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DIVISION II. Règles et Recommandations


CHAPITRE II. Statut, typification et priorité des noms

SECTION 3. PRIORITÉ


Article 11

11.1. Toute famille ou tout taxon de rang inférieur de délimitation, position et rang donnés ne peut porter qu'un seul nom correct; les seules exceptions sont 9 familles et 1 sous-famille pour lesquelles des noms alternatifs sont autorisés (voir les Art. 18.5 et 19.7). Cependant, l'utilisation de noms distincts pour les taxons de forme des champignons et pour les morphotaxons des plantes fossiles est autorisée par les Art. 1.3 et 59.4-5.

11.2. En aucun cas, un nom n'a priorité en dehors du rang auquel il a été publié (voir cependant l'Art. 53.4).

Ex. 1. Campanula sect. Campanopsis R. Br. (Prodr. 561. : 1810), traité comme genre, s'appelle Wahlenbergia Roth (1821), nom qui est conservé à l'encontre du synonyme taxinomique (hétérotypique) Cervicina Delile (1813), et non Campanopsis (R. Br.) Kuntze (1891).

Ex. 2. Magnolia virginiana var. foetida L. (1753), élevé au rang d'espèce, s'appelle Magnolia grandiflora L. (1759), et non M. foetida (L.) Sarg. (1889).

Ex. 3. Lythrum intermedium Ledeb. (1822), traité comme variété de Lythrum salicaria L. (1753), s'appelle L. salicaria var. glabrum Ledeb. (Fl. Ross. 2: 127. 1843), et non L. salicaria var. intermedium (Ledeb.) Koehne (Bot. Jahrb. Syst. 1: 327. 1881).

Ex. 4. Lorsque les deux variétés constitutives de Hemerocallis lilioasphodelus L. (1753), var. flava L. et var. fulva L., sont considérées comme des espèces distinctes, celle qui ne contient pas le lectotype du nom d'espèce est appelée H. fulva (L.) L. (1762), mais l'autre porte le nom H. lilioasphodelus L., qui au rang spécifique a la priorité sur H. flava (L.) L. (1762).

11.3. Pour tout taxon de la famille au genre inclus, le nom correct est le plus ancien nom légitime de même rang, sauf limitation de la priorité par conservation (voir l'Art. 14) ou par application des Art. 11.7, 15, 19.4, 56, 57 ou 59.

Ex. 5. Lorsque Aesculus L. (1753), Pavia Mill. (1754), Macrothyrsus Spach (1834) et Calothyrsus Spach (1834) sont affectés au même genre, son nom est Aesculus L.

11.4. Pour tout taxon de rang inférieur au genre, le nom correct est la combinaison de l'épithète finale (nota bene 7) du plus ancien nom légitime de même rang qui s'applique au taxon, avec le nom correct du genre ou de l'espèce auquel il est attribué, sauf (a) dans les cas de limitation de la priorité en vertu des Art. 14, 15, 56 ou 57, ou (b) si une telle combinaison serait invalide en vertu de l'Art. 32.1(b) ou illégitime en vertu de l'Art. 53, ou (c) si les Art. 11.7, 22.1, 26.1, ou 59 stipulent qu'une combinaison différente doit être utilisée.

Ex. 6. Primula sect. Dionysiopsis Pax (in Jahresber. Schles. Ges. Vaterländ. Kultur 87: 20. 1909), transféré dans Dionysia Fenzl, devient D. sect. Dionysiopsis (Pax) Melch. (in Mitt. Thüring. Bot. Vereins 50: 164-168. 1943); le nom de remplacement D. sect. Ariadna Wendelbo (in Bot. Not. 112: 496. 1959) est illégitime.

Ex. 7. Antirrhinum spurium L. (1753), transféré au genre Linaria, s'appelle Linaria spuria (L.) Mill. (1768).

Ex. 8. En transférant Serratula chamaepeuce L. (1753) dans Ptilostemon Cass., Cassini a illégitimement nommé l'espèce P. muticus Cass. (1826). Dans ce genre, le nom correct est P. chamaepeuce (L.) Less. (1832).

Ex. 9. Spartium biflorum Desf. (1798) transféré dans Cytisus Desf. ne pouvait pas s'appeler C. biflorus à cause de C. biflorus L'Hér. (1791) validement publié précédemment; le nom de remplacement C. fontanesii Spach (1849) a par conséquent été proposé correctement.

Ex. 10. Spergula stricta Sw. (1799), transféré au genre Arenaria L., se nomme Arenaria uliginosa Schleich. ex Schltdl. (1808), à cause de l'existence du nom Arenaria stricta Michx. (1803), fondé sur un type différent; toutefois, en cas de transfert au genre Minuartia L., l'épithète stricta redevient disponible et l'espèce s'appelle Minuartia stricta (Sw.) Hiern (1899).

Ex. 11. Arum dracunculus L. (1753), transféré au genre Dracunculus Mill., se nomme Dracunculus vulgaris Schott (1832), car l'utilisation de l'épithète linnéenne aurait engendré un tautonyme.

Ex. 12. Cucubalus behen L. (1753), transféré dans Behen Moench, fut légitimement rebaptisé Behen vulgaris Moench (1794) pour éviter le tautonyme "Behen behen". Dans le genre Silene L., l'épithète behen n'est pas disponible à cause de l'existence d'un S. behen L. (1753). Par conséquent, le nom de remplacement S. cucubalus Wibel (1799) a été proposé. Cette proposition est cependant illégitime puisque l'épithète vulgaris était disponible. Dans Silene, le nom correct de l'espèce est Silene vulgaris (Moench) Garcke (1869).

Ex. 13. Helianthemum italicum var. micranthum Gren. & Godr. (Fl. France 1 : 171. 1847), transféré comme variété à H. penicillatum Thibaud ex Dunal, garde son épithète variétale et se nomme H. penicillatum var. micranthum (Gren. & Godr.) Grosser (in Engler, Pflanzenr. 14: 115. 1903).

Note 1. La publication valide d'un nom à un rang inférieur au genre écarte toute combinaison homonyme simultanée (Art. 53), quelle que soit la priorité d'autres noms avec la même épithète finale qui peuvent requérir le transfert au même genre ou à la même espèce.

Ex. 14. Tausch a inclus deux espèces dans son nouveau genre Alkanna: A. tinctoria Tausch (1824), une nouvelle espèce basée sur "Anchusa tinctoria" au sens de Linné (1762), et A. plukenetii Tausch (1824), un nomen novum basé sur Lithospermum tinctorium L. (1753). Les deux noms sont légitimes et prennent la priorité à partir de (1824).

Ex. 15. Raymond-Hamet a transféré au genre Sedum à la fois Cotyledon sedoides DC. (1808) et Sempervivum sedoides Decne. (1844). Il a combiné l'épithète du nom ultérieur, Sempervivum sedoides, sous Sedum comme S. sedoides (Decne.) Hamet (1929), et a publié un nouveau nom, S. candollei Hamet (1929), pour le nom antérieur. Ces deux noms sont légitimes.

11.5 . Lorsque, pour tout taxon du rang de la famille ou de rang inférieur, un choix est possible entre des noms légitimes de priorité égale au rang correspondant, ou entre des épithètes finales de noms de priorité égale au rang correspondant, le premier choix effectivement publié (Art. 29, 30, 31) établit la priorité du nom choisi, et de toute combinaison légitime avec le même type et la même épithète finale à ce rang, sur l'autre nom ou les autres noms en compétition (voir cependant l'Art. 11.6).

Note 2. Un choix tel que prévu à l'Art. 11.5 est effectué par l'adoption de l'un des noms en compétition, ou de son épithète finale dans la combinaison requise, et par le rejet ou la relégation simultanée en synonymie des autres noms, ou de leurs synomymes nomenclaturaux (homotypiques).

Ex. 16. Lorsque Dentaria L. (1753) et Cardamine L. (1753) sont réunis, le genre résultant s'appelle Cardamine, parce que ce nom a été choisi par Crantz (Cl. Crucif. Emend.: 126. 1769), qui le premier a réuni les deux genres.

Ex. 17. Lorsque Entoloma (Fr. ex Rabenh.) P. Kumm. (1871), Leptonia (Fr.: Fr.) P. Kumm. (1871), Eccilia (Fr.: Fr.) P. Kumm. (1871), Nolanea (Fr.: Fr.) P. Kumm. (1871) et Claudopus Gillet (1876) sont réunis, l'un des noms génériques publiés simultanément par Kummer doit être utilisé pour l'ensemble. Donk l'a fait (Bull. Jard. Bot. Buitenzorg ser. 3, 18 (1): 157. 1949) et a choisi Entoloma, qui est donc considéré comme ayant la priorité sur les autres noms.

Ex. 18. Brown (in Tuckey, Narr. Exp. Congo 484. 1818) a été le premier à réunir Waltheria americana L. (1753) et W. indica L. (1753). Il a adopté le nom W. indica pour désigner l'espèce combinée et en conséquence, ce nom est considéré comme ayant la priorité sur W. americana.

Ex. 19. Baillon (in Adansonia 3: 162. 1863), en réunissant pour la première fois Sclerocroton integerrimus Hochst. (1845) et S. reticulatus Hochst. (1845) a adopté le nom Stillingia integerrima (Hochst.) Baill. pour le taxon combiné. En conséquence Sclerocroton integerrimus est considéré comme ayant la priorité sur S. reticulatus, quel que soit le genre (Sclerocroton, Stillingia, Excoecaria, Sapium) auquel l'espèce est affectée.

Ex. 20. Linné (1753) a publié simultanément les noms Verbesina albaet V. prostrata. Plus tard (1771), il publia Eclipta erecta, un nom illégitime car V. alba est cité dans la synonymie, ainsi que E. prostrata, fondé sur V. prostrata. Le premier auteur à réunir ces taxons fut Roxburgh (Fl. Ind. 3: 438. 1832), qui le fit sous le nom de E. prostrata (L.) L. Il s'ensuit que V. prostrata est considéré avoir la priorité sur V. alba.

Ex. 21. Donia speciosa et D. formosa, qui ont été publiés simultanément par Don (1832), ont été renommés Clianthus oxleyi et C. dampieri de façon illégitime par Lindley (1835). Brown (1849) a réuni les deux espèces en une, en adoptant le nom illégitime C. dampieri et en citant D. speciosa et C. oxleyi comme synonymes; son choix n'est pas celui prévu par l'Art. 11.5. C. speciosus (D. Don) Asch. & Graebn. (1909), publié avec D. speciosa et C. dampieri comme synonymes, est un homonyme postérieur illégitime de C. speciosus (Endl.) Steud. (1840); à nouveau, les conditions pour un choix conforme à l'Art. 11.5 ne sont pas remplies. Ford & Vickery (1950) ont publié la combinaison C. formosus (D. Don) Ford & Vickery et cité D. formosa et D. speciosa en synonymie, mais puisque l'épithète de cette dernière n'est pas disponible dans Clianthus, le choix est impossible et l'Art. 11.5 ne s'applique toujours pas. Thompson (1990) fut le premier à effectuer un choix acceptable en publiant la combinaison Swainsona formosa (D. Don) Joy Thomps. et en indiquant que D. speciosa en est un synonyme.

11.6. Un autonyme est considéré avoir priorité sur le ou les noms de même date et de même rang qui l'ont établi.

Note 3. Si en vertu de l'Art. 11.6, l'épithète finale d'un autonyme est utilisée dans une combinaison nouvelle, le basionyme de cette combinaison est le nom dont cet autonyme est dérivé, ou son basionyme s'il en a un.

Ex. 22. Heracleum sibiricum L. (1753) comprend H. sibiricum subsp. lecokii (Godr. & Gren.) Nyman (Consp. Fl. Eur.: 290. 1879) et H. sibiricum subsp. sibiricum, automatiquement établi en même temps. Si H. sibiricum est inclus dans H. sphondylium L. (1753) en tant que sous-espèce, le nom correct du taxon est H. sphondylium subsp. sibiricum (L.) Simonk. (Enum. Fl. Transsilv.: 266. 1887) et non subsp. lecokii, que la sous-espèce lecokii soit considérée comme distincte ou non.

Ex. 23. La publication de Salix tristis var. microphylla Andersson (Salices Bor.-Amer.: 21. 1858) a créé l'autonyme S. tristis Aiton (1789) var. tristis, datant de 1858. Si S. tristis, y compris la var. microphylla, est reconnu comme une variété de S. humilis Marshall (1785), son nom correct est S. humilis var. tristis (Aiton) Griggs (in Proc. Ohio Acad. Sci. 4: 301. 1905). Cependant, si les deux variétés de S. tristis sont reconnues comme variétés de S. humilis, les deux noms S. humilis var. tristis et S. humilis var. microphylla (Andersson) Fernald (in Rhodora 48: 46. 1946) sont à utiliser.

Ex. 24. Dans la classification adoptée par Rollins et Shaw, Lesquerella lasiocarpa (Hooker ex A. Gray) S. Watson (1888) se compose de deux sous-espèces, subsp. lasiocarpa (qui inclut le type du nom de l'espèce et se cite sans nom d'auteur) et subsp. berlandieri (A. Gray) Rollins & E. A. Shaw. Cette dernière sous-espèce se compose de deux variétés. Dans cette classification, le nom correct de la variété qui inclut le type de la sous-espèce berlandieri est L. lasiocarpa var. berlandieri (A. Gray) Payson (1922), et non L. lasiocarpa var. berlandieri (cité sans nom d'auteur). Ce n'est pas non plus L. lasiocarpa var. hispida (S. Watson) Rollins & E. A. Shaw (1972) fondé sur Synthlipsis berlandierivar. hispida S. Watson (1882), puisque la publication de ce dernier nom a établi l'autonyme Synthlipsis berlandieri A. Gray var. berlandieri, qui au rang de variété est considéré avoir priorité sur la var. hispida.

11.7. Aux fins de la priorité, les noms de taxons fossiles (diatomées exceptées) entrent en compétition seulement avec des noms fondés sur un type fossile représentant la même partie, étape du cycle de vie, ou état de conservation (voir l'Art. 1.2).

Ex. 25. Le nom générique Sigillaria Brongn. (1822), établi pour des fragments d'écorce, peut représenter en partie le même taxon biologique que le "genre-cône" Mazocarpon M. J. Benson (1918), qui représente des perminéralisations, ou Sigillariostrobus (Schimp.) Geinitz (1873), qui représente des compressions. Certaines espèces de ces trois genres, Sigillaria, Mazocarpon, et Sigillariostrobus, ont été affectées à la famille Sigillariaceae. Tous ces noms génériques peuvent être employés concurremment malgré le fait qu'ils peuvent, au moins en partie, s’appliquer au même organisme.

Ex. 26. Le nom morphogénérique Tuberculodinium D. Wall (1967) peut être retenu pour un genre de kystes fossiles bien que des kystes de même sorte sont connus pour être partie du cycle de vie d'un genre actuel qui porte un nom antérieur, Pyrophacus F. Stein (1883).

Note 4. Les noms de plantes (diatomées exceptées) fondés sur un type non-fossile sont traités comme ayant la priorité sur des noms de même rang basés sur un type fossile (ou subfossile).

Ex. 27. Si l'on réunit Platycarya Siebold & Zucc. (1843), genre non-fossile, et Petrophiloides Bowerb. (1840), genre fossile, le nom Platycarya est utilisé pour le genre combiné, bien que le nom Petrophiloides soit antérieur.

Ex. 28. Boalch et Guy-Ohlson (in Taxon 41: 529-531. 1992) ont réuni les deux genres de prasinophytes Pachysphaera Ostenf. (1899) et Tasmanites E. J. Newton (1875). Pachysphaera est fondé sur un type non-fossile et Tasmanites sur un type fossile. Selon le Code en application en 1992, Tasmanites avait la priorité et a donc été adopté. Selon le Code actuel, dans lequel l'exemption stipulée à l'Art. 11.7 s'applique seulement aux diatomées et non aux algues en général, Pachysphaera est correct pour le genre combiné.

Ex. 29. Le nom de genre Metasequoia Miki (1941) était fondé sur le type fossile de M. disticha (Heer) Miki. A la suite de la découverte de l'espèce non-fossile M. glyptostroboides Hu & W. C. Cheng, la conservation de Metasequoia Hu & W. C. Cheng (1948), tel que fondé sur le type non-fossile, a été approuvée. S'il n'en avait pas été ainsi, tout nouveau nom de genre fondé sur M. glyptostroboides aurait dû être considéré comme ayant priorité sur Metasequoia Miki.

11.8. Aux fins de la priorité, les noms latins donnés aux hybrides suivent les mêmes règles que ceux des taxons non-hybrides de rang correspondant.

Ex. 30. Le nom ×Solidaster H. R. Wehrh. (1932) a priorité sur ×Asterago Everett (1937) pour l'hybride entre Aster L. et Solidago L.

Ex. 31. Anemone ×hybrida Paxton (1848) a priorité sur A. ×elegans Decne. (1852), pro sp., comme binôme des hybrides provenant d'A. hupehensis (Lemoine & E. Lemoine) Lemoine & E. Lemoine × A. vitifolia Buch.-Ham. ex DC.

Ex. 32. Camus (in Bull. Mus. Natl. Hist. Nat. (Paris) 33: 538. 1927) a publié le nom ×Agroelymus A. Camus comme nom d'un nothogenre mais sans diagnose ni description latine, mentionnant uniquement les noms des parents (Agropyron Gaertn. et Elymus L.). Comme le nom n'était pas validement publié suivant le Code alors en vigueur, Rousseau, (in Mém. Jard. Bot. Montréal 29: 10-11. 1952), a publié une diagnose latine. Toutefois, conformément au présent Code (Art. H.9), la date de publication de ×Agroelymus est 1927 et non 1952, et il a ainsi priorité sur le nom ×Elymopyrum Cugnac (in Bull. Soc. Hist. Nat. Ardennes 33: 14. 1938).

11.9. L'application du principe de priorité n'est pas obligatoire pour les noms de taxons de rang supérieur à la famille (voir cependant la recommandation 16B).

Article 12

12.1. Ce Code n'accorde aucun statut à un nom de taxon qui ne serait pas validement publié (voir les Art. 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45).