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PRÉFACE


Les règles qui régissent la nomenclature scientifique en botanique (y compris la phycologie et la mycologie) sont révisées lors des réunions de la section de nomenclature des divers Congrès Internationaux de Botanique. La présente édition du Code international de nomenclature botanique contient les décisions prises lors du XVIème Congrès International de Botanique tenu à Saint Louis en 1999 et remplace le Code de Tokyo, publié six ans auparavant à la suite du XVème Congrès International de Botanique de Yokohama. Elle est entièrement rédigée en Anglais (britannique). Le Code de Tokyo a été traduit en chinois, français, allemand, italien, japonais, russe et slovaque ; il est prévu de même que le Code de Saint Louis deviendra disponible en diverses langues.

Le Code de Saint Louis ne diffère pas sensiblement, dans sa présentation générale et dans sa disposition, du Code de Tokyo, et la numérotation des Articles et des Appendices reste la même, bien qu'il y ait eu quelques modifications dans la numérotation des paragraphes, Recommandations et Exemples. Dans le Code de Tokyo, une renumérotation complète a eu lieu, et en conséquence, sa préface contenait un tableau comparant la position de ses dispositions avec celles de l'édition précédente (Berlin). Cette fois-ci, un tel tableau n'est pas inclus.

Le texte du Code utilise trois tailles de polices de caractères, les Recommandations et les Notes utilisent une police plus petite que celle utilisée pour les articles, et les Exemples et les notes de bas de page, une police plus petite que celle utilisée pour les Recommandations et les Notes. La taille des polices reflète la distinction entre les règles qui sont obligatoires (Articles), les informations complémentaires et avis (Notes et Recommandations), et les parties explicatives (Exemples et notes de pied de page). Une Note a un effet obligatoire, mais n'introduit aucun nouveau concept ou nouvelle disposition, elle explique plutôt quelque chose qui n'est peut-être pas directement apparent mais qui est abordé explicitement ou implicitement ailleurs dans le Code. Quelques exemples, qui ont été délibérément acceptés par une Section de Nomenclature, contiennent des informations qui ne sont pas complètement ou explicitement traitées dans les règles. De tels « exemples votés » sont précédés d'un astérisque (*). Si, suite à une modification des dispositions correspondantes dans des éditions ultérieures du Code, un « exemple voté » devient complètement traité, l'astérisque est retiré.

De même que dans les éditions précédentes, les noms scientifiques sous la juridiction du Code, quel que soit leur rang, sont constamment imprimés en italique. Le Code n'impose pas dans cette matière un standard obligatoire dans la mesure où la typographie est affaire de style éditorial et de tradition, et non de nomenclature. Néanmoins, les éditeurs et les auteurs, dans l'intérêt d'une uniformité internationale, peuvent souhaiter adopter la pratique donnée en exemple par le Code, qui a été bien reçue en général et qui est suivie par un nombre croissant de revues botaniques et mycologiques. Pour mettre encore mieux en valeur les noms scientifiques de plantes, l'utilisation, dans le Code, d'italique pour les termes techniques et pour d'autres mots en latin, traditionnelle mais incohérente dans les éditions précédentes, a été abandonnée maintenant.

Comme ses prédécesseurs, le Comité Éditorial a beaucoup travaillé afin de parvenir à une uniformité du style bibliographique et de la présentation formelle – ce fut un bon exercice pour ses membres, et un objectif méritoire puisque le Code est considéré comme un modèle à suivre par beaucoup de ses utilisateurs. Les titres des ouvrages dans les citations bibliographiques ont été abrégés en conformité avec Taxonomic literature, ed. 2, par Stafleu & Conwan (1976-1988 ; suppléments par Stafleu & Mennega, 1999-2000), ou par analogie. Pour les titres de revues, les abréviations suivent le Botanico-periodicum-huntiarum (1968) et son supplément (1991).

Les citations des auteurs de noms scientifiques apparaissant dans le Code sont standardisées en conformité avec Author of plant names, par Brummit & Powell (1992), comme mentionné dans la Note 1 de la Rec. 46A. Certains pourraient noter que le Code n'a pas pour tradition de retenir l'imputation de noms à des auteurs pre-1753 par les auteurs les validant, cependant de telles citations d'auteurs qualifiées de « pre-ex » sont autorisées (voir l'Art. 46 Ex. 18). Les éditions antérieures du Code n'avaient pas de règle uniforme en ce qui concerne les citations entre parenthèses d'auteurs pour des noms supra-génériques, puisque les règles elles-mêmes ne fournissaient aucune orientation concrète à ce sujet. Dans un souci d'homogénéisation, le Comité Éditorial a opté cette fois-ci pour l'omission des auteurs entre parenthèses pour les rangs élevés dans l'ensemble du Code, mais n'entend pas ainsi préjuger des conclusions du Comité Spécial sur les noms supragénériques, mis en place à St Louis.

Le congrès de St Louis a été conservateur en matière de nomenclature par rapport à ses prédécesseurs. Peu de changements substantiels ont été autorisés, mais de nombreuses clarifications et des améliorations du Code, tant dans les termes que dans la substance, ont été acceptées. Nous porterons ici l'attention sur les changements de quelques points. Un rapport exhaustif des décisions de la section a été publié par ailleurs (Barrie & Greuter in Taxon 48 : 771-784. 1999). La seule grande aire de changements dans le Code de St Louis concerne la typification, où de nombreuses propositions excellentes ont été soumises par le Comité Spécial sur la Lectotypification. Dans l'Art. 8.2, la définition d'un spécimen type a été révisée, afin de rendre clair que plusieurs plantes ou parties de plantes appartenant à une seule et même récolte ou taxon, lorsqu'elles sont montées ensemble sur une seule planche d'herbier ou une préparation équivalente, forme un unique spécimen. La désignation d'une seule partie de tels spécimens comme lectotype est ainsi inappropriée dans le futur, et celles du passé deviennent injustifiées. Sous certaines conditions, un spécimen peut même consister en plus d'une planche d'herbier ou préparation (Art. 8.3). À des fins de publication valide, l'indication du type peu, au titre de l'Art. 37.2, faire référence (explicitement ou par implication) a plus d'un seul spécimen, dans la mesure où toutes sont des doubles appartenant à une seule récolte. Puisque dans un tel cas le matériel type consiste en plus d'un seul spécimen il n'y a pas d'holotype, ainsi un lectotype peut être choisi parmi ces spécimens. La même procédure est désormais soulignée dans l'Art. 9.14 dans la situation analogue d'un supposé lectotype ou néotype qui se trouve comprendre deux ou plus de deux doubles d'un spécimen. Le nouveau contenu des articles 9.18-9.19 clarifie le statut des épitypes et les exigences pour leur désignation, améliorant ainsi grandement l'utilité du concept d'épitype qui a été introduit six ans auparavant par le Congrès de Tokyo. Finalement, le controversé et ambigu ancien article 8.3, spécifiant les conditions sous lesquelles les illustrations peuvent servir de type, a été amendé de telle manière qu'il ne soit plus perçu comme une entrave à la liberté dans la désignation d'un lectotype ; avec sa nouvelle position, en tant qu'article 37.4, c'est une interdiction pure et simple à la publication valide de noms d'espèces ou de taxons de rang inférieur post-1957 basés sur des illustrations type.

Le deuxième changement majeur décidé à St Louis n'était pas basé sur une proposition publiée mais sur une motion de la salle, qui a été présentée après un débat tronqué et émotionnel : que toutes les références concernant la procédure d'enregistrement des nouveaux noms botaniques, devenant obligatoire à une date future, soient supprimées du Code, où elles avaient été introduites six ans auparavant par le Congrès de Tokyo – il s'agit là indéniablement d'un changement d'opinion surprenant entre deux congrès consécutifs.

Les autres éléments nouveaux pouvant être trouvés dans la présente édition du Code sont comparativement de moindre importance, puisqu'soit qu'ils aient un caractère non obligatoire, explicatif ou de recommandation ; soit parce qu'ils ne concernent pas tous les organismes végétaux mais seulement des groupes spécifiques tels que les fossiles, les algues ou les champignons ; soit parce qu'ils concernent la réorganisation et clarification de certaines règles précédemment peu claires ou contradictoires ; soit enfin parce qu'ils ne prennent effet qu'à partir d'une date dans le futur.

Trois nouvelles règles non rétroactives ont été introduites à St Louis, toutes concernant la typification. Le Comité Éditorial a le pouvoir de fixer la date à partir de laquelle de telles clauses prendront effet. Il a opté pour la date du changement de millénaire, le 1er janvier 2001. C'est là un délai plus court d'un an, en termes relatifs, que pour le même genre de dispositions prises lors des éditions précédentes ; la principale raison en est que le temps nécessaire à la publication du Code de St Louis (9 mois) a été sensiblement plus court que pour les éditions précédentes (1 à 3 ans). Deux règles non rétroactives concernent les conditions que les nouvelles désignations de types doivent remplir pour être effectives (Art. 7.11 : utilisation des termes « désigné ici », ou équivalents ; Art. 9.21 : utilisation du terme « lectotype » ou « néotype », ou de leur équivalent). La troisième (Art. 38.2, également mentionné dans l'Art. 9.13) ne s'applique qu'aux noms de nouveaux taxons de plantes fossiles et stipule, comme condition de publication valide, que l'une des illustrations associées soit explicitement mentionnée comme représentant le type.

Une date limite supplémentaire apparaît dans le Code de St Louis. À compter du 1er janvier 1908, les terminaisons de noms supragénériques sont acceptées comme définissant leur rang, en l'absence d'un terme explicite indiquant le rang (Art. 35.2). Les désormais familières terminaisons standards et spécifiques à chaque rang ont été introduites en 1905 lors du premier Congrès de Vienne, ce qui explique le choix de la date. La Section a eu à considérer de nombreuses autres propositions destinées à réformer la nomenclature supragénérique, la plupart d'entre-elles ayant été rejetées et déférées à un Comité Spécial approprié pour une étude ultérieure. Il a, cependant, accepté de clarifier, simplifier et restructurer les règles régissant les noms suprafamiliaux (Art. 16-17), sans changer leur sens.

L'article 33, concernant les combinaisons nouvelles, est une autre portion du Code que la Section a accepté d'améliorer. L'un des problèmes connus depuis longtemps est que les noms ayant manifestement l'intention d'être des combinaisons nouvelles mais dépourvues d'une référence explicite à leur basionyme putatif pouvaient parfois remplir les conditions d'une publication valide de noms de nouveaux taxons, avec les subséquentes pertes de priorité, modification du type, et autres effets collatéraux potentiellement négatifs. Ce problème a désormais été résolu avec le nouvel Art. 33.2. Une autre source de troubles était l'apparent conflit entre l'ancien Art. 33.3 (les erreurs de citation bibliographique sont permises) et 33.4 (la citation de la fausse source n'est pas autorisée), applicable aux publications de combinaisons d'après 1952. Ce conflit est désormais résolu : l'Art. 33.4 définit les erreurs de citation de manière restrictive, l'Art. 33.5 réaffirmant que la citation d'une mauvaise source n'est pas une erreur corrigeable, et l'Art. 33.6 fournissant quelques utiles exceptions à cette dernière règle.

L'Article 58 a été entièrement récrit et substantiellement raccourci, mais son sens (dans la mesure où il en a un) n'a pas été modifié en conséquence. – Suite à une intervention orale, la terminaison -glochin a été considérée comme féminine lorsqu'elle appartient à un nom générique composé, alors que – phykos devrait être traitée comme masculine bien qu'elle soit neutre en latin classique (Art. 66.2 (b-c)). – Une modification de l'Art. 21.1 a clarifié le statut des noms de subdivisions de genres dont l'épithète est un nom au génitif. Il est désormais explicite que les noms au génitif utilisés comme épithètes ne sont acceptables qu'au pluriel, et non au singulier. Cette disposition est pertinente principalement si l'on souhaite faire dériver l'épithète du nom d'une subdivision d'un genre du nom d'une espèce incluse, et qu'on ne peut pas adopter de manière inchangées des épithètes substantives au génitif singulier (tel que « Linnaei »), mais que l'on peut au contraire les transformer en adjectifs au pluriel (e.g., Linnaeani).

La nomenclature des plantes fossiles a subi de profonds changements a St Louis. Il n'est pas exagéré de dire que la solution de compromis acceptée, sur laquelle un groupe ad hoc de spécialistes travailla pendant que la Section se réunissait, a fourni pour la première fois une base formelle utilisable et solide pour la pratique passée et actuelle en nomenclature paléobotanique. Nomenclaturalement parlant, les fossiles botaniques sont désormais considérés comme appartenant en premier lieu à des morphotaxons : ce sont des taxons de rang défini qui ne comprennent que certaines parties de l'organisme, certaines phases du cycle de vie, ou certains états de préservation, mais pas l'organisme complet (Art. 1.2). La synonymie formelle et les applications du principe de priorité, sont limitées au cadre et aux limites des morphotaxons (Art. 11.7). La définition qualitative des catégories de morphotaxons n'est pas régie par le Code, elle est de la responsabilité du paléobotaniste pratiquant. De même, la reconnaissance et la dénomination de taxons fossiles « biologiques », au sens d'unités évolutives constituant des organismes complets, n'est pas prise en compte dans le Code, qui laisse toute latitude à ceux qui sont intéressés par ces concepts hypothétiques de base d'utiliser pour eux-mêmes les noms les plus adaptés à leurs besoins. À titre d'exemple : Sigillaria est, nomenclaturalement parlant, le nom d'un morphogenre comprenant certains fragments d'écorce, puisque le type ultime du nom de genre (le spécimen type de S. scutellata) est un tel fragment d'écorce ; ainsi, lorsqu'on se réfère aux forêts du Carbonifère dans lesquelles des arbres prédominant possédaient une l'écorce appartenant au morphogenre Sigillaria, il est possible et correct de parler de forêt à Sigillaria. Nomenclaturalement parlant, Sigillariaceae désigne un morphofamille de fragments d'écorce, mais peut être utilisé pour une famille évolutive hypothétique qui, entre autres, comprend les membres du genre de cônes Mazocarpon (voir Art. 11 Ex. 25).

Une synonymie stricte, et par suite la priorité, ne peut s'opérer qu'entre morphotaxons de la même sorte, ainsi les noms de fossiles botaniques ne peuvent pas logiquement entrer en compétition avec des noms basés sur un type non fossile. En conséquence, l'ancien Art. 11.7, qui stipulait que les noms de taxons n'appartenant pas à des fossiles ou à des algues avaient priorité sur les noms de fossiles, a été rétrogradé au statut de Note (Art. 11 Note 4). Par ailleurs, l'ancienne exception algale a été réduite aux seules diatomées (Bacillariophyceae), puisqu'il s'agit du seul groupe pour lequel un traitement différent est important et utile. Nomenclaturalement parlant, les algues fossiles autres que les diatomées sont désormais assimilées a des plantes fossiles et donc assignées à des morphotaxons, alors qu'aucune différence n'est faite entre les diatomées fossiles et non fossiles. Cette décision s'applique dans le contexte de la synonymie et de la priorité mais pas pour la validité de la publication, puisque dans ce dernier cas les diatomées fossiles, comme auparavant, sont considérées comme des fossiles et non pas comme des algues (voir Art. 36.2-3, 38-39). Les spécialistes doivent être informés de cette apparente anomalie du Code et des difficultés potentielles qu'elle pourrait causer, de manière à ce que, si nécessaire, une modification puisse être envisagée dans le futur.

Il a été procédé en outre à quelques changements mineurs en ce qui concerne les règles de typification applicables uniquement à la nomenclature des plantes fossiles. Elles concernent les Art. 38.2 (déjà mentionné) et 9.13.

La nomenclature des champignons n'a été affectée que de manière marginale par les décisions du congrès de St Louis. Quelques améliorations éditoriales des règles spéciales concernant les anamorphes de champignons doivent cependant être mentionnées (voir l'Art. 59.4 en particulier), ainsi qu'une nouvelle recommandation (59A.3) décourageant la création de noms d'anamorphes qui ne sont pas réellement nécessaires. L'ancienne « recommandation obligatoire » 60H a été promue au statut d'article (60.12) et a sa couverture a été étendue des « plantes hôtes » à tous les « organismes associés » à partir desquels un champignon est nommé. La Rec. 50E.2, concernant la manière dont le statut sanctionné d'un nom de champignon est indiqué dans sa citation d'auteur, a été rendue plus explicite et d'application plus générale. Finalement, l'ancien « exemple voté » selon lequel il était indiqué que les cultures préservées dans un état métaboliquement inactif sont utilisables comme types (Art. 8 Ex. 1) a, de manière plus appropriée, reçu une base légale explicite dans l'Art. 8.4, ou il est également indiqué que cette option vaut également pour les algues et les champignons.

Parmi les éléments non obligatoires (explicatifs ou de recommandation) ajoutés ou modifiés à St Louis, permettez-nous de signaler une modification de l'Art. 46.1, qui réduit la citation d'auteurs accompagnant les noms scientifiques du statut de condition nécessaire pour que la citation d'un nom soit « précise et complète » à celui de simple complément a n'utiliser que lorsqu'il est « souhaitable », en particulier dans les publications taxinomiques et nomenclaturales. Les auteurs et les éditeurs doivent être conscients de cette modification, puisque les anciennes règles éditoriales ont parfois conduit à l'addition non critique des citations d'auteurs dans les articles non taxinomiques, où elles ont peu d'intérêt. Un nouveau terme, « isonyme », a été introduit dans le Code (Art. 6 Note 1), pour désigner un même nom utilisé indépendamment par des auteurs différents à des périodes différentes – une notion sans véritable utilité nomenclaturale mais qui pourrait être occasionnellement utilisée à titre de simple argument.

Parmi les parties du Code qui sont virtuellement restées inchangées après St Louis, se trouvent les deux ayant fait l'objet du plus grand nombre de propositions d'amendement : l'orthographe et la dénomination des hybrides. Pour ce dernier point, le proposant a lui-même suggéré que l'introduction des changements proposés était prématurée, et qu'un « Comité inter-Code » spécial soit établi pour envisager la meilleure manière de coordonner les dispositions concernant les hybrides dans le Code botanique et dans le Code international de nomenclature des plantes cultivées (International code of nomenclature for cultivated plants). La Section a accepté volontiers ; mais en ce qui concerne l'orthographe, elle a non seulement refusé avec écœurement les amendements innombrables et parfois conflictuels qui ont été proposés, mais elle a également refusé d'établir un nouveau comité pour traiter les nombreux sujets encore non résolus.

Une série de propositions vaguement débattues avait pour objectif de promouvoir l'harmonie et la coordination entre les différents ensembles de règles gouvernant la nomenclature botanique, zoologique, bactérienne et virale. La Section a été seulement légèrement plus indulgente envers ces propositions qu'envers celles orthographiques. Un certain progrès a pu de la sorte être obtenu. Dans le domaine de la terminologie, les termes « synonyme homotypique », « synonyme heterotypique », et « nom de remplacement » ont été acceptés comme équivalents optionnels des précédents « synonyme nomenclatural », « synonyme taxinomique », et « substitut déclaré ». Les terminaisons – viridae, -virales, -virinae, et – virus ont été proscrites respectivement pour les noms de sous-classes, ordres, sous-tribu, et genre (Rec. 16A.3©, Art. 17.1, 19.3, et 20.1), de manière à éviter de futures homonymies possibles ou des confusions avec des noms de virus. Une nouvelle recommandation (54A) s'efforce de dissuader les auteurs nommant des taxons botaniques nouveaux d'utiliser des noms existant déjà en zoologie ou bactériologie. La Section a également encouragé les efforts pour l'harmonisation inter-Codes en approuvant l'établissement d'un comité spécial de liaison.

Le Code de St Louis a été préparé selon les procédures décrites dans la Div. III, qui ont fonctionné quasiment sans aucuns changements de puis le congrès de Paris en 1954. 215 propositions d'amendements individuellement numérotées ont été publiées dans Taxon entre février 1996 et novembre 1998. Leur synopsis, avec les commentaires des rapporteurs, sont apparues dans Taxon (48 : 68-128) en février 1999 et ont servi de base pour le vote postal libre et préliminaire des membres de l'International Association for Plant Taxonomy (ainsi que quelques autres personnes), comme spécifié dans la Division III du Code. Le décompte du vote postal a été établi par les soins de l'Enregistreur de la Section de Nomenclature, F. R. Barrie. Les résultats ont été rendus disponibles aux membres de la Section de Nomenclature au début de sa réunion ; ils ont également été présentés dans le fascicule de novembre 1999 de Taxon (48 : 777-782), avec les décisions prises par le Congrès.

La Section de Nomenclature s'est réunie au Missouri Botanical Garden, St Louis, Missouri, U.S.A., entre le 26 et le 30 juillet 1999. La Section de St Louis a obtenu plus d'audience qu'aucun autre Congrès à ce jour. Elle a compté 297 membres enregistrés portant 494 votes institutionnels en plus de leurs votes personnels. Les responsables de la Section, précédemment nommés en conformité avec la Division III du Code, étaient H. M. Burdet (Président), F. R. Barrie (Enregistreur), W. Greuter (Rapporteur général), et D. L. Hawksworth (Vice rapporteur). Chaque Section de Nomenclature est autorisée à définir ses propres règles de procédure dans les limites données par le Code, mais la tradition est restée sacrée. De même que dans les occasions précédentes, une majorité d'approbation de 60 % était nécessaire pour qu'une proposition de changement du Code soit adoptée. Les propositions rejetées à par 75 % ou plus lors du vote préliminaire ont été considérées comme refusées a moins d'être relancées par la salle. Les actes des sessions de nomenclature seront édités, à partir des enregistrements. Ils seront publiés plus tard cette année, dans la revue Englera. (ndt : W. Greuter, J. McNeill, D.L. Hawksworth & F.R. Barrie, 2000. Report on botanical nomenclature – Saint Louis 1999. Englera 20 : 1-253)

La Section de Nomenclature a également désigné le Comité Éditorial pour le Code de St Louis. Comme de coutume, seules les personnes présentes aux réunions de la Section ont été invitées à participer à ce Comité qui, comme prévu par le Code, est dirigé par le Rapporteur général précédent et inclut de manière logique le Vice rapporteur comme secrétaire et le nouveau Rapporteur, qui servira de vice président lors du prochain Congrès (Vienne). Le Comité Éditorial, au complet après l'élection, a réservé le 23 janvier 2000 au Botanischer Garten und Botanischen Museum Berlin-Dahlem, Berlin, Allemagne, pour une semaine complète de travail intensif. Le Comité a travaillé sur la base d'un brouillon du texte du corps principal du Code, préparé par le Président, afin d'y incorporer les changements décidés par la Section, texte qui avait été distribué par courrier électronique le 25 novembre 1999 ; et s'y ajoute une version préliminaire des actes des réunions de la Section, envoyée par courrier électronique le 25 novembre 1999 et le 1er janvier 2000 ainsi que transcrite à partir des enregistrements et révisée partiellement par F. R. Barrie, D. L. Hawksworth, et J. McNeill.

Chaque Comité Éditorial à la charge des questions qui lui ont été spécifiquement assignées, c'est-à-dire celles d'incorporer les changements acceptés par la Section, de clarifier la terminologie ambiguë, de s'assurer de l'homogénéité générale, et de fournir au besoin des exemples supplémentaires à inclure. Les termes du mandat du Comité, tels que définis par la Section à St Louis lors de la réunion qui l'a constitué, incluaient les traditionnels pouvoirs de modifier la terminologie, les exemples, ou encore la position des articles et des recommandations, dans la mesure où le sens n'en est pas affecté ; de même il devait maintenir la numérotation actuelle dans la mesure du possible.

L'ensemble du Comité Éditorial s'est concentré sur le corps principal du Code, incluant l'appendice I (hybrides) et les têtes de chapitres des appendices II-V. Un nouveau brouillon électronique de ces parties a été complété immédiatement après la réunion, celui-ci a été relu par l'ensemble des membres du Comité. Le contenu des appendices II-V a été révisé et mis à jour selon un processus bilatéral associant le président et un spécialiste de chacun des groupes concernés, en principe membre du Comité (V. Demoulin pour les champignons, D. H. Nicolson pour les plantes vasculaires, P. S. Silva pour les algues, J. E. Skog pour les plantes fossiles), à l'exception des bryophytes (G. Zijlstra, Utrecht, avec l'assistance de P. Isoviita, Helsinki). L'index des sujets et l'index des noms scientifiques attenant a été entièrement préparé par P. Trehane ; l'index remodelé des appendices a été compilé par W. Greuter, qui a également pris soin de l'édition, mettant en forme et produisant la version à imprimer.

Deux des appendices appellent des commentaires spéciaux. La Section, par une majorité infime, a indiqué sa préférence pour une séquence alphabétique des entrées de l'ensemble des noms de genres conservés, a l'intérieur de chaque groupe majeur. L'alphabétisation, pour les genres de spermatophytes, équivalait à abandonner l'ancienne classification numérique du vénérable mais obsolète système de Dalla Torre & Harms. À une époque électronique, cette opération, qui auparavant aurait pu être un cauchemar, est apparue relativement simple, de sorte que le Comité Éditorial a eu le plaisir de pouvoir répondre au souhait de la Section. Son plaisir a été moindre avec l'instruction mal inspirée de la Section (qui n'était pas seulement hélas un simple souhait) de réviser la liste des noms conservés de familles de spermatophytes, en abandonnant la date de départ de 1789 (introduite de manière informelle mais jamais régulièrement approuvée) des listes précédentes et en introduisant de nombreux autres changements dans les auteurs et les dates, changements faisant suite aux recherches bibliographiques de J. E. Reveal. Cette tâche, que F. R. Barrie et N. J. Turland ont eu conjointement et bien involontairement à remplir, est apparue très ardue et effectivement en partie impossible à achever, car la liste de suggestion de changements de Reveal est apparue moins fiable qu'il (et la Section) ne l'avait prévu. Barrie et Turland qui ont effectué la vérification de toutes les entrées à partir des sources originales, ont dû conclure que dans de nombreux cas, un changement n'était pas nécessaire, et que dans d'autres cas qu'il était plus judicieux d'attendre que les conclusions du Comité Spécial sur les noms supragénériques soient connues. Les notes explicatives suivantes, dues à Turland, illustreront les problèmes rencontrés et les solutions adoptées.

« Nous avons accepté uniquement les noms pour lesquels nous sommes sûrs qu'ils sont validement publiés au rang de famille. Nous avons des notes au sujet de tous les noms d'auteurs et références douteux ou évidemment faux de la liste de Reveal, et nous les rendrons accessibles au Comité Spécial [celui des noms supragénériques en particulier]. Nous avons supprimé les noms de Berchtold & J. Presl car ils ont probablement à être pris pour des noms d'ordre (‘rad'), avec certain d'entre eux subdivisés en familles (‘celed'). Selon [les botanistes tchèques et slovaques consultés] K. Marhold, J. Kirschner, et J. Stepanek, alors que ‘rad'signifie ordre, ‘celed'ne peut signifier que famille, tant aujourd'hui qu'en 1820. Sur les conseils de H. M. Burdet, nous considérons les noms de Durande (1782) comme n'étant pas validement publiés car ils ne sont pas acceptés par l'auteur, mais plutôt comme un simple compte rendu du système de Jussieu. Les noms de Batsch (1796) sont douteux : alors que certains semblent acceptables, de nombreux autres sont des groupes avec des noms descriptifs tels que Drupiferae, Pomiferae, Senticosae, Multisiliquae, Succulentae, Fimbriatae, etc. De plus, ‘Piperitae'(accepté par Reveal en tant que Piperaceae) paraît n'avoir rien à voir avec Piper mais est au contraire basé sur Arum. Il semble plus judicieux de laisser tous ces noms de coté. Divers autres noms individuels ont également été exclus. Nous préparons un article dans Taxon expliquant ce que nous avons fait. »

Heureusement, après la revue critique de Barrie et Turland, les seules entrées antérieures à Jussieu (pré-1789) qui doivent être acceptés, sont ceux d'Adanson (1763) qui au moins est un travail bien connu, de nombreux noms de famille étant impliqués. Nous persistons à décourager les utilisateurs d'introduire des changements de noms de famille qui apparaissent comme le résultat de l'acceptation de la nouvelle liste mais qui iraient à l'encontre de la précédente. La Section a promis que de tels changements seront évités par une action de conservation en conséquence, et bien que même les propositions adaptées n'aient pas encore été publiées, il est raisonnable de considérer qu'une telle action sera éventuellement prise. Ainsi par exemple, la famille incluant à la fois Vaccinium L. et Erica L. devrait plutôt rester connue sous le nom d'Ericaceae Juss. et non pas être renommée Vacciniaceae Adans. (un exemple qui, incidemment, n'est pas parmi ceux qui ont été mentionnés avant la Section).

Le moment est propice pour nous de remercier tous ceux qui ont contribué à la publication de ce nouveau Code : nos collègues membres du Comité Éditorial pour leur patience, aide et sympathie ; toutes les personnes, déjà nommées, qui ont contribué d'une manière spéciale et bien au-delà de leur engagement à des tâches éditoriales particulières ; les botanistes au sens large qui ont offert spontanément leur avis et suggestions, y compris de nouveaux exemples ; Mme R. Ziegler pour avoir rapidement tapé le manuscrit brut des enregistrements sur cassette des sessions de nomenclature ; l'International Association for Plant Taxonomy et son nouveau secrétaire, Tod Stuessy, pour avoir respecté les engagements traditionnels de l'IAPT pour la nomenclature des plantes en finançant la réunion du Comité Éditorial à Berlin ; et l'éditeur, Sven Koeltz, pour son aide et la rapidité avec laquelle il a une nouvelle fois fait passer le Code à l'impression. Dans la mesure où notre mandat nomenclatural tire à sa fin, c'est également le bon moment et le meilleur endroit pour un épilogue général si ce n'est personnel.

La nomenclature biologique est le moyen de canaliser les résultats de la recherche systématique vers une utilisation plus générale. Ce n'est pas uniquement l'affaire des taxinomistes mais cela concerne tous ceux qui souhaitent communiquer sur les organismes. Les Sections de Nomenclature au cours des Congrès précédents ont été de plus en plus conscientes de ce fait et des besoins en conséquence pour rendre la nomenclature des organismes et des règles la gouvernant au service des besoins du monde au sens large. Durant cette période pendant laquelle nous avons été associés au développement du Code, des changements majeurs ont été mis en œuvre afin de promouvoir la stabilité des noms et leur application, tels que la conservation des noms d'espèces, la procédure de rejet des noms dans n'importe quel rang, l'introduction du concept d'épitype, ainsi que l'acceptation des cultures métaboliquement inactives comme types. Le Code de Tokyo, également connu sous le nom de « Code pourpre », présageait de la nouvelle et audacieuse idée moderne d'enregistrement obligatoire des futurs noms ainsi que du concept de listes stabilisées de noms en usage courant.

La Section a St Louis n'a pas éprouvé le besoin de poursuivre sur cette voie, prenant même la direction opposée à celle mise en place à Yokohama six ans plus tôt. Assurément, la vitesse de développement du Code a été trop rapide pour qu'un noyau dur de pratiquants de la nomenclature puisse suivre. La Section, dans une réaction parfaitement logique a ainsi rejeté la mise en place d'un système testé et fonctionnel pour l'enregistrement des nouveaux noms proposés, refusé de discuter sur le principe de protection des noms en usage courant, et s'est opposée à la majorité des suggestions visant à un système harmonisé de la terminologie en nomenclature biologique. C'est une réaction compréhensible et non une cause d'inquiétude en soi. Si l'on regarde de manière dépassionnée les hauts et les bas de l'histoire mondiale et de la nomenclature biologique, on peut assurément certifier que, après une trêve, les propositions désormais rejetées, ou d'autres similaires, seront acceptées lors de quelque futur congrès.

Nous avons, cependant, été attristés par le contexte dans lequel ces décisions ont été prises. La passion dans les discussions nomenclaturales est une très bonne chose (ce qui peut être surprenant pour un sujet aussi austère) et possède une solide réputation de persistance, mais pas de haine. La frénésie jacobine avec laquelle la Section a poussé à l'éradication de toutes les traces de l'enregistrement figurant au Code de Tokyo est nous le croyons sans précédent. Le refus d'écouter les autres, de laisser exposer et expliciter les arguments contradictoires, nous a profondément inquiétés. Avec une aussi large et nouvelle audience, la nomenclature avait une chance unique de se prouver elle-même qu'elle était une discipline rationnelle. Sur ce point elle a échoué.

Peut-être, alors, la faute est-elle la nôtre, nous qui aurions dû guider et conseiller la Section dans ses débats. Acceptant cet échec, nous avons décidé de ne pas demander une nouvelle nomination dans nos fonctions nomenclaturales. S'il en est un, John McNeill, le nouveau rapporteur, a les compétences et l'instinct nécessaires pour emmener la nomenclature dans le nouveau millénaire. Pour cela, nous lui souhaitons un plein succès.

À vous, utilisateur, nous confions désormais le Code de St Louis ; le « Code noir », comme vous pourriez l'appeler si vous considérez que la couleur de couverture possède un sens. Et peut-être en a t elle un, symbolisant le rayon argenté de l'espoir opposé au sombre arrière-plan de la réaction (plutôt que le deuil).

Berlin et Londres
31 mars 2000

Werner Greuter
David L. Hawksworth


NDT : le Code a été publié le 7 juin 2000.