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DIVISION II. Règles et Recommandations


CHAPITRE VI. NOMS DE CHAMPIGNONS À CYCLE DE VIE PLÉOMORPHE


Article 59

59.1. Pour les Ascomycètes et les Basidiomycètes (Ustilaginales comprises) ne formant pas de lichens et présentant des morphes mitotiques asexuées (anamorphes) ainsi qu'une morphe méïotique sexuelle (téléomorphe), le nom correct désignant l'holomorphe (c'est-à-dire l'espèce sous toutes ses morphes) est le nom légitime le plus ancien typifié par un élément représentant la téléomorphe, c'est-à-dire, la morphe caractérisée par la production d'asques/ascospores, basides/basidiospores, téliospores, ou autres organes porteurs de basides.

Ex. 1. Le nom Crocicreomyces guttiferae Bat. & Peres (1964) a été pubiée pour a champignon formant des lichens ne produisant qu'une morphe mitotique asexuées. Lorsqu'il a été reconnu que C. guttiferae est conspecifique avec Byssoloma aeruginescens Vezda (1974), basé sur type produisant des ascospores, et que Crocicreomyces Bat. & Peres (1964) est synonyme de Byssoloma Trevis. (1853), l'épithète de Batista & Peres a été correctement recombiné en tant que B. guttiferae (Bat. & Peres) Lücking & Sérus. (1998). Puisque l'Art. 59 ne s'applique pas aux champignons formant des lichens, aucun nom générique ou spécifique n'est disponible pour être utilisé pour l'état mitosporique.

59.2. Pour qu'un nom binomial soit admis en tant que nom d'une holomorphe, il faut que non seulement son spécimen-type soit téléomorphe, mais également que le protologue contienne une diagnose ou une description de cette morphe (ou soit rédigé de telle manière que la possibilité d'une référence à la téléomorphe ne puisse être exclue).

59.3. Si ces conditions ne sont pas remplies, le nom est celui d'un taxon de forme et ne s'applique qu'à l'anamorphe représentée par son type, tel que décrit ou mentionné dans le protologue. La position taxinomique admise pour le type du nom détermine l'application du nom, que le genre auquel un taxon subordonné est affecté par son ou ses auteurs soit holomorphe ou anamorphe.

59.4. Malgré la priorité, les noms basés sur un type téléomorphe ont précédence sur le noms basés sur un type anamorphe, lorsque les deux types sont considérés comme appartenant au même taxon holomorphique.

59.5. Les dispositions de cet Article ne seront pas interprétées comme s'opposant à la publication et à l'emploi de noms binomiaux pour des taxons de forme s'il est jugé nécessaire ou désirable de faire référence aux seules anamorphes.

Ex. 2. Parce que la téléomorphe de Gibberella stilboides W. L. Gordon & C. Booth (1971) n'est connu que des souches de l'anamorphe Fusarium stilboides Wollenw. (1924) se reproduisant en culture, et n'a pas été trouvé dans la nature, on peut estimer souhaitable l'usage du nom de l'anamorphe de ce pathogène de Coffea.

Ex. 3. Cummins (1971), dans The rust champignons of cereals, grasses et bamboos, n'a jugé ni nécessaire, ni souhaitable d'introduire des noms nouveaux d'anamorphes dans Aecidium Pers.: Pers. et Uredo Pers.: Pers., pour les phases de multiplication par éciospores et urédospores des espèces de Puccinia Pers.: Pers. dont la phase téliennee (téléomorphe) était connue.

Note 1. S'ils ne sont pas déjà disponibles, des noms spécifiques ou infraspécifiques d'anamorphes peuvent être proposés au moment de la publication du nom du champignon holomorphe, ou plus tard. Les épithètes peuvent, si on le souhaite, être identiques, pour autant qu'elles ne figurent pas dans des combinaisons homonymes.

59.6. Pour autant qu'il y ait une preuve directe et non ambiguë de l'introduction délibérée d'une nouvelle morphe, jugée par son ou ses auteurs comme étant corrélée avec la morphe typifiant un basionyme apparent, et que cette preuve est renforcée par le fait que toutes les conditions requises aux Art. 32 à 45 pour la publication valide du nom d'un nouveau taxon sont remplies, toute indication telle que "comb. nov." ou "nom. nov." est considérée comme une erreur formelle, et le nom introduit est considéré comme le nom d'un nouveau taxon que l'on attribue uniquement à son ou ses auteurs. Si seules les conditions nécessaires à la publication d'une nouvelle combinaison (Art. 33 et 34) ont été remplies, le nom est accepté en tant que combinaison nouvelle fondée, en accord avec l'Art. 7.4, sur le type du basionyme explicitement ou implicitement désigné.

Ex. 4. Le nom Penicillium brefeldianum B. O. Dodge (1933) fondé sur du matériel téléomorphe et anamorphe, est le nom valide et légitime d'une holomorphe, malgré l'attribution de l'espèce à un genre de forme. Il est combiné légitimement dans un genre holomorphe en tant que Eupenicillium brefeldianum (B. O. Dodge) Stolk & D. B. Scott.(1967) P. brefeldianum ne doit pas être utilisé dans un sens restreint, pour désigner l'anamorphe seule.

Ex.5. Le nom Ravenelia cubensis Arthur & J. R. Johnst. (1918), fondé sur un spécimen ne portant que des urédies (une anamorphe), est un nom valide et légitime d'anamorphe, malgré l'attribution de l'espèce à un genre holomorphe. Il est combiné légitimement dans un genre de forme en tant que Uredo cubensis (Arthur & J. R. Johnst.) Cummins (1956). R. cubensis ne doit pas être utilisé dans un sens incluant la téléomorphe.

Ex. 6. Mycosphaerella aleuritidis a été publié comme "(Miyake) Ou comb. nov., syn. Cercospora aleuritidis Miyake", mais avec une diagnose latine de la téléomorphe. L'indication "comb. nov." est considérée comme une erreur formelle, et M. aleuritidis S. H. Ou (1940) est accepté comme un nouveau nom d'espèce validement publié désignant l'holomorphe et typifié par le matériel téléomorphe décrit par Ou.

Ex. 7. Corticium microsclerotium a été publié comme "(Matz) Weber, comb. nov., syn. Rhizoctonia microsclerotia Matz", avec une description uniquement anglaise de la téléomorphe. En raison de l'Art. 36, ceci ne peut être considéré comme la publication valide du nom d'une nouvelle espèce, et de ce fait C. microsclerotium (Matz) G. F. Weber (1939) doit être considéré comme une nouvelle combinaison valide et légitime, fondée sur le spécimen de l'anamorphe qui typifie son basionyme. C. microsclerotium G. F. Weber, tel que publié en 1951 avec une description latine et un type téléomorphe, est un homonyme postérieur illégitime.

Ex. 8. Hypomyces chrysospermus Tul. (1860), a été présenté comme le nom d'une holomorphe sans l'indication "comb. nov." mais avec une référence explicite à Mucor chrysospermus (Bull.) Bull. et à Sepedonium chrysospermum (Bull.) Fr., qui sont des noms de son anamorphe. H. chrysospermus Tul. ne doit pas être considéré comme une nouvelle combinaison mais comme le nom d'une espèce nouvellement décrite, fondé sur un type téléomorphe.

Recommandation 59A

59A.1. Si une nouvelle morphe de champignon est décrite, elle devrait être publiée soit en tant que nouveau taxon (par exemple: gen. nov., sp. nov., var. nov.) dont le nom possède un type téléomorphe, soit comme nouvelle anamorphe (anam. nov.) dont le nom possède un type anamorphe.

59A.2. Si en nommant une nouvelle morphe de champignon on utilise l'épithète du nom d'une morphe différente et décrite antérieurement, du même champignon, on devrait désigner le nouveau nom comme le nom d'un nouveau taxon ou d'une nouvelle anamorphe, selon le cas, et non comme une nouvelle combinaison fondée sur le nom antérieur.

59A.3. Les auteurs devraient éviter la publication et l'utilisation de noms binaires pour des anamorphes lorsque la connection avec la teleomorphe est solidement établie et qu'il n'y a pas de nécéssité pratique pour des noms différents (comme chez les rouilles et les membres des Trichocomaceae).