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pour le choix, la création, la modification et les modalités d’écriture des noms français… Tout en gardant en mémoire que la nomenclature des plantes reste bien vivante et que le bon sens commande parfois de déroger aux règles!
L’idée n’est pas d’imposer des noms et de bannir les autres. À nos yeux, tous les noms sont bons, utiles pour communiquer, et c’est pourquoi nous présentons, pour chaque plante, la liste la plus exhaustive possible des noms français et anglais utilisés en Amérique du Nord. Libre à chacun d’en adopter un, plutôt qu’un autre! Par contre nous trouvons avantageux d’utiliser un seul nom pour parler d’une plante dans nos livres et de proposer ce nom, comme commun dénominateur facilitant la communication.
Après 28 années expérimentales…
Écrivant sa Flore laurentienne, Marie-Victorin eut à proposer un nom français pour plus de 1500 plantes, dans un seul souffle. Il adopta parfois les noms français proposés par ses prédécesseurs (Provancher 1862, Brunet 1865, 1870, Moyen 1885) ou les remplaça par d’autres de son cru et en créa plusieurs centaines. Souvent, dans ses créations, il se contenta de traduire le nom latin et d’inventer ainsi des mots français, bien difficiles à trouver dans les dictionnaires généraux! Cela donna plusieurs noms rébarbatifs, techniques, que le grand public retient peu. Un témoin de l’époque, Ernest Rouleau, proche collaborateur de Marie-Victorin, affirmait que le choix des noms se faisait très rapidement, à cause de la somme de travail que demandait la préparation de la Flore, et qu’il vaudrait la peine d’en repenser plusieurs.
Jusqu’à maintenant, Fleurbec s’est le plus souvent «collé» au grand maître. Mais durant nos 28 années d’expérience en vulgarisation de la botanique, nous eûmes l’occasion de recevoir et de peser à peu près tous les genres de conseils et avis sur les noms français. Fleurbec acquit aussi une expérience précieuse en proposant des noms français pour 235 plantes susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables — dont une bonne proportion ne possédait pas de noms français du tout. Le temps nous semble venu, à la lumière de cette expérience et des avis reçus, de prendre position. Nous avons donc revu les noms adoptés pour les espèces décrites dans nos guides (près de 500 espèces) et, au fur et à mesure des rééditions, nous incorporerons ces noms révisés.
La première règle tient compte des besoins et commentaires des scientifiques et la deuxième, du grand public. Cette deuxième règle devient la principale innovation concernant les noms français dans Flore printanière. Cela donne, par exemple: aralie chassepareille, asaret gingembre, cardamine carcajou, érable bois-barré.
Ces deux règles laissent encore passablement de latitude et la décision est souvent subjective. Décider quand un nom populaire est suffisamment répandu pour être ainsi intégré est arbitraire et affaire d’intuition. Si, en parlant d’une plante avec un non-professionnel de la botanique, on ajoute le nom populaire au nom plus scientifique (exemple: en parlant du thuya, spécifier qu’il s’agit du cèdre), c’est signe d’un nom répandu… utiliser ce nom peut faciliter la communication.
Le choix du nom français est affaire de vulgarisation scientifique et c’est au public non averti qu’il faut d’abord penser. Les botanistes professionnels utilisent presque toujours le nom latin d’un plante. Mais ils ont des opinions sur les noms français, ça oui! Et souvent, chacun la leur, pour un groupe de plantes ou l’autre. Faire un consensus sur ce sujet pour l’ensemble de la flore d’ici, serait l’oeuvre d’une vie…
Tenter de léguer un système de noms français qui se tienne scientifiquement, des noms agréables, originaux, non rébarbatifs, qui intègrent des noms populaires, voilà un objectif emballant. Fleurbec ne se sent pas lié par les noms français adoptés par Marie-Victorin, qui lui-même ne s’est pas senti lié par les noms français de Provancher ou de Moyen. D’un siècle à l’autre, tenter d’améliorer les choses, n’est-ce pas légitime?
Pour les mordus de nomenclature, voici plus en détail les règles qui guident Fleurbec dans ces questions.
S’efforcer d’harmoniser les noms québécois et européens pour éviter les risques de confusion. La référence la plus utilisée: Gerth van Wijk, qui signale lesquels sont les plus répandus en Europe.
Nom générique latin qui a deux ou plusieurs noms français très connus et incontournables: Prunus = prunier et cerisier, Ribes = gadellier et groseiller.
Les termes multiples constituant soit un nom générique soit une épithète spécifique nécessitent l’emploi d’un trait d’union:
Par exemple, dans lobélie de kalm, ou Lobelia kalmii, «lobélie» est un nom générique et «de kalm», une épithète spécifique. Nom générique et épithète spécifique sont des termes utilisés par le Code international de la nomenclature botanique (Greuter et alii, 1995), une convention qui règle l’écriture et l’utilisation des noms latins pour désigner les plantes.
Flore printanière — Noms français des plantes (pages 16 à 21) — Par Gisèle Lamoureux
Depuis 1975, au fur et à mesure de sa recherche de noms français à privilégier dans ses ouvrages, Fleurbec s’est donné des règlespour le choix, la création, la modification et les modalités d’écriture des noms français… Tout en gardant en mémoire que la nomenclature des plantes reste bien vivante et que le bon sens commande parfois de déroger aux règles!
L’idée n’est pas d’imposer des noms et de bannir les autres. À nos yeux, tous les noms sont bons, utiles pour communiquer, et c’est pourquoi nous présentons, pour chaque plante, la liste la plus exhaustive possible des noms français et anglais utilisés en Amérique du Nord. Libre à chacun d’en adopter un, plutôt qu’un autre! Par contre nous trouvons avantageux d’utiliser un seul nom pour parler d’une plante dans nos livres et de proposer ce nom, comme commun dénominateur facilitant la communication.
Après 28 années expérimentales…
Écrivant sa Flore laurentienne, Marie-Victorin eut à proposer un nom français pour plus de 1500 plantes, dans un seul souffle. Il adopta parfois les noms français proposés par ses prédécesseurs (Provancher 1862, Brunet 1865, 1870, Moyen 1885) ou les remplaça par d’autres de son cru et en créa plusieurs centaines. Souvent, dans ses créations, il se contenta de traduire le nom latin et d’inventer ainsi des mots français, bien difficiles à trouver dans les dictionnaires généraux! Cela donna plusieurs noms rébarbatifs, techniques, que le grand public retient peu. Un témoin de l’époque, Ernest Rouleau, proche collaborateur de Marie-Victorin, affirmait que le choix des noms se faisait très rapidement, à cause de la somme de travail que demandait la préparation de la Flore, et qu’il vaudrait la peine d’en repenser plusieurs.
Jusqu’à maintenant, Fleurbec s’est le plus souvent «collé» au grand maître. Mais durant nos 28 années d’expérience en vulgarisation de la botanique, nous eûmes l’occasion de recevoir et de peser à peu près tous les genres de conseils et avis sur les noms français. Fleurbec acquit aussi une expérience précieuse en proposant des noms français pour 235 plantes susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables — dont une bonne proportion ne possédait pas de noms français du tout. Le temps nous semble venu, à la lumière de cette expérience et des avis reçus, de prendre position. Nous avons donc revu les noms adoptés pour les espèces décrites dans nos guides (près de 500 espèces) et, au fur et à mesure des rééditions, nous incorporerons ces noms révisés.
Deux petites règles de base
Flore printanière constitue la première de ces rééditions et de nouveaux noms français s’y trouvent. Les deux principales règles qui nous guidèrent sont les suivantes:- 1- Pour le genre: conserver un seul nom de genre français par genre latin, sauf pour de très rares exceptions.
- 2- Pour l’épithète spécifique: adopter des noms populaires très répandus (quatre-temps, petit-prêcheur, chou-puant, etc.) et éviter les termes techniques ou ne figurant pas au dictionnaire.
La première règle tient compte des besoins et commentaires des scientifiques et la deuxième, du grand public. Cette deuxième règle devient la principale innovation concernant les noms français dans Flore printanière. Cela donne, par exemple: aralie chassepareille, asaret gingembre, cardamine carcajou, érable bois-barré.
Ces deux règles laissent encore passablement de latitude et la décision est souvent subjective. Décider quand un nom populaire est suffisamment répandu pour être ainsi intégré est arbitraire et affaire d’intuition. Si, en parlant d’une plante avec un non-professionnel de la botanique, on ajoute le nom populaire au nom plus scientifique (exemple: en parlant du thuya, spécifier qu’il s’agit du cèdre), c’est signe d’un nom répandu… utiliser ce nom peut faciliter la communication.
Le choix du nom français est affaire de vulgarisation scientifique et c’est au public non averti qu’il faut d’abord penser. Les botanistes professionnels utilisent presque toujours le nom latin d’un plante. Mais ils ont des opinions sur les noms français, ça oui! Et souvent, chacun la leur, pour un groupe de plantes ou l’autre. Faire un consensus sur ce sujet pour l’ensemble de la flore d’ici, serait l’oeuvre d’une vie…
Tenter de léguer un système de noms français qui se tienne scientifiquement, des noms agréables, originaux, non rébarbatifs, qui intègrent des noms populaires, voilà un objectif emballant. Fleurbec ne se sent pas lié par les noms français adoptés par Marie-Victorin, qui lui-même ne s’est pas senti lié par les noms français de Provancher ou de Moyen. D’un siècle à l’autre, tenter d’améliorer les choses, n’est-ce pas légitime?
Pour les mordus de nomenclature, voici plus en détail les règles qui guident Fleurbec dans ces questions.
Règles guidant Fleurbec dans le choix, la création, la modification et l’écriture des noms français de plantes
Priorité
S’il existe plusieurs noms satisfaisants, adopter celui proposé par Alex, Cayouette et Mulligan — à cause de l’effort de normalisation consenti par ces auteurs — ou celui proposé par Marie-Victorin, dans la Flore laurentienne — à cause de la popularité de cet ouvrage au Canada.S’efforcer d’harmoniser les noms québécois et européens pour éviter les risques de confusion. La référence la plus utilisée: Gerth van Wijk, qui signale lesquels sont les plus répandus en Europe.
Changement de nom latin
Lorsque le nom latin subit des modifications, le nom français devrait les refléter, s’il est calqué sur le nom latin. Sinon, le nom français peut être conservé, s’il est toujours pertinent et n’entraîne pas de confusion avec d’autres noms latins.A : Noms génériques
- 1- Adopter un seul nom générique français par genre latin, afin de faire le lien entre les espèces d’un même genre. Désavantage: cela laisse de côté des noms populaires très connus et souvent imagés: «quatre-temps» pour «cornouiller». Pour contrer ce désavantage, intégrer ces noms populaires comme épithètes spécifiques, tel cornouiller quatre-temps.
Nom générique latin qui a deux ou plusieurs noms français très connus et incontournables: Prunus = prunier et cerisier, Ribes = gadellier et groseiller.
- 2- S’il n’est pas trop rébarbatif, le nom générique ressemblera au nom latin. Ceci en facilite la mémorisation par les botanistes qui connaissent déjà le nom latin et familiarise les non-botanistes avec les noms latins.
- • Nom générique vernaculaire très connu: Erigeron = vergerette et non érigeron, même si ce nom existe, et pareillement Solidago = verge-d’or, non solidage.
- • Création d’un nom attrayant (imagé ou décrivant bien le genre), en l’absence de nom français répandu: lézardelle, pour Saururus.
- 3- Éviter les noms qui portent à confusion parce qu’ils désignent plusieurs genres, parfois sur des continents différents.
- • Nom générique ne s’appliquant qu’occasionnellement à une espèce d’un autre genre. La répartition mondiale des deux genres en cause entre aussi en considération.
- 4- Adopter un nom générique français, ou, du moins, à consonance française. L’utilisation d’un nom latin tel quel n’est pas souhaitable. Un changement de la terminaison du nom est préférable: «adiante» au lieu d’«adiantum» et «échinochloé» au lieu d’«échinochloa».
- 5- Par souci de normalisation et pour faciliter l’indexation, éviter systématiquement l’emploi d’inversions, où l’épithète précède le nom générique: cardamine géante plutôt que grande cardamine.
B : Épithètes spécifiques ou de rangs inférieurs
- 1- Donner priorité aux épithètes descriptives, faisant référence à la morphologie, à l’habitat ou à la répartition spécifique, et aux épithètes provenant d’un nom populaire très répandu.
- 2- Adopter un mot proche de l’épithète spécifique latine, à la fois quant à la consonance et quant au sens.
- • Termes techniques, ou ne faisant pas partie du vocabulaire courant ou ne figurant pas aux dictionnaires généraux communs: amplexicaule, latériflore, cordifolié.
- • Plante mal nommée en latin: Asclepias syriaca ne pousse pas en Syrie.
- • Épithète latine non spécifique, c’est-à -dire pouvant s’appliquer à plusieurs espèces du même genre et ne servant pas vraiment à distinguer l’espèce, tel Viola renifolia, alors que plusieurs espèces de violette ont des feuilles en forme de rein.
- • Épithètes spécifiques françaises consacrées par l’usage, si elles ne prêtent pas à confusion: «ail des bois» de préférence à «ail trilobé» pour Allium tricoccum.
- 3- Favoriser les épithètes formées d’un mot plutôt que de plusieurs mots: cardamine géante de préférence à cardamine très-grande.
- • Noms d’habitats, de lieux ou de personnes pour lesquels il existe déjà un usage général bien établi: «des champs» et non «champêtre», «d’amérique» et non «américain», «de selkirk» et non «selkirkéen».
- • Expressions imagées ou consacrées: tussilage pas-d’âne (voir règle sur le trait d’union).
- • Remplacement d’un terme technique ou ne figurant pas dans le vocabulaire courant: «à fleurs latérales», de préférence à «latériflore». Si possible, réduire l’épithète ainsi formée (surtout lorsqu’elle commence par «à »), afin qu’elle ressemble plus à un nom qu’à une description: «tiarelle feuille-en-cœur» au lieu de «tiarelle à feuille en cœur» ou de «tiarelle cordifoliée»; dans ce cas-ci, utiliser uniformément le singulier.
- 4- Lorsqu’une épithète latine fait référence au nom d’un autre genre, utiliser le nom français du genre, en le précédant de «faux-» ou de «fausse-»: Populus tremuloides = peuplier faux-tremble. Accorder «faux» avec le nom de genre qui figure dans l’épithète spécifique.
C : Trait dÂ’union
Si le nom générique ou l’épithète spécifique compte plusieurs mots, adopter la règle suivante (adaptée de Alex, Cayouette & Mulligan, 1980):Les termes multiples constituant soit un nom générique soit une épithète spécifique nécessitent l’emploi d’un trait d’union:
- 1- Si le nom ou l’épithète ne sont pas exacts d’un point de vue taxinomique, tel «trèfle-d’odeur» désignant un mélilot (Melilotus) et non un véritable trèfle (Trifolium).
- 2- Si le nom ou l’épithète se réfèrent à un grand groupe végétal, comme «fougère» ou «herbe», telles fougère-aigle commune, chélidoine herbe-aux-verrues.
- 3- Si le nom constitue une expression consacrée ou imagée, tels cornouiller quatre-temps, épigée fleur-de-mai.
- 4- Si le nom fait référence à une autre espèce ou à un autre genre, tel peuplier faux-tremble.
ENCADRÉ
Nom générique et épithète spécifique
À l’intention des personnes moins familières avec la nomenclature biologique, rappelons que le nom d’espèce, plante ou animal, se compose de deux éléments. Le premier, le nom générique, désigne le genre auquel se rattache l’espèce. Le second, l’épithète spécifique, est l’élément du nom qui est particulier à l’espèce. C’est la nomenclature binaire: nom d’espèce = nom générique + épithète spécifique.Par exemple, dans lobélie de kalm, ou Lobelia kalmii, «lobélie» est un nom générique et «de kalm», une épithète spécifique. Nom générique et épithète spécifique sont des termes utilisés par le Code international de la nomenclature botanique (Greuter et alii, 1995), une convention qui règle l’écriture et l’utilisation des noms latins pour désigner les plantes.