. (1855), l'épithète correspond au nom générique d'un animal; après son transfert à Porroglossum Schltr., la combinaison P. "echidnum" fut proposée par Garay, qui est une erreur à corriger pour P. echidna (Rchb. f.) Garay (1953).

Ex. 8. Rubus "amnicolus" une erreur à corriger pour R. amnicola Blanch. (1906)

23.6. Les désigantions suivantes ne sont pas considérés comme noms spécifiques:
(a) Les désignations descriptives consistant en un nom générique suivi d'une phrase ("nomen specificum legitimum" de Linné) composée d'un ou de plusieurs substantifs descriptifs associés à des adjectifs à l'ablatif.

Ex. 9. Smilax "caule inermi" (Aublet, Hist. Pl. Guiane 2, Tabl.: 27. 1775) est une référence descriptive abrégée à une espèce insuffisamment connue à laquelle il n'est pas donné de binôme mais à laquelle on se réfère à l'aide d'une phrase citée en référence à Burman.

(b) D'autres désignations spécifiques consistant en un nom de genre suivi d'un ou plusieurs mots non prévus comme épithètes.

Ex. 10. Viola "qualis" (Krocker, Fl. Siles. 2: 512, 517. 1790); Urtica "dubia?" (Forsskål, Fl. Aegypt.-Arab.: cxxi. 1775), le mot "dubia?" étant utilisé à plusieurs reprises par Forsskål dans cet ouvrage pour des espèces qui ne pouvaient être sûrement identifiées.

Ex. 11. Atriplex "nova" (Winterl, Index Horti Bot. Univ. Pest. fol. A.[8]. recto et verso. 1788), le mot "nova" (nouveau) étant ici utilisé en liaison avec quatre espèces différentes d'Atriplex. Cependant, dans Artemisia nova A. Nelson (in Bull. Torrey Bot. Club 27: 274. 1900), nova était une épithète spécifique volontairement choisie, la distinction de l'espèce de ses proches étant un fait nouveau.

Ex. 12. Cornus "gharaf" (Forsskål, Fl. Aegypt.-Arab.: xci, xcvi. 1775) est une désignation provisoire qui n'est pas prévue comme nom spécifique. Une désignation provisoire chez Forsskål est une désignation originale (pour un taxon reconnu; il ne s'agit donc pas d'un "nom provisoire" comme défini à l' Art. 34.1(b)) avec un nom vernaculaire qui ressemble à une épithète mais qui n'est pas employé comme épithète dans la partie des "Centuries" de l'ouvrage. Elcaja "roka" (Forsskål, Fl. Aegypt.-Arab.: xcv. 1775) est un autre exemple de telles désignations provisoires; dans les autres parties de l'ouvrage (p. c, cxvi, 127) cette espèce n'est pas nommée.

Ex. 13. Dans Agaricus "octogesimus nonus" et Boletus "vicesimus sextus" (Schaeffer, Fung. Bavar. Palat. Nasc. 1: t. 100. 1762; 2: t. 137. 1763), les noms génériques sont suivis d'adjectifs ordinaux servant à l'énumération. Les espèces en question ont reçu des noms valides, A. cinereus Schaeff. et B. ungulatus Schaeff., dans le volume final du même ouvrage (1774).

Ex. 14. Honckeny (1782; voir l'Art. 46 Ex. 27) employait des désignations d'espèce telle que, dans Agrostis, "A. Reygeri I.", "A. Reyg. II.", "A. Reyg. III" (tous se référant à des espèces décrites mais non nommées dans Reyger, Tent. Fl. Gedan.: 36-37. 1763), et aussi "A. alpina. II" pour une espèce nouvellement décrite suivant après A. alpina Scop. Ce sont des désignations simples employées pour l'énumération, non des binômes valablement publiés; ils ne peuvent pas être développés en, e.g., "Agrostis reygeri-prima".

(c) Les désignations spécifiques consistant en un nom générique suivi de deux ou plusieurs termes adjectifs au nominatif.

Ex. 15. Salvia "africana coerulea" (Linnaeus, Sp. Pl.: 26. 1753) et Gnaphalium "fruticosum flavum" (Forsskål, Fl. Aegypt.-Arab.: cxix. 1775) sont des noms génériques suivis par deux termes adjectifs au nominatif. Ils ne sont pas à considérer comme des noms d'espèces.

Ex. 16. Cependant, Rhamnus "vitis idaea" Burm. f. (Fl. Ind.: 61. 1768) doit être considéré comme un nom spécifique, puisque le nom générique est suivi par un substantif et un adjectif tous deux au nominatif; ces mots doivent être reliés par un trait d'union (R. vitis-idaea) conformément aux dispositions de l'Art. 23.1 et de l'Art. 60.9. Dans Anthyllis "Barba jovis" L. (Sp. Pl.: 720. 1753) le nom générique est suivi par des substantifs au nominatif et au génitif; il faut les relier par un trait d'union (A. barba-jovis). De même, Hyacinthus "non scriptus" L. (Sp. Pl.: 316. 1753), où le nom générique est suivi d'un adverbe négatif et d'un participe passé employés comme un adjectif doit s'écrire H. non-scriptus. Enfin Impatiens "noli tangere" L. (Sp. Pl.: 938. 1753), où le nom générique est suivi de deux verbes s'écrit I. noli-tangere.

Ex. 17. De même, dans Narcissus "Pseudo Narcissus" L. (Sp. Pl.: 289. 1753) le nom générique est suivi d'un préfixe indépendant et d'un substantif au nominatif; le, nom doit être fusionné en N. pseudonarcissus selon les prescriptions de l'Art. 23.1 et de l'Art. 60.9.

(d) Les formules désignant des hybrides (voir l'Art. H.10.3).

23.7. Les phrases employées par Linné comme épithètes spécifiques ("nomina trivialia") sont à corriger en conformité avec l'usage qu'en a fait Linné lui-même ultérieurement.

Ex. 18. Apocynum "fol. [foliis] androsaemi" L. doit être cité comme A. androsaemifolium L. (Sp. Pl.: 213. 1753 [corr. L., Syst. Nat., ed. 10, 2: 946. 1759]); et Mussaenda "fr. [fructu] frondoso" L., comme M. frondosa L. (Sp. Pl.: 177. 1753 [corr. L., Syst. Nat., ed. 10, 2: 931. 1759]).

23.8. Lorsque le statut de désignation d'une espèce est incertain à la lumière de l'Art. 23.6, l'usage établi doit être suivi (Pré. 10).

* Ex. 19. Polypodium "F. mas", P. "F. femina" et P. "F. fragile" (Linnaeus, Sp. Pl.: 1090-1091. 1753) sont, selon l'usage établi, à considérer comme P. filix-mas L., P. filix-femina L., et P. fragile L., respectivement. De même, Cambogia "G. gutta" est à considérer comme C. gummi-gutta L. (Gen. Pl.: [522]. 1754). Les intercalations "Trich." [Trichomanes] et "M." [Melilotus] dans les noms des espèces linnéennes d'Asplenium et de Trifolium, respectivement, sont à supprimer de sorte que des noms comme Asplenium "Trich. dentatum" et Trifolium "M. indica", par exemple, deviennent A. dentatum L. et T. indicum L. (Sp. Pl.: 765, 1080. 1753).

Recommandation 23A

23A.1. Les noms de personnes, de pays et de localités, employés comme épithètes spécifiques, devraient être des substantifs au génitif (clusii, porsildiorum, saharae) ou des adjectifs (clusianus, dahuricus) (voir aussi l'Art. 60 et les Recommandations 60C et D).

23A.2. On devrait éviter l'emploi de formes génitives et adjectives d'un même mot pour désigner deux espèces différentes d'un même genre (par exemple, Lysimachia hemsleyana Oliv. et L. hemsleyi Franch.).

23A.3. Les auteurs qui proposent des épithètes spécifiques devraient, en outre, se conformer aux suggestions suivantes:
(a) utiliser des terminaisons latines autant que possible.
(b) éviter les épithètes très longues et de prononciation difficile en latin.
(c) ne pas créer des épithètes en combinant des mots empruntés à des langues différentes.
(d) éviter les épithètes formées de mots unis par un trait d'union.
(e) éviter celles qui ont la même signification que le nom générique (pléonasme).
(f) éviter celles qui expriment un caractère commun à toutes ou à la plupart des espèces du genre.
(g) éviter, dans le même genre, des épithètes trop semblables, surtout celles qui ne diffèrent que par leurs dernières lettres ou par la disposition de deux lettres.
(h) éviter celles qui ont déjà été utilisées dans un genre voisin.
(i) ne pas adopter des épithètes de noms inédits pris dans les notes ou les lettres de voyageurs, sur des étiquettes d'herbier ou à d'autres sources analogues en les attribuant à leurs auteurs, à moins que ces derniers n'en aient approuvé la publication. (voir la Rec. 34A).
(j) éviter les épithètes tirées de noms de localités peu connues ou très limitées, à moins que l'aire de l'espèce ne soit très petite.