Platanes

Synthèse effectuée à partir des échanges sur le site Tela-Botanica du 8 au 15 septembre 2000 (26 messages), avec un prolongement du 25/2 au 6/3 2001 (7 messages).

Ces messages sont accessibles par les archives de la liste :
1° échange : Nos 2100, 2102, 2105, 2106, 2113, 2120, 2121, 2123, 2127, 2129, 2135, 2138, 2140, 2143, 2150, 2154, 2160, 2164, 2167, 2185, 2188, 2203, 2204, 2205, 2213, 2232.
2° échange : Nos 4387, 4395, 4397, 4401, 4411, 4413, 4478.
+ autres messages apportant une info sur les Platanes : 3064 et éventuellement 3187.

Première question posée par Jean-Pierre Jacob :
« Bonjour, Je cherche le nom du (ou des) Platane subspontané poussant au bord des rivières du bassin de la Garonne . Merci. »

Deuxième question posée par Raphaël Zumbiehl :
« Bonjour, cherche renseignement sur Platanus orientalis en France, date d'introduction et répartition (d'après Lieutaghi 100 av jc dans le sud). D'autre part sur P. occidentalis, P. acerifolia, P. hispanica, ne sont retenus que deux taxons, un hybride et un américain, diversement suivant les auteurs, un mic-mac. qui dit vrai ? »


Synthèse des réponses :

Trois espèces distinctes sont mentionnées par Kerguelen :
Platanus hispanica Mill ex Munch [1770 Hausvaller 5:229]
Platanus acerifolia (Aiton) Willd. [1805 Sp. Pl. 4(1) : 474]
Platanus orientalis L. [1753 Sp. Pl. : 999]

Actuellement, on reconnaît la validité des espèces P. orientalis et P. occidentalis, ainsi que de P. acerifolia, considéré comme l'hybride entre les deux précédents, mais il existe aussi d'autres espèces : P. densicoma, P. cuneata, etc. [Autres espèces où, comment, pourquoi ? Quelles références ? - ceci est un commentaire - Elisabeth Ddodinet – 2003-04-12 ]

Cependant, les échanges ont clairement montré diverses confusions :
- P. acerifolia et P. hispanica sont confus si l'on ne cite pas sa source qui n'est pas toujours explicite (la confusion des synonymes s'est ajoutée à la confusion d'origine)
- comment peut-on séparer P. acerifolia de P. hispanica ? Tout au plus, peut-il y avoir deux formules hybrides selon que les parents sont OCCIDENT. mâle x ORIENT. femelle ou OCCIDENT. mâle x ORIENT. femelle. [Quelle est la différence ? Cela me paraît du pareil au même la formule d’hybridation est exactement identique. - ceci est un commentaire - Elisabeth Ddodinet – 2003-04-12 ]
  • que désigne vraiment P. densicoma (les autres espèces nord américaines viendraient du sud-ouest du continent) ?
- comment la fertilité et le caractère subspontané peuvent-ils être un argument de non hybridation ?
- existe-t-il une différence statistique entre les platanes du nord et du sud de la France ?


Platanus hispanica Mill ex Munch
Synonymes taxinomiques :
Platanus densicoma Dode
Platanus auct. var. densicoma (Dode) Chateau & Chassig
Platanus orientalis L. subsp. occidentalis auct.
Platanus occidentalis sensu Willk. non L.
Hypothèse nommenclature
1) un hybride
2 ) un platane américain (occidentalis, occidentalis var densicoma,
densicoma ?)
3) une origine horticole (= acerifolia !?))

Dans la clé de Rivals, il suffit de remplacer P. densicoma Dode (1907) par P.
hispanica
Miller ex Muenchhausen(1770) pour retrouver les 3 espèces de la base Kerguelen.
Origine et répartition :
Dans le supplément à la flore de Coste signalé par Patrick [nom de famille ?- ceci est un commentaire - Elisabeth Ddodinet – 2003-04-12 ], il est dit que Platanus densicoma (=P. hispanica) est originaire du sud-est des États-Unis, et qu'en France il est répandu surtout au nord de la Loire, alors que P. acerifolia (qu'il soit hybride ou non) l'est essentiellement dans la moitié sud.


Platanus orientalis L.
Synonymes nomenclaturaux :
Platanus palmata Moench (mentionné par Kerguelen)
Platanus umbrosa Salisb.(mentionné par Kerguelen)
Platanus vulgaris Spach (mentionné par Kerguelen)
Synonymes taxinomiques :
Platanus cretica Dode (mentionné par Kerguelen)
Platanus orientalor Dode (mentionné par Kerguelen)
Origine : Europe sud orientale- Asie centrale
Milieu : ripisylves du sud-est de l'Europe
Introduction :
Il n'est pas possible de donner les dates exactes d'introduction du Platane d'Orient. Il aurait été introduit en Italie par les Romains vers 300-360 avant J-C. de là, il se serait répandu en France (-100 av JC dans le sud de la France, d'après Lieutaghi) et dans d'autres pays, notamment en Angleterre (où il est noté entre 1548 et 1560 par F. Bacon). L'introduction au Jardin des Plantes de Paris par Buffon date de 1785.

Platanus acerifolia (Aiton) Willd.
Synonymes nomenclaturaux :
Platanus orientalis L. var. acerifolia Aiton (mentionné par Kerguelen, Rivals (Coste suppl.7))
Platanus hybrida Brot. (Flore forestière française, Rameau et coll, IDF, Flora Helvetica))
Platanus x hispanica Muench (Flore de la Suisse)
Synonymes taxinomiques :
Platanus acerifolia (Aiton) Willd. Var. minor Ten. (mentionné par Kerguelen)

Hypothèse nomenclature :
D'après Tutin et Edmondson, in Flora Europaea 2, 2° édition (1993), Platanus acerifolia, communément planté en Europe et parfois subspontané, est d'origine incertaine.
Trois hypothèses:
1) un hybride entre orientalis et occidentalis, apparu dans le sud-ouest de l'Europe au XVII° siècle
2) un cultivar de P. orientalis. (il est fertile)
3) une espèce à part entière (Rivals) (dérivée de P. orientalis? sinon l’origine constitue un point d’interrogation)
Pour Rivals (1911-1979), P. acerifolia est une bonne espèce et non un hybride .Il rejette la dénomination Platanus x hispanica Mill. ex Munchh, cv acerifolia. donnée à P. acerifolia. Il est suivi en ce sens par par Jovet et Kerguelen (1990).
Répartition :
P. acerifolia (qu'il soit hybride ou non) est distribué dans la moitié sud de la France (Flore de Coste)

Platanus occidentalis L.:
origine : Amérique du nord occidentale
Introduction : Angleterre 1636 (Tradescent)


Description des espèces
Si il existe une différence entre P. acerifolia et P. Hispanica, ce serait d'après Flore sup Coste
P. hispanica: Lobe médiant de longueur<largeur. Cap. souvent solitaire
P. acerifolia: Lobe médiant de longueur => largeur. Cap. souvent par deux

En se référant également à la flore de Fournier, on a un passage de P. Orientalis à P. Occidentalis comme suit:
P.orientalis, P.acerifolia, P.hispanica, (P densicoma), P.Occidentalis avec
- diminution du nombre de lobes 7-3
- diminution de la longueur du lobe médian par rapport à sa largeur
- diminution du nombre de capitules 4-1 (mais ça ne prouve pas l'hybridation)

Pour les différences :
1- Feuilles à 5-7 lobes atteignant la 1/2 avec sinus profonds peu ouverts et lobe médian de longueur >>largeur. capitules le plus souvent par 4.
  • --> ORIENTALIS
1- Feuilles à 3-5 lobes n'atteignant pas la 1/2.
2- Lobe médian de longueur<largeur. sinus peu profonds très ouverts. Capitule le plus svt solitaire.
  • --> HISPANICA
2- Lobe médian = ou très légèrement >largeur. Capitules le plus souvent par 2.
  • --> ACERIFOLIA

Où trouver des platanes remarquables ?
Dans le parc du Château de Canon où l’on trouve des platanes qui auraient été plantés vers 1780 et sont supposés être P. Orientalis (les archives ont été bien conservées).

Culture
Il semble y avoir unanimité sur un point : la plupart des platanes plantés (issus de boutures, pour le plus grand nombre) peuvent s'appeler P. acerifolia(Aiton)Willd.
Pour la multiplication, "il faut semer les graines de P . x acerifolia (sic..) en grande quantité, car le taux de germination est inférieur à 1 %. Les plants obtenus portent des feuilles aux formes variables et présentent des différences de robustesse". [D’où vient la citation ? ceci est un commentaire - Elisabeth Ddodinet – 2003-04-12 ]

L'INRA de Montfavet possède parfaitement la technique : il s'agit de croisements entre P. acerifolia et P. occidentalis en général ; les jeunes plants sont ensuite testés pour leur résistance au chancre coloré (Ceratocystis fimbriata f. sp. platani) par inoculation artificielle.

Références bibliographiques
Supplément n°7 de Coste
Rivals -1979 - Sur la croissance, la morphologie, la sexualité, l'identification des Platanes eurasiatiques. Travaux du laboratoire forestier de Toulouse, 3(2):1-70).


En conclusion :

Il semble donc que :
1- on reconnaisse la validité des espèces P. orientalis et P. occidentalis,
2- on reconnaisse le fait qu’il n'y a pas de platane spontané ni en France, ni en Espagne !
3- on reconnaisse qu’il n'y a qu’un hybride fixé entre les 2 espèces précédentes orientalis et occidentalis.
Pour ce dernier, les Anglais utilisent le plus souvent P. acerifolia ou même P.x acerifolia, les Espagnols et les Belges P. hispanica, ce dernier nom étant le plus ancien.
Cet « hybride » a été introduit en 1785 en France et a été multiplié après bouturage, puis des semis naturel sont apparus au cours des années. Les semis réussissent mieux près des rivières, mais les germinations se produisent parfois dans des endroits incongrus (ex. de dizaines de plantules dans un caniveau dans une rue de Lyon !).
La variabilité de la forme des feuilles (d'une part entre des individus, d'autre part selon le stade de développement d'un même individu!) et des inflorescences est la caractéristique de « cette bestiole », ce qui explique les descriptions nombreuses pour des conflits d'espèces. Comme le conclut un des intervenants : « Il y aurait un joli travail avec les marqueurs génétiques à faire sur ce bazar... »